Éric Franceschini et Alexia Henry : "nous déconseillons d'investir pour l'économie d'impôt"

Deux experts vous donnent leur conseil en matière de produits financiers afin de réduire vos impôts.

- En matière de défiscalisation, l'investissement en immobilier neuf - Robien, Borloo - est souvent le premier proposé. À quel profil d'investisseur est-il le mieux adapté ?

E. F. - Plus qu'un profil d'investisseur, il s'agit d'un profil de patrimoine : on le recommandera notamment à quelqu'un qui posséderait des valeurs mobilières, sans immobilier. En gestion de fortune cependant, ce type d'opération est rare, car le levier fiscal est faible : il n'est possible de déduire des revenus que 10.700 euros par an. C'est intéressant pour de nombreux foyers, mais les clients en gestion de fortune seront plutôt aiguillés vers du Malraux ou du LMP, dont le pouvoir défiscalisant est bien plus élevé.

A. H. - Depuis que les règles du Robien ont évolué, et que l'on peut louer à quelqu'un de sa famille, on voit cependant certains parents préférer cette option pour loger un de leurs enfants dans un environnement de qualité, tout en utilisant l'avantage fiscal.

- Cet investissement est souvent proposé par démarchage. Comment s'assurer du sérieux d'un intermédiaire ?

E. F. - Le mieux est de passer par sa banque, qui effectue elle-même une sélection des intermédiaires. Surtout, si les choses se passent mal - en cas de faillite du promoteur notamment - c'est la garantie d'avoir quelqu'un en face de soi.

- Les FCPI permettent de déduire directement de ses impôts 25 % du montant de son investissement...

E. F. - Mais il existe le risque d'en perdre 100 % ! Nous déconseillons vivement d'investir dans ces produits uniquement pour l'économie d'impôts : il s'agit de capital-risque, donc d'un investissement dans des sociétés nouvelles, ou situées sur des secteurs émergents, comme celui des énergies alternatives. Nous préférons les FIP (fonds d'investissement de proximité), qui bénéficient du même avantage fiscal - les deux sont d'ailleurs cumulables - car ils investissent sur des entreprises ayant déjà un chiffre d'affaires. Mais les deux sont des placements risqués.

- Les investissements en Malraux et DOM-TOM sont souvent évoqués pour les contribuables les plus imposés. Recommandez-vous l'un des deux ?

- E. F. Les deux, mais pour des objectifs et un niveau d'investissement personnel différents. L'investissement Girardin ("DOM-TOM Industriel") est une opération purement financière : on en connaît d'avance le dénouement et la rentabilité provient uniquement de l'avantage fiscal. L'investissement immobilier en Malraux est beaucoup plus lourd et demande un investissement personnel plus important, mais il permet de se constituer un patrimoine.

- A. H. Par exemple, la loi exige que les propriétaires, souvent réunis en association, prennent l'initiative des travaux. L'avantage fiscal peut être remis en cause si le promoteur organise les travaux sans les consulter.

- Quels autres produits de défiscalisation vous paraissent-ils efficaces ?

- E. F. Nous recommandons fréquemment le LMP, qui permet de percevoir des revenus défiscalisés - grâce à l'amortissement et aux intérêts éventuels - et de créer la première année un déficit déductible de l'ensemble des revenus.

(1) Directeur de gestion de fortune. (2) Responsable de l'ingénierie patrimoniale.

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