L'économie américaine est sur les rails de la reprise, et la banque centrale du pays compte bien maintenir son soutien. Porté par les milliards du plan de relance XXL de Joe Biden, plusieurs indicateurs sont au vert : la hausse du PIB américain au deuxième trimestre 2021 devrait atteindre 8,5%, alors qu'en juin l'économie a créé plus d'emplois que prévu. Le rapport mensuel du département du Travail recense en effet 850.000 emplois non-agricoles créés le mois dernier. Le taux de chômage Outre-Atlantique s'établit ainsi à 5,9% en juin. Toutefois, l'inflation progresse fortement ce qui pourrait à terme contracter la demande.
La hausse des prix aux États-Unis connaît son rythme le plus rapide depuis 13 ans, +3,9% sur un an en mai pour l'indice PCE (indice des prix des dépenses de consommation personnelle) et de +5,4% en juin pour l'indice CPI (indice des prix à la consommation). Il y a "la possibilité que l'inflation s'avère plus élevée et plus persistante que ce que nous attendons", a déclaré mercredi Jerome Powell, le président de la Fed, tout en estimant que cette hausse des prix sera passagère. A terme, l'institution bancaire vise une inflation autour de 2%.
120 milliards de dollars de rachat d'actifs par mois
C'est dans ce contexte de reprise, fragilisée par les incertitudes liées au Covid-19 et au variant Delta - mais qui devrait moins impacté l'économie américaine que les précédentes vagues - que la Fed a annoncé mercredi maintenir sa politique monétaire accommodante. La banque centrale a annoncé un statu quo sur son programme d'achats d'actifs, à 120 milliards de dollars par mois, tout en maintenant ses taux directeurs (les "fed funds") dans une fourchette de 0 à 0,25%,
Toutefois, le communiqué de la Fed ouvre la voie à une annonce de réduction des achats de titres lors de la réunion de septembre à condition que la croissance de l'emploi se renforce et que les dépenses des ménages ne soient pas freinées par la pandémie, a commenté Karim Basta, économiste en chef chez III Capital Management.
"Je voudrais voir des chiffres solides sur l'emploi" avant toute modification de la politique monétaire a rappelé Jerome Powell. Les créations d'emplois pourraient être également soutenues ces prochains mois par le nouveau programme d'investissement massif annoncé par le président américain Joe Biden. Après de longues tractations politiques, un grand plan de rénovation et de développement des infrastructures a été lancé mercredi, avec pour ambition d'assurer aux Etats-Unis des décennies de prospérité.
Des investissements massifs à venir
Ce programme prévoit 550 milliards de dollars d'argent fédéral frais et atteint les 1.200 milliards de dollars si l'on prend en compte la réorientation d'autres financements publics existants. Ce montant pharaonique doit "créer des emplois bien rémunérés et syndiqués, répondre à la crise climatique, rendre l'économie (américaine) plus durable et plus juste pour les décennies à venir", selon un communiqué de la Maison Blanche. Le président, qui voudrait dans un second temps faire passer un gigantesque programme de 3.500 milliards de dollars de dépenses sociales, a aussi fait avancer mercredi un autre sujet qui lui est cher: le patriotisme économique.
(avec Reuters et AFP)