La Fed prend acte de l'inflation mais maintient ses taux jusqu'en 2023

La banque centrale américaine juge que la hausse des prix est liée à l'effet d'accélération de la reprise post Covid-19. Aussi, le président Jerome Powell n'a ébauché aucun calendrier pour la réduction du soutien de l'institution à l'économie américaine, estimant cela "prématuré".
Les nouvelles prévisions suggèrent que la Fed s'attend à une reprise plus rapide qu'anticipé jusqu'alors: elle a notamment relevé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis cette année à 7,0% contre 6,5% prévu en mars.
Les nouvelles prévisions suggèrent que la Fed s'attend à une reprise plus rapide qu'anticipé jusqu'alors: elle a notamment relevé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis cette année à 7,0% contre 6,5% prévu en mars. (Crédits : POOL)

La hausse des prix, encouragée par la manne des capitaux mis en circulation pour la relance post Covid des États, est bien présente mais elle n'inquiète toujours pas la Banque centrale américaine. Si l'institution voit les prix augmenter plus qu'attendu cette année, elle considère qu'il s'agit d'un phénomène temporaire dans un contexte de croissance qui s'accélère. Résultat, la Fed a annoncé mercredi qu'une première hausse des taux d'intérêt n'interviendra pas avant 2023.

De même, du côté du débat sur la réduction à venir de ses achats d'obligations sur les marchés, le président Jerome Powell le juge encore "prématuré".

Autrement dit, les responsables de la puissante institution n'ont acté aucun changement immédiat de politique monétaire, à l'issue de deux jours de réunion. Et ce, malgré, une inflation galopante aux Etats-Unis (+5% sur un an en mai). En France, l'indice des prix a aussi repris de la vigueur (+1,4% en mai), notait l'Insee. Mais tout comme la Banque centrale européenne qui juge que ces poussées inflationnistes restent dans les clous de la croissance, la Fed préfère y voir d'abord l'amélioration de la situation sanitaire et des progrès de la vaccination contre le Covid-19.

"Il faudrait avoir la tête solidement enfouie dans le sable pour ne pas remarquer que l'inflation s'accélère dans une bonne partie de l'économie américaine", commente Peter Tuz, président de Chase Investment Counsel.

"La Fed en a donc pris acte. Et la réaction des marchés au fait que la Fed prenne acte de la montée de l'inflation n'est pas non plus une surprise car désormais, on se demande si et quand elle va passer à l'action."

A noter d'ailleurs que les dirigeants de la Fed prévoyaient auparavant le début de la hausse des taux pour 2024.

Mais pour l'heure elle a même a retiré de son communiqué de politique monétaire la référence au frein que représente la pandémie pour la croissance.

Le débat sur la réduction des achats d'obligations s'ouvre

Les taux directeurs restent ainsi dans la fourchette de 0 à 0,25% dans laquelle ils avaient été abaissés en mars 2020, pour stimuler le crédit et donc la consommation.

Les achats d'actifs, qui ont permis aux marchés de continuer à fonctionner malgré la crise, ont également été maintenus à leur niveau actuel de 120 milliards de dollars par mois (99 milliards d'euros). Jerome Powell, a déclaré que les dirigeants de la Fed avaient commencé à "parler" de la réduction progressive du montant des achats.

"Au cours de prochaines réunions, le comité continuera d'évaluer les progrès de l'économie vers nos objectifs", a dit Jerome Powell, qui s'est refusé à donner des indications supplémentaires sur le calendrier des futures évolutions de la politique monétaire.

Et d'ajouter : une telle décision sera prise "lorsque l'économie aura fait des progrès supplémentaires substantiels, et nous communiquerons en amont", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

Les craintes de surchauffe de l'économie augmentent

Les nouvelles projections des responsables de la Fed en matière de taux d'intérêt, les "dot plots", montrent que 11 d'entre eux sur 18 prévoient désormais au moins deux hausses de taux d'un quart de point de pourcentage en 2023, même s'ils s'engagent à maintenir pour l'instant les mesures de soutien.

Les nouvelles projections de taux, conjuguées aux prévisions économiques qui incluent trois ans d'inflation supérieure à l'objectif de 2% que s'est fixé la Fed, suggèrent que les craintes d'une surchauffe de l'économie ont nettement augmenté chez les responsables de la politique monétaire.

Pour l'instant, l'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds") reste fixé entre zéro et 0,25%, son plus bas niveau historique.

Mais les nouvelles prévisions suggèrent que la Fed s'attend à une reprise plus rapide qu'anticipé jusqu'alors: elle a notamment relevé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis cette année à 7,0% contre 6,5% prévu en mars.

Les prévisions d'inflation ont elles aussi été revues à la hausse même si le FOMC continue de parler de phénomène "transitoire".

La réaction immédiate des marchés

Sur les marchés, le communiqué de la Fed a eu pour principal effet une nette augmentation des rendements obligataires: celui des obligations du Trésor à dix ans est monté brièvement à plus de 1,59%, au plus haut depuis le 4 juin, avant de revenir à 1,5703% vers 19h45 GMT, contre moins de 1,49% avant l'annonce des décisions du FOMC.

A la clôture de Wall Street, le Dow Jones a reculé de 0,77% à 34.033,67 points, le Nasdaq a perdu 0,24% à 14.039,68 points et l'indice élargi S&P 500 a cédé 0,54% à 4.223,70 points.

Sur le marché des changes, le dollar, qui était stable avant le communiqué, gagnait 0,68% face aux autres grandes devises , faisant retomber l'euro à 1,2010, au plus bas depuis le 6 mai.

De premières indications disponibles donnent par ailleurs le CAC 40 parisien en baisse de 0,22% à l'ouverture.

Les contrats à terme indiquent un repli de 0,25% pour le Dax à Francfort , de 0,42% pour le FTSE à Londres et de 0,34% pour l'EuroStoxx 50.

Lire aussi 3 mnÉtats-Unis : l'inflation bondit mais la FED prévoit un retour à la normale dans quelques mois

 (Avec AFP et Reuters)

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Commentaire 1
à écrit le 17/06/2021 à 11:16
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La finance, des bulles partout et donc du vide partout avec ses serviteurs du vide, ses maîtres du vide. L'empire des faibles.

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