Bruxelles refuse d'utiliser l'aide au développement à des fins sécuritaires

Les eurodéputés ont décidé le 28 avril de ne pas dédier une partie du Fonds européen de développement à la lutte contre la crise migratoire. Certains craignent une dérive de l’aide européenne vers le financement de mesures sécuritaires.
Un enfant regarde les soldats macédoniens postés à la frontière de la Grèce, tout près du camp de migrants d'Idomeni.

La crise migratoire a poussé l'Union européenne et les États membres à repenser une partie de leur aide internationale, parfois mise à contribution pour face à la crise migratoire, au contrôle des frontières ou à la lutte contre le terrorisme.

Une orientation qui peut parfois se faire au détriment des projets dans le domaine de la santé, de l'éducation ou encore de la sécurité alimentaire dans les pays en développement.

Aide et migration

A l'occasion de l'adoption de la décharge budgétaire du principal outil d'aide au développement de l'UE, le fonds européen de développement (FED), les eurodéputés ont marqué leur désaccord avec une aide toujours plus orientée vers la crise migratoire.

     Lire : L'action de l'UE jugée incohérente en matière de migration

Le groupe PPE avait présenté des mesures visant à réorienter une partie du Fonds européen de développement vers la lutte contre les migrations.

« Nous devons davantage combattre les causes profondes des migrations. L'aide au développement européenne doit être utilisée plus efficacement pour limiter les migrations futures » a rappelé l'eurodéputée PPE Claudia Schmidt, rapporteur sur le texte.

     Lire : La crise migratoire désarçonne l'aide internationale

La proposition portée par le PPE tendait à flécher une partie du budget du Fonds européen de développement vers des mesures contre la crise migratoire. Les eurodéputés proposaient de prévoir que 25% du FED soit dédiés à des projets migration.

La proposition a été rejetée lors du vote en séance plénière, le 28 avril, faisant face à l'opposition des groupes de Verts et socialistes.

Plus d'efficacité

« Les socialistes et les écologistes nient la réalité et prennent des décisions à contrepied de ce que veulent les citoyens » s'est agacé la rapporteure.  « Nous devons arrêter de distribuer l'aide au développement de manière indifférenciée et diffuse. [...]. L'aide européenne peut être utilisée plus efficacement » a-t-elle poursuivi.

     Lire : L'efficacité de l'aide au développement pour contenir les migrations remise en cause

Côté socialistes, l'affectation proposée du FED à la crise migratoire a provoqué une véritable opposition. L'eurodéputée en charge du dossier au S&D, Iris Hoffmann, a d'ailleurs contré la proposition avec un amendement rappelant que le fonds européen « ne devait pas être détourné de son objectif pour financer des actions telles que le contrôle des frontières et des mesures de retour ».

« La grande flexibilité du Fonds européen de développement permet déjà de s'adapter à l'importance grandissante de la migration » a affirmé un porte-parole de la Commission à EurActiv.« Même sans une affectation spécifique, le FED est suffisamment flexible » a-t-il précisé.

Le Fonds européen de développement dispose d'un budget de 30,5 milliards d'euros sur la période 2014-2020. Le FED  constitue un des principaux volets de la politique de coopération entre l'UE et les pays de l'Asie, des Caraïbes et du Pacifique, puisqu'il représente environ 30% de l'ensemble des dépenses de l'UE en matière d'assistance extérieure, selon un rapport du Parlement européen.

      Lire : Lutter contre l'extrémisme pourrait devenir de l'aide au développement

Il a la spécificité d'être un outil financier négocié hors du budget général de l'UE, sur la base d'une quote-part de chaque État membre. Mais sa gestion est assurée par l'Union européenne. Cette organisation a souvent attiré les critiques sur le manque de transparence de l'instrument et la question de son intégration au sein du budget de l'UE revient régulièrement sur la table.

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CONTEXTE

Des dizaines de milliers de réfugiés en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique empruntent la routes des Balkans pour rejoindre l'Europe, tandis que d'autre traversent la Méditerranée pour rejoindre les côtes italiennes.

Face à la plus importante crise migratoire depuis la Seconde guerre mondiale, l'Union européenne peine à présenter un front uni.

En mai 2015, une proposition de la Commission européenne, qui souhaitait appliquer le principe de solidarité, pour que les demandeurs d'asile des pays les plus touchés par l'arrivée de migrants soient redirigés vers d'autres États membres, a été rejetée par les États membres.

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PLUS D'INFORMATION

Parlement européen

Commission européenne

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Par Cécile Barbière, Euractiv.fr

(Article publié le 29 avril 2016)

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