Baisse en trompe-l'œil du taux de chômage aux Etats-Unis

Si le taux de chômage s'affiche à nouveau en baisse, touchant son plus bas niveau depuis janvier 2009, le rythme de création d'emplois a encore ralentit en avril. Une situation préoccupante.
Copyright Reuters

En avril, comme en mars, le rapport mensuel du département du Travail sur le marché de l'emploi américain donne lieu à une double interprétation. D'un côté, les plus optimistes peuvent souligner que les Etats-Unis viennent d'enregistrer leur 26e mois consécutif de créations d'emplois dans le secteur privé. Et le nouveau repli du taux de chômage, tombé à 8,1% de la population active. Les économistes misaient sur un taux stable, à 8,2%. Il s'agit là de son plus faible niveau depuis janvier 2009, alors qu'il s'affichait encore à 9,1% en août 2011.

De l'autre côté, les moins optimistes noteront que le rythme de créations d'emploi n'en finit plus de ralentir. En avril, la première économie mondiale n'a ainsi généré que 115.000 postes de plus qu'elle en a supprimés, bien loin des 162.000 attendus par les analystes. Les chiffres des deux mois précédents ont certes été revus à la hausse ce vendredi par le département du Travail. Mais la performance enregistrée en avril confirme la tendance baissière observée après un premier trimestre solide: la reprise américaine reste fragile et toujours dépendante des ralentissements enregistrés en Europe et dans les puissances émergentes.

Repli en trompe-l??il

Dans ces conditions, le repli du taux de chômage s'explique en grande partie par la baisse du taux de participation. Ce taux, qui mesure le pourcentage d'Américains considérés comme actifs, a reculé de 0,2 point en avril, à seulement 63,6%. Il était encore de 64,6% en septembre 2010 et supérieur à 66% avant le début de la récession économique américaine. "Ce n'est pas une bonne nouvelle, estime Nigel Gault, d'IHS Global Insight. Cela signifie que les gens ne voient pas beaucoup d'emplois disponibles." Sur le long-terme, ce rythme de création d'emplois n'est en outre pas suffisant pour faire reculer le chômage.

Fin avril, 12,5 millions d'Américains étaient à la recherche d'un emploi, dont 41% depuis plus de six mois. Une nette amélioration par rapport aux plus de 16 millions de chômeurs connus début 2010, mais qui reste encore insuffisante pour compenser les effets de la récession entamée en décembre 2007. En outre, 7,9 millions d'Américains subissent un temps partiel forcé pour des raisons économiques. En incluant les travailleurs découragés ayant abandonné la recherche active d'un emploi, le taux de chômage réel s'élève ainsi à 14,5%.

Croissance en baisse

Sans être catastrophiques, ces chiffres inquiétants sur le front de l'emploi pourraient relancer le débat sur la mise en place de nouvelles mesures de soutien de la part de la Réserve fédérale (QE3). Fin avril, son président Ben Bernanke s'était dit prêt à intervenir si nécessaire, tout en indiquant que la banque centrale américaine prévoyait que le taux de chômage baisse entre 7,8 et 8% d'ici à la fin de l'année. "La Fed fait face à un dilemme parce que le taux de chômage baisse pour de mauvaises raisons", juge Ellen Zentner de Nomura.

De plus, depuis plusieurs semaines, les statistiques macro-économiques américaines ne sont guère rassurantes. La semaine dernière, la croissance du PIB au premier trimestre avait déçu, à seulement 2,2% en rythme annualisé, contre une progression de 3% au quatrième trimestre 2011. Ce jeudi, l'indice ISM des directeurs d'achats du secteur tertiaire était ressorti en baisse, témoignant d'un ralentissement de la croissance de l'activité dans les services. Et les ventes des grands distributeurs américains en avril s'étaient globalement montrées décevantes.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 04/05/2012 à 16:06
Signaler
A comparer à la France, où le nombre global de demandeurs d'emploi continue de croître, selon les chiffres publiés le 26 avril 2012 par Pôle Emploi. Le chômage touche 4.582.000 personne en France (France métropolitaine et territoires de l?outre-mer)....

le 04/05/2012 à 18:49
Signaler
A comparer à la France, les US font survivre 48 millions de personnes aux "food-stamps", soit 15% de leur population. Quel pourcentage, ici, au "RSA"..?? Vous n'avez pas compris, mais vous devez refuser, que les US baissent artificiellement le taux d...

le 05/05/2012 à 12:34
Signaler
Lorsque a Bretton Woods on a décerné le Brevet d'alchimiste a la Fed pour sa capacité de créer des dollars dont la valeur était celle de l'or, sans posséder la moindre once d'or, la porte était ouverte à toutes les dérives financières dont nous payon...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.