L'Espagne va-t-elle tenir ?

Malgré une détente sur les marchés, les déclarations alarmistes du ministre du Budget espagnol rappellent que la situation du royaume demeure précaire. L'Espagne reste le ma illon faible de la zone euro.
Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, et Cristobal Montoro, ministre du Budget. Copyright AFP

« L?Espagne est dans un moment extrêmement délicat, dans un moment d?extrême fragilité ». Ce n?est pas un analyste quelconque ou un spéculateur qui parle ainsi, mais le ministre du Budget espagnol lui-même, Cristobal Montoro, qui s?exprimait devant les Cortès mardi. Le grand argentier du royaume venait y présenter son projet de budget 2012, « le plus austère de la démocratie », a-t-il prévenu, mais aussi « le plus réaliste », a-t-il ajouté. Il devait donc jouer la carte de la dramatisation pour faire accepter des mesures difficiles. « Le chemin doit être droit, il faut réduire le déficit », a martelé le ministre.

Détente précaire sur les taux

Les investisseurs n?ont du reste pas pris ces propos autrement que comme une man?uvre politique : le taux moyen de l?emprunt d?Etat du royaume à 10 ans a d'ailleurs reculé de 13 points de base mardi à 5,84 %. Mais la situation reste difficile pour Madrid qui a vendu près de 2 milliards d?euros de bons du trésor à 3 et 6 mois ce même jour à des taux deux fois plus élevés que lors de la dernière adjudication. Cristobal Montoro prévoit de ramener le déficit public des administrations espagnoles de 8,51 % du PIB à fin 2011 à 5,3 % en 2012, puis à 3 % en 2013. Un objectif ambitieux, mais nécessaire car, a indiqué le ministre, « la clé c?est le rétablissement de la confiance ». Or, cette confiance reste sujette à caution. Car trois facteurs inquiètent les marchés.

Le spectre de la récession

D?abord, la récession qui a été annoncée lundi par la Banque d?Espagne et qui rendra évidemment plus difficile la consolidation budgétaire. En mars, le déficit de l?Etat central s?est ainsi établi à 0,84 % du PIB, soit 19 points de base de plus qu?un an auparavant. Sur le premier trimestre de 2012, le déficit public général aura déjà atteint 1,85 % du PIB. Mais l'essentiel du dérapage s'expliquerait selon le ministre du Budget par les avances consenties aux collectivités locales.

La menace des collectivités locales et des banques

Car c'est là le grand problème du pays. Cristobal Montoro l?a d?ailleurs affirmé : « s?il y a des doutes sur l?Espagne, s?il y a des doutes sur son budget, ces doutes concernent particulièrement les régions et les municipalités ». Le gouvernement semble déterminé à imposer à ces collectivités une discipline de fer. Vendredi, un plan d?économie de 10 milliards d?euros sur le système de santé géré par les régions a été annoncé, notamment par une participation plus élevée des patients aux dépenses de soins. L?objectif est de réduire cette année de 2,94 % du PIB à 1,5 % du PIB le déficit des collectivités territoriales. Cristobal Montoro a prévenu : l?Etat central garantira cet objectif car c?est l?accès de l?Espagne aux marchés financiers qui en dépend. Mais le drame du pays, c?est que ses efforts ne semblent jamais suffisants. Ainsi, l?agence de notation Fitch a salué les mesures annoncées vendredi, tout en demandant aussitôt plus d?efforts encore. Dernière épée de Damoclès : les banques dont la situation inquiète. Et l?on s?imagine bien que, au regard de l?état de son budget, l?Etat espagnol ne pourra faire face à une recapitalisation de son secteur financier.

Des conséquences européennes

La perspective d?une demande d?aide européenne de l?Espagne demeure donc d?actualité. Or, une telle option mettrait en jeu l?accès du Royaume au marché. Dans ce cas, le refinancement du pays deviendrait problématique. Et le pare-feu européen FESF qui va se transformer en MES, ne pourra certainement pas faire face dans ce cas. La crise européenne atteindrait alors un niveau inédit. On n?en est pas encore là, mais le doute est loin d?avoir disparu.
 

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Commentaires 39
à écrit le 27/04/2012 à 14:25
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il ne faut pas un président qui nous envoie au niveau de l?Espagne et la grece... je pense qu'il faut absolument gardé la croissance pour preservé l'emploi Il nous faut un président qui prennent des décision meme si elles sont parfois douloureuses !!...

à écrit le 25/04/2012 à 17:31
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Pour comprendre la descente aux enfers de l'Espagne après la Grèce, avec la BCE il faut comprendre comment cela se passe avec la FED, idem. Quant au mot " réserve ", il signifie tout simplement que chaque fois que l'Etat ou une autre banque privée "a...

à écrit le 25/04/2012 à 12:24
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Le 4e REICH est en marche, voir le Dr Rath http://www.youtube.com/watch?v=zkooBI-HPCU

à écrit le 25/04/2012 à 12:01
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Si on parle de l?Espagne, c'est son tour après la Grèce. Banquiers et autres multinationales nous mentent et sont les instigateurs des crises financières. Lors d'une interview accordée au journaliste Jon Ronson du quotidien britannique The guardian,...

le 25/04/2012 à 14:59
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La thèse du complot c'est bien, encore faudrait-il que les dirigeants irresponsables arrêtent le clientélisme à outrance...

le 27/04/2012 à 15:13
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Mariette, vous êtes ici sur le site du quotidien La Tribune et pas sur celui de l'Humanité. Vôtre théorie du complot ne va pas trouver grand auditoire ici. La Tribune est suivi par des entrepreneurs, banquiers et tout ce monde que vous dénoncé... ho...

à écrit le 25/04/2012 à 11:36
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Une petite rigolade du moment...."Il faut changer de politique Européenne pour l'orienter sur de la croissance" dixit FH !!! Traduisez "maintenant que l'on a endetté la France pour nos enfants, il serait bien d'utiliser la solvabilité (toute relativ...

le 25/04/2012 à 12:06
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la plus grosse partie des dettes sont internes à l'Europe ... il y a donc moyen de s'entendre entre nous pour organiser un défaut de paiement, le seule chose qui manque pour cela ce sont des gouvernements courageux qui ne soient pas à la solde des f...

le 25/04/2012 à 12:30
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C'est quand même super facile la macro économie enseignée par les Français !!! Dommage que les mêmes Français reste bien au chaud de leur mère nourricière, à savoir l'argent public en ne s'en tiennent qu'à donner des leçons aux autres sans ne savoi...

le 25/04/2012 à 12:44
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dans l'état actuel des choses, c'est effectivement assez simple à comprendre : le système est mort ... :-))), et ce n'est pas un problème français, c'est un problème général donc le responsable n'est pas "l'argent public" mais le mode de fonctionnem...

le 25/04/2012 à 14:54
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Ca changera de la fète du slip chez les restaurateurs et les Bettencourt... Au moins plus de monde en profitera ! Les Français n'ont pas envie de réélire le président des milliardaires.

à écrit le 25/04/2012 à 10:51
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Récession, endettement excessif, état providence, le cocktail explosif. Notre monde a changé de paradigme, la mondialisation a permis l'échange des produits, les produits à faible valeur ajoutée se sont délocalisés en Asie tandis que les pays qui av...

à écrit le 25/04/2012 à 10:33
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on découvre, mais on pouvait s'en douter, l'impasse de la politique Merkel/Buba, et on arrive à présent au grignotage de l'eurozone par la crise avec les menaces sur les Pays-Bas. Il apparaît urgent d'enclencher à Bruxelles une autre politique que c...

le 25/04/2012 à 11:20
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clairement il nous faut une politique de grands travaux:plus d'aéroports,d'autoroutes de stades et de médiatheques.et il faut augmenter les impots pour avoir un etat plus puissant,en période de crise c'est important

le 25/04/2012 à 14:43
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simplement qq écoles, universités celà pourrait servir ne croyez-vous pas?

le 25/04/2012 à 15:07
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les politiques préfèrent des grands travaux dans les prisons plutôt que dans les écoles, parce que les écoles ils sont surs de ne plus y aller :-))

à écrit le 25/04/2012 à 10:29
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pourquoi les politiques s'obstinen a mentir, a ne pas reconnaitre le probleme. Plus on tard plus ce sera difficile a resoudre

à écrit le 25/04/2012 à 9:16
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L'Espagne ne tiendra pas, pas plus que la Grèce, le Portugal, l'Irlande la France et tous les autres sauf l'Allemagne. La dictature est au bout du chemin et rien d'autre ne permettra de garder l'euro. Finalement on est reparti comme en 14 la revanche...

le 25/04/2012 à 10:26
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je suis bien d'accord sur l'incapacite de ces pays a rembourser!

le 25/04/2012 à 10:43
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L'Allemagne va plonger aussi, quand 70% de vos clients sont en faillite , en général ça se termine mal. mais nous ne sommes pas si mal que ça finalement. Quand on est seul en faillite, on est mal. Mais quand tous le monde est en faillite, c'est le ba...

le 25/04/2012 à 11:28
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Les Allemands disposent et ont su diversifier vers la Russie et surtout l'Asie et l'Amérique du Sud, l'Europe devient une arrière boutique de pays endettés, en récession ou en déconfiture, tandis que l'Europe est en déclin, mais avant cela il y aura ...

à écrit le 25/04/2012 à 8:26
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cela dit le 6 mois espagnol est a 0.7, non? ils peuvent emprunter, mais pas faire n'importe quoi...

à écrit le 25/04/2012 à 6:35
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Et oui, voilà les résultats de l'Union européenne. Et encore, nous ne sommes qu'au début de la vague. Je plains les électeurs du FN qui, eux, se sont montrés clairvoyants. Les autres n'auront que ce qu'ils méritent.

à écrit le 25/04/2012 à 5:09
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L'Europe se meurt. Le système s'écroule lentement mais sûrement. Le problème c'est qu'il va avoir des dizaines de millions de gens plus pauvres. C'est la misère qui s'installe et qui est impossible à résorber. Tous seront touchés.

à écrit le 25/04/2012 à 0:54
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A votre avis, pourquoi le FMI vient t'il d'augmenter massivement ses fonds propres ? Pour préparer une aide à l 'Espagne, peut-être...

le 25/04/2012 à 8:27
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ou a la france?

à écrit le 24/04/2012 à 23:48
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Alors l'Espagne emprunte a 6%, avec croissance negative et inflation de 2%... c'est pas gagné!! Quand a ce que l'Allemagne abandonne l'euro... Oui peut-être, mais pas tout de suite. L'Allemagne est le créditeur du système, donc si elle sort, sa dett...

le 25/04/2012 à 8:08
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A mon humble avis l'allemagne quittera l'euro tot ou tard ! Mais la décision sera tenue secrete ! et il faudra 1 an avant que l'administration allemande soit prete (impression de piece etc....) Quand à la filande, il prendront le nouveau mark. L...

le 25/04/2012 à 8:29
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un euro sans l'allemagne et les pays du nord, je me demande qui en veut, autant que chacun retourne a sa monnaie, parce que l'alliande de plusieurs eclopes, ca ft rarement un champion.... par contre, bonjour l'inflation -- et le francais qui pretend ...

le 25/04/2012 à 10:34
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si l'europe ne termine pas de se construire, alors il faudra sortir de l'euro. Il faut arreter de faire peur. Sans plus de souplese sur la monnaie, vue la situation des pays, il sera imposible de sortir de cette crise stupide

à écrit le 24/04/2012 à 21:37
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Cela fait déjà deux ans que c'est écrit que la crise (qui n'est bien sûr pas du tout celle de l'Euro) allait finir par emporter tout sur son passage. Les Européistes qui nous gouvernent font tout pour construire des digues face au tsunami, au lieu d'...

le 24/04/2012 à 21:54
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Tout à fait d'accord. Autre solution: que la France retrouve son Franc au plus vite!

le 24/04/2012 à 22:35
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@Paul. Retrouver le Franc, c'est beaucoup plus risqué que la solution consistant à ce que l'Allemagne sorte de la zone Euro. Ca paraît être équivalent, puisque dans les deux cas, cela reviendrait à ce que la monnaie allemande s'apprécie comme il se d...

le 25/04/2012 à 2:23
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Il est loin d etre idiot ce truc

le 25/04/2012 à 8:49
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Il semble en effet que la "sortie de l'euro" doit se faire "par le haut". Si les pays les plus faibles quittent la monnaie unique, nul ne sait dire ce qu'il adviendra de leurs dettes libellées en euros et, probablement, difficiles à rembourser avec u...

à écrit le 24/04/2012 à 20:15
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Achetez de l'or vite !!!!!!

le 24/04/2012 à 20:50
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C'est fait. Passons à autre chose.

le 25/04/2012 à 15:16
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Ou une marina sur la Costa del Sol

à écrit le 24/04/2012 à 20:13
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Pour un type qui connait bien le dossier espagnol et pour cause, il fut l'adjoint d'Aznar et le pauvre Zapatero, le tenait informé de tout sollicitant même son appui voire son aide alors qu'ils étaient "ennemis", s'y prend mal. C'est du travail de Gu...

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