Toshiba tombe de Charybde en Scylla. Le conglomérat industriel japonais a annulé la publication ce mardi de ses résultats financiers, faute de les avoir bouclés à temps. "Nous n'avons pas terminé les procédures d'audit avec le cabinet de commissaires aux comptes indépendants", a expliqué Toshiba dans un communiqué, faisant référence aux dépréciations d'actifs relatives à sa filiale américaine Westinghouse et à diverses difficultés pour établir des documents complets. Résultat, le titre est descendu à 226,2 yens (1,88 euros) à la Bourse de Tokyo, soit un recul de 9,45%.
Perte de 3,2 milliards d'euros entre avril et décembre
Le groupe indique que des avocats mandatés sont en train de vérifier l'éventualité d'irrégularités de la part de dirigeants de Westinghouse lors du rachat de l'entreprise CB&I. Ce développement découle du "signalement en interne" de pressions exercées durant cette transaction qui est à l'origine des malheurs actuels de Toshiba.
Le groupe a plongé ses actionnaires dans l'expectative depuis des semaines en annonçant soudainement devoir passer dans ses comptes des dépréciations d'actifs en raison des mauvais calculs de sa filiale américaine Westinghouse lors du rachat de CB&I. Mardi, Toshiba a fait part d'estimations selon lesquelles cette dévalorisation, liée à des coûts inattendus dans des projets de construction de centrales nucléaires, pourraient avoisiner 5,8 milliards d'euros. Le groupe a également annoncé réduire la voilure dans ses activitées nucléaires. Toshiba a également confirmé, dans un retournement de situation inexpliqué, s'attendre à une perte nette de 4390 milliards de yens (3,2 milliards d'euros) pour les neuf mois d'avril à décembre derniers.
L'après-Fukushima mal négocié
Le groupe avait déjà été secoué en 2015 par la révélation d'importantes manipulations comptables sur plusieurs années, un scandale qui l'avait forcé à changer de dirigeants et à passer au crible ses méthodes, puis à faire du tri dans ses activités.
Mais la vigilance n'est manifestement pas allée jusqu'à passer au peigne fin les risques liés aux opérations conduites par Westinghouse aux Etats-Unis où l'entreprise s'est rendue compte trop tard qu'en rachetant CB&I, une firme impliquée dans la construction de centrales nucléaires, elle avait ouvert sous ses pieds un gouffre financier.
Depuis l'accident de Fukushima, les pré-requis dans ces installations ont été grandement revus et les coûts de construction ont flambé, ce que Westinghouse avait mal évalué en mettant fin 2015 la main sur CB&I.
(Avec AFP)
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