Ehpad : 650 millions d'euros promis par l’État, une bonne nouvelle pour le secteur mais jugés insuffisants

Le secteur des Ehpad a salué ce mercredi l'annonce du gouvernement d'affecter 650 millions d'euros à ces établissements en réponse à leurs grosses difficultés financières. Ils appellent toutefois les pouvoirs publics, notamment les départements, à faire plus.
D’après la Fédération hospitalière de France, près de 85% des Ehpad publics ont enregistré un déficit en 2023, soit quasiment le double de 2019 (photo d'illustration).
D’après la Fédération hospitalière de France, près de 85% des Ehpad publics ont enregistré un déficit en 2023, soit quasiment le double de 2019 (photo d'illustration). (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Le gouvernement va sortir le chéquier pour le secteur des Ehpads (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Afin de parer à l'urgence financière, la ministre déléguée aux Personnes âgées, Fadila Khattabi, a annoncé, mardi au Figaro, que le financement de l'État allait augmenter de 5% en 2024 pour les Ehpad publics et associatifs, et de 3% pour le secteur privé commercial. Ce qui représente un coup de pouce global de 650 millions, consistant en l'affectation de lignes déjà comprises dans le budget 2024, a précisé le ministère à l'AFP.

Une mesure qui fait suite à l'appel lancé la veille par treize organisations du secteur du grand âge, public et associatif. Elles avaient, en effet, tiré la sonnette d'alarme sur la « gravité de la situation » financière, d'une ampleur « inédite », touchant leurs établissements et les services d'autonomie à domicile. Près de 85% des Ehpad publics, soit quasiment le double de 2019, ont enregistré un déficit en 2023, d'après la Fédération hospitalière de France, l'une de ces organisations.

« Beaucoup d'établissements ne survivront pas à une année 2024 dans les mêmes conditions », avait assuré Marc Bourquin, conseiller stratégie de cet organisme.

L'ensemble des structures avaient appelé « à une action immédiate et volontariste des pouvoirs publics ». Elles avaient demandé un nouveau fonds d'urgence, évaluant les besoins à près de 1,4 milliard d'euros, ainsi qu'une augmentation des tarifs. Elles avaient aussi réclamé un grand débat ou une loi sur le grand âge, un texte attendu de longue date par le secteur. Un appel que la ministre déléguée avait assuré « avoir entendu ». Et auquel elle a en partie répondu.

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Réformer le financement des Ehpad

Outre cette enveloppe financière, le gouvernement entend engager une réforme plus structurelle du financement des Ehpad. Celui-ci est aujourd'hui très complexe puisqu'il dépend à la fois de la Sécurité sociale pour la partie « soins », des départements pour celle concernant la « dépendance » et des personnes âgées et leurs familles quant à « l'hébergement ».

Le gouvernement pourrait reprendre en main la partie dépendance et la fusionner avec la section soins. Un scénario proposé aux départements, sur la base du volontariat, dans la loi de financement de la Sécurité sociale. Dix départements ont déjà répondu à cet appel à candidatures, ouvert jusqu'au 30 avril, pour effectuer une expérimentation de quatre ans en ce sens. L'objectif est « d'aider durablement les Ehpad. C'est une question d'efficacité », a affirmé Fadila Khattabi.

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Pas suffisant

Des annonces plutôt appréciées par les acteurs du secteur. Dans un communiqué ce mercredi, l'AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) a « salué cette prise de position très rapide de la ministre et y voit l'attention qu'elle montre pour ce secteur ». De son côté, le président du Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés, Jean-Christophe Amarantinis, a déclaré que « l'effort significatif » de l'État d'augmenter de 3% la dotation « est accueilli favorablement par le secteur même si ce taux ne compense pas entièrement l'inflation réelle subie ».

Les deux structures ont toutefois émis des réserves. L'AD-PA « considère que ces hausses ne suffiront pas à répondre à l'urgence et aux enjeux de moyen terme ». « Ce premier pas » nécessite « d'être prolongé par un même engagement de la part des départements » et d'être « élargi aux services à domicile », qui sont « tout aussi déficitaires et en risque de cessation d'activité », souligne l'association. Jean-Christophe Amarantinis a en outre exprimé « son incompréhension » suite à l'annonce par la ministre « d'une exclusion du secteur privé commercial de certaines mesures sociales, notamment de revalorisations salariales ».

« Cette différenciation de traitement fragilise la capacité des acteurs privés du grand âge à accomplir leur mission », a-t-il jugé.

Il y a « urgence » à agir, a insisté la Fédération hospitalière de France, qui alertait la semaine dernière à propos de la « vague démographique du grand âge sans précédent » que va connaître la France : entre 2030 et 2040, le nombre des plus de 85 ans va en effet bondir de plus de 50%.

(Avec AFP)

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