Rachats d'actions : le gouvernement prévoit de taxer les entreprises qui y ont eu recours, dès 2025

L'exécutif souhaite intégrer une mesure pour taxer les entreprises qui rachètent leurs propres actions dès le prochain projet de loi de finances (PLF), selon des informations du Figaro dévoilées ce jeudi. Cette mesure serait même « rétroactive » sur 2024 et devrait rapporter « plusieurs centaines de millions » d'euros.
Le Premier ministre Gabriel Attal a chargé quatre députés de la majorité de plancher sur de nouvelles pistes de taxation des rentes.
Le Premier ministre Gabriel Attal a chargé quatre députés de la majorité de plancher sur de nouvelles pistes de taxation des rentes. (Crédits : LUDOVIC MARIN)

Taxer les rachats d'actions, voilà une manne que le gouvernement compte bien exploiter et qui pourrait lui rapporter quelques centaines de millions d'euros, selon des informations du Figaro, dévoilées ce jeudi. L'exécutif prévoirait de mettre en place cette idée dès le prochain projet de loi de finances (PLF). Selon le quotidien, le gouvernement souhaiterait aussi que la mesure soit rétroactive, les rachats d'actions de 2024 donnant lieu à une taxation en 2025.

Concernant le taux de cette taxe, « ça pourrait être 1% comme ça pourrait être plus, les décisions seront prises pendant les arbitrages du projet de loi de finances » à l'été, affirme une source anonyme citée par le journal, indiquant que le ministère de l'Économie compte sur « plusieurs centaines de millions » d'euros de recettes.

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Les rachats d'actions critiqués

Les rachats d'actions sont une manière de rémunérer les actionnaires car souvent les entreprises les détruisent après le rachat, ce qui fait mécaniquement augmenter la valeur boursière des actions restantes.

Selon le baromètre de Janus Henderson publié mercredi, les principales entreprises cotées en Bourse dans le monde ont racheté pour 1.112,1 milliards de dollars de leurs propres actions en 2023, en baisse de 14% par rapport à 2022, année record. Cela reste « bien au-dessus des niveaux d'avant la pandémie », temporisait le gestionnaire d'actifs dans un communiqué, notant par ailleurs que les rachats d'actions ont légèrement augmenté en Europe. Après les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, le Canada et la France sont les pays où ils ont été les plus importants. Et il ressort d'ailleurs du baromètre qu'ils ont légèrement augmenté en Europe, sans pour autant retrouver leur record de 2021.

Les entreprises américaines demeurent les plus adeptes de la pratique dans le monde, avec près de 70% des rachats d'actions en 2023, à 773,1 milliards de dollars. Un chiffre néanmoins en baisse de 17% sur un an. Ce recul s'explique notamment par celui du secteur de la technologie : Microsoft et Meta ont réduit leurs rachats de près d'un tiers et Apple d'un septième, selon Janus Henderson.

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Ces pratiques sont contestées par les syndicats qui estiment que l'argent dépensé devrait être consacré aux investissements, aux créations d'emplois et aux augmentations de salaires. Mais les critiques s'élèvent aussi de plus en plus venant des financiers eux-mêmes. « Nous sommes contre les rachats d'actions en vue d'annulation lorsqu'ils représentent des montants colossaux. L'an dernier, TotalEnergies a racheté pour plus de 9 milliards d'euros de ses propres actions et a investi quelque 5 milliards d'euros dans les énergies renouvelables. Cela peut soulever quelques interrogations, non sur le principe, mais sur l'ampleur d'un tel programme », affirmait notamment Olivier de Guerre, président de Phitrust, lors d'une interview à « La Tribune » le 11 avril.

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Le gouvernement en quête de nouvelles recettes pour ses finances

Face au dérapage du déficit public en 2023, le gouvernement a déjà prévenu d'un tour de vis budgétaire, mais cherche aussi à augmenter ses recettes. Il étudie pour cela la taxation des rachats d'actions mais aussi un durcissement de la taxe sur les superprofits des énergéticiens, sans donner jusqu'ici plus de détails.

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Le Premier ministre Gabriel Attal a chargé quatre députés de la majorité, dont la députée Renaissance Nadia Hai, de plancher sur de nouvelles pistes de taxation des rentes. Interrogée, celle-ci avait précisé début avril souhaiter « un système de taxation sur les rachats d'actions » des grandes entreprises. Les conclusions du groupe de travail sont attendues fin juin. « Ce n'est pas directement une rente, mais de l'argent qui n'est pas mis au service de l'investissement », a affirmé l'un des autres députés missionnés par le Premier ministre, Jean-René Cazeneuve, par ailleurs rapporteur du budget. Le chef des députés MoDem Jean-Paul Mattei, lui aussi membre de ce groupe de réflexion, y serait en tout cas favorable, ainsi qu'à la taxation des « superdividendes ».

La France n'est d'ailleurs pas le seul pays à se pencher sur cette question d'une taxation. Aux États-Unis, le budget 2024 du président Joe Biden va même plus loin puisqu'il prévoit un quadruplement de la taxe qui s'y applique déjà.

(Avec AFP)

Commentaires 14
à écrit le 25/04/2024 à 23:28
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L'entreprise est libre d'utiliser comme elle veut le profit qu'il lui reste après paiement des impôts et taxes. Autrement ce serait simplement du contrôle social. Et sa légalité, en cas de rétroactivité, est inexistante. L'envie fait trop saliver n...

à écrit le 25/04/2024 à 22:19
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Sans surprise les kleptocrates au sommet de l'état sont plus favorables à la taxation des rachats d'actions que celle des millionnaires à la tête des entreprises française à leur initiative... Et après certains s'étonnent du désintérêt pour les ...

à écrit le 25/04/2024 à 13:07
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Encore une fois, ON a recours à la taxe. Il ne me viendrait certainement pas à l'idée de contester les sages avis de Raymond, bien au contraire. Je souhaite suggérer que, s'il convient d'inaugurer une nouvelle taxe, ne pourrait-on pas en créer une su...

à écrit le 25/04/2024 à 10:22
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Ils préfèrent pénaliser les outils de production que leurs propriétaires or en pénalisant les outils de production ce osnt des milliers de gens impactés systématiquement et durablement, sans parler des effets dévastateurs à long terme. Bref comme d'h...

à écrit le 25/04/2024 à 9:25
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Taxer ! Ils n'ont que ce mot à la bouche. Pourtant Macron a dit que les impôts n'augmenteraient pas : encore un mensonge ?

le 25/04/2024 à 19:40
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Vous préférez qu'ils taxent chez vous? Déshabillez Pierre pour habiller Paul ça ne vous parle pas? Bon sang, quand est-ce que dans ce pays les classes moyennes et moyennes supérieures - ou les prétendus riches entre 4k/mois et 10k/mois - vont-ils enf...

à écrit le 25/04/2024 à 8:55
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E.N.F.I.N!!!! Mais 1% ça reste des peanuts 🤔

le 25/04/2024 à 21:33
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@Raymond: C'est un très timide essai pour éponger le déficit, mais très très très timide. En fait, je crois que c'est pour fournir l'argent de poche pour les sorties dominicales depuis que les fameux fonds sont surveillés (le sont-ils?).

à écrit le 25/04/2024 à 8:34
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encore une mesure de lutte contre les recgauffement climatique injuste, car ca permettrait de financer la retraite a la sncf a 30 ans, ce qui est juste, vu que ca reduit les inegalites injustes............bon, s'ils veulent interdire le rachat d'acti...

à écrit le 25/04/2024 à 8:29
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Ils préfèrent pénaliser les outils de production que leurs propriétaires or en pénalisant les outils de production ce osnt des milliers de gens impactés systématiquement et durablement, sans parler des effets dévastateurs à long terme. Bref comme d'h...

le 25/04/2024 à 9:00
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@Dossier51. Outils de production? 🤣🤡Non, ils préfèrent taxer à raison un mode de gouvernance spéculatif et contreproductif axé sur la financiarisation. Pourtant, j'en ai fait des interventions et interventions documentées, argumentées et référencées ...

le 25/04/2024 à 10:36
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@ Raymond j'ai raison. Non rien... -_-

le 25/04/2024 à 13:03
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@Dossier 51 Vous écrivez [Ils préfèrent pénaliser les outils de production que leurs propriétaires] Sachez enfin que les propriétaires des "gros" outils de production (c'est-à-dire ceux ayant un plus fort impact sur l'économie réelle, et aussi un plu...

à écrit le 25/04/2024 à 8:25
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peut on affirmer que la sncf vient de saborder la reforme des retraite de m macron et de fait tous les syndicats vont demander la generalisation de cette accord pour un depart anticipe a la retraite que l'ideologue m macron n'a pas vue venir

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