Les analystes de marché parient sur la sortie de la Grèce de la zone euro

La majorité des stratégistes estiment que la situation financière grecque et la victoire du non au référendum ne permettent plus d'envisager le maintien de la Grèce dans la zone euro. Ils attendent du sommet européen prévu mardi soir, des décisions "courageuses"...
"Qu'est-ce qui coûte le plus cher? Le Grexit ou le maintien de la Grèce dans zone euro? telle est la question à laquelle l'Europe doit répondre", explique Ciaran O'Hagan.

La sortie de la Grèce de la zone euro est devenue lundi le scénario central d'un certain nombre de grands intermédiaires financiers, au lendemain du "non" massif des électeurs grecs au compromis proposé par les créanciers d'Athènes (FMI, BCE et UE) pour régler le problème de sa dette.

Désormais, les acteurs des marchés financiers ont les yeux rivés sur les dirigeants européens dont ils attendent des décisions "courageuses".

"La principal question qui se pose aujourd'hui c'est de savoir si les autorités de la zone euro auront le courage de demander à la BCE de couper l'ELA (Assistance de liquidité d'urgence)", écrit Ciaran O'Hagan, responsable de la stratégie taux en zone euro à la Société générale.

La réponse à cette question, s'il devait y en avoir une, devra attendre mardi soir la fin du Sommet de la zone euro, qui aura été précédé dans la matinée d'une réunion des ministres de l'Economie de la zone.

Le rôle du couple franco-allemand

Le couple franco-allemand, considéré comme le pilier de la construction européenne, se réunira lundi soir à l'Elysée où Angela Merkel et François Hollande tenteront de définir les moyens de renforcer la zone euro en cette période de déstabilisation.

"Qu'est-ce qui coûte le plus cher? Le Grexit ou le maintien de la Grèce dans zone euro? telle est la question à laquelle l'Europe doit répondre", explique Ciaran O'Hagan.

"Jusqu'à présent, la France et l'Allemagne ont réussi à maintenir une forme de coordination et à donner l'impression d'unité. Nous serons particulièrement attentifs à ce qu'ils maintiennent un tel cap : toute désunion serait extrêmement déstabilisatrice, et ses effets dépasseraient la question grecque et soulèveraient des questions existentielles pour la zone euro", ajoute-t-il.

Le Grexit, scénario favori des analystes

Pour Michael Michaelides, analyste taux chez RBS à Londres, le "non" ouvre la "porte du Grexit", et porte cette probabilité à 55% contre 40% avant le référendum de dimanche.

"Le vote de dimanche accroît les risque de voir la Grèce être le premier pays à sortir de l'Union économique et monétaire (UEM)", estime également Mark Haefele, responsable mondial de l'investissement chez UBS Wealth Management. Et, comme les autres experts, il estime qu'Athènes ne sera pas en mesure d'honorer une échéance de 4,2 milliards d'euros due le 20 juillet à la BCE.

"Nous jugeons hautement improbable que l'Eurogroupe infléchisse sa position dans le sens voulu par la Grèce en vue de la mise en place d'un troisième plan d'aide", indique Michael Michaelides.

Selon lui, en l'absence d'un accord qui conduirait au Grexit, les dirigeants politiques européens n'ont pas besoin d'"expulser la Grèce". Faute d'accord avec ses créanciers, la Grèce ne pourra pas rembourser à l'Eurosystème (SEBC) la moindre obligation souveraine grecque que celui-ci détiendrait le 20 juillet.

Une monnaie parallèle

Le conseil des gouverneurs de la BCE serait alors amené à réduire le plafond de l'ELA accordée à la Grèce, et les banques grecques deviendraient "insolvables", ce qui impliquerait une restructuration des banques et/ou à des pertes des déposants, et la nécessité d'une monnaie parallèle pour recapitaliser les établissements financiers, ce qui conduirait finalement au Grexit, explique RBS.

Les stratégistes de SG, de RBS, d'UBS ou de Cholet Dupont Finance et Patrimoine estiment que, contrairement à ce qui s'était passé lors de la première crise de la dette souveraine en zone euro en 2010-2011, l'UE et la BCE disposent aujourd'hui d'instruments efficaces contre la "contagion" : Mécanisme européen de stabilité (MES), Fonds européen de stabilité financière (FESF), intervention directe sur les marchés en faveur de pays qui en font la demande (OMT).

De nouveaux outils pour gérer la crise?

Mark Haefele (UBS) souligne qu'outre cette boîte à outils, la Banque centrale européenne dispose aussi de son programme d'assouplissement quantitatif (60 milliards d'euros d'achats d'obligations par mois). Il ajoute que la BCE peut compter aussi sur l'aide de la Fed pour contrer toute montée de l'aversion au risque au niveau mondial en différant sa première hausse des taux en 10 ans, à après septembre, voire au début 2016, si les craintes entourant la Grèce devaient provoquer une forte montée du dollar.

(Avec Reuters)

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Commentaires 27
à écrit le 07/07/2015 à 10:28
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La Grèce est entrée dans la zone européenne en mentant sur ces comptes et, maintenant, par le résultat du référendum, les Grecs démontrent qu'ils souhaitent bénéficier des aides de l'Europe, sans rien changer pour que leur pays soit à même de se redr...

à écrit le 07/07/2015 à 6:46
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"Le couple franco-allemand" est responsable de la situation actuelle. Les accords favorisent les économies fortes et désavantagent les économies faibles. Ces accords ont pour conséquences des divergences toujours grandissantes entre les membres de l...

le 07/07/2015 à 9:27
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@le couple..: dans toute société, il y a des gens qui se décarcassent pour améliorer la situation sociale et financière de leur famille, et d'autres gens qui attendent que tout leur tombre tout cuit dans le bec. Il faut sans cesse s'adapter à la nouv...

à écrit le 07/07/2015 à 5:13
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L'avantage, si l'on peut s'exprimer ainsi, d'une sortie de la Grèce de la zone "Euro", c'est qu'il permettrait aux autres cigales de la zone (dont au premier chef, la France) de se rendre compte du prix à payer et de ses fâcheuses conséquences qui en...

à écrit le 06/07/2015 à 22:44
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La grande crainte des prêtres de l'Euro Car, disons le, une chose terrorise totalement les responsables européens: que la Grèce fasse la démonstration qu'il y a une vie hors de l'Euro, et que cette vie peut, sous certaines conditions, s'avérer mei...

le 07/07/2015 à 15:02
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Bien sur qu il y a une vie hors de l euro ! Mais elle va etre dure ... Surtout pour un pays comme la grece qui ne produit quasiment rien . Les grecs vont voir leurs economies partir en fumee (enfin pour ceux qui n avaient pas mis l argent en securit...

à écrit le 06/07/2015 à 20:37
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Le référendum grec, dont personne ne met en doute le résultat — 61,31% de non à la zone contre 38,69% de oui — a cela de dramatique pour le couple Washington-Bruxelles qu'il risque d'être contagieux. Eh oui. Encore faut-il cependant que la Grèce s'en...

le 06/07/2015 à 21:21
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On ne le repetera jalais assez: l'Islande n'a JAMAIS fait defait sur sa dette publique. Elle a laisse ses banques faire faullite. C'est tres different. Et elle a ensuite emprunte enormement d'argent pour remettre sur pied son secetur bancaire.

le 06/07/2015 à 21:58
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@KidA : oui, et en plus contrairement à des bruits colportés, le démantèlement de la maison mère de la banque en ligne Icesave a dégagé un actif qu a permis de dédommager Royaume-Uni et Pays Bas qui avaient dédommagé leurs ressortissants déposants de...

le 06/07/2015 à 22:00
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C'est à vous que l'Irlande emprunte énormement d'argent ? d'après votre engouement pour la cause bancaire internationale je dirais que oui.

le 06/07/2015 à 22:17
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Vous jouez sur les mots. L'Islande n'a pas fait défaut sur sa dette, mais a annulé une grosse part des dettes des particuliers, ce qui au final est revenu sensiblement au meme, sans avoir a étre qualifié de défaut !

à écrit le 06/07/2015 à 20:17
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Sur la chaîne CNN on voit les gros titres :" La Grèce fait l'Europe plonger dans le trouble". Si c'était moi, un Européen, qui aurait écrit un titre pareil, il serait certainement "modéré" para le zèle du Modérateur de LT. Que dois-je en déduire? que...

le 06/07/2015 à 22:00
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"trouble"=les ennuis.

à écrit le 06/07/2015 à 19:56
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Tsipras ne veux pas payer pour les dettes passe elles sont illégales et ils va même jusqu'à dire que ceux qui ont prêté sont des criminels et des terroristes Il veux 30 % de remise sur les dettes passe et qu'on lui prête quand même 30 milliards sa...

à écrit le 06/07/2015 à 18:58
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Le "non" grec fiche le b*rdel en Union Européenne !! du jamais vu…. ce qu'il doit se marrer Poutine à ce moment….

à écrit le 06/07/2015 à 18:50
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La Tragédie Grecque arrive à son épilogue...L'UE doit maintenant se doter d'instruments viables pour sauver e qui peut l'être. Ou les européens paient pour les mensonges grecques depuis l'adhésion à l'euro ou la Grèce quitte la zone pour se reconstru...

le 06/07/2015 à 22:20
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Cela n'arrivera pas. Parce que ce que vous appelez mensonges grecs sont en fait des mensonges européens. Toute la construction européenne actuelle est basée sur des mensonges. On vous montre la Grece du doigt, et demain le Portugal ou l'Italie, mais ...

à écrit le 06/07/2015 à 18:39
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La vie des gens, des Grecs ne se limite pas à "Qu'est-ce qui coûte le plus cher?". Cette approche financière, économique, spéculatrice est insupportable. Ce qui "coûte le plus cher" ce sont CEUX qui coûtent le plus cher, les banquiers et la clique de...

à écrit le 06/07/2015 à 17:56
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La question existentielle sera de savoir si l'Allemagne et ses alliés traditionnels (Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, etc.) se retireront de l'UE au cas où le socialo-communiste Hollande décide de continuer à saigner le contribuable pour la Grèce. Alo...

le 06/07/2015 à 18:44
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Commentaire assez basique. Bravo!

le 06/07/2015 à 19:00
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Je ne suis pas d'accord par rapport au "socialo-communiste Hollande", FH est un néo-libéral de facto plutôt.

le 06/07/2015 à 19:26
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Est-il possible de supprimer ce type de commentaire digne du café du commerce ? Bonne soirée

le 06/07/2015 à 20:02
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@@Patrickb: je suis contre tout ce qui restreint les libertés individuelles. On peut être capitaliste et tout ce qu'on voudra, pourvu que ce soit avec ses propres moyens. Dès lors qu'on oblige le contribuable à payer pour les autres, on est dans une ...

le 06/07/2015 à 22:11
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Hollande risque d'être assez isolé sur ce coup-là. On ne voit pas les pays baltes, ni la Finlande, ni la Slovaquie, ni le Portugal ni même l'Espagne qui doit impérativement faire un exemple avec la Grèce et Syriza pour éviter la contagion populiste ...

à écrit le 06/07/2015 à 17:41
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La question ne se pose plus depuis un temps certain. La Grèce ne remboursera pas ses dettes puisqu'elle ne peut pas. La Grèce est insolvable puisqu'elle ne peut pas émettre des obligations et ne vit que par les apports de FMI/BCE/ZE. Si on fait -1 ...

le 06/07/2015 à 18:44
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@Bernardino Complètement d'accord, la chute des marchés Chinois va éclipser le problème Grec, qui, au regard des sommes en jeu représente à peu près... rien. La déflagration Chinoise va s'entendre au bout de la planète, et les Chinois en matière de ...

le 06/07/2015 à 22:23
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Car bien sur, le problème chinois n'amplifiera pas le problème grec, ou l'inverse. Tout comme la chute de Lehman brothers n'aurait pas du entrainer toute la finance mondiale dans la tourmente.

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