André Joffre : « la transition énergétique va être une transition heureuse »

Fervent militant de l’énergie photovoltaïque depuis 40 ans, le président de la Banque Populaire du Sud est également à la tête d’un bureau d’ingénierie solaire (TESCOL), du syndicat des professionnels de l'énergie solaire (ENERPLAN) et d’un pôle de compétitivité dédié à l’accélération de la transition énergétique en Occitanie (DERBI). Autant de casquettes qui offrent à André Joffre un poste d’observatoire privilégié pour analyser l’évolution de la production d’électricité photovoltaïque et lui prédire un avenir radieux. Rencontre avec un visionnaire optimiste.
(Crédits : DR)

La France, qui s'était engagée à produire 19 GW d'énergie solaire cette année, n'en a produit que 15,8, ce qui la place loin derrière l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie. Comment expliquez-vous ce retard ?

Pour comprendre la difficulté à imposer l'énergie solaire en France, il faut remonter aux débuts des années 1980, lorsque le pays s'est engagé dans la construction de son parc nucléaire, créant plus de réacteurs qu'elle n'en avait besoin.  Comme une centrale coûte aussi cher quelle que soit sa puissance de production, l'énergie solaire a été considérée comme marginale et a été bannie des politiques publiques. Pendant plus de 15 ans, seuls l'Europe et les conseils régionaux ont continué à s'y intéresser, principalement pour des projets spécifiques sur des sites isolés, comme des refuges de montagne. Le vent a tourné en 2000, mais nous avons connu des levers de boucliers quand il a fallu raccorder les panneaux au réseau ou faire entrer l'autoconsommation dans la loi en 2015. Aujourd'hui la filière est toujours confrontée à de nombreux freins administratifs et réglementaires, mais comme le prix des panneaux va continuer de baisser, l'énergie solaire va s'imposer dans le monde entier.

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La baisse des prix des panneaux peut-t-elle relancer à elle-seule la production d'énergie solaire en France ?

On a vu l'hiver dernier que le prix de l'électricité du réseau avait explosé de façon exorbitante pour entreprises, et on parle d'une nouvelle augmentation de 10% en février prochain pour les particuliers. En parallèle, plus les volumes de production augmentent, plus les prix baissent, tandis que les panneaux ne nécessitent que du silicium, c'est-à-dire du sable transformé, qui est disponible en très grande quantité. Aujourd'hui les stocks se déprécient, les panneaux sont « soldés » et on verra bientôt le prix de l'électricité photovoltaïque passer sous celui du réseau. Dans un marché mondial, on constate aussi que les panneaux asiatiques sont de très bonne qualité, et même si certains modules sont déjà encapsulés en France, la gigafactory qui se construit en Moselle va permettre de couvrir dès 2025 les besoins en panneaux solaires d'un million de foyers européens. Avec un autre projet d'usine en cours de développement à Fos-sur-Mer, la question de notre souveraineté énergétique ne se posera bientôt plus. Dans le monde, on attend une augmentation de + 50% des nouvelles centrales solaires en 2023, ce qui va s'intensifier naturellement quand l'électricité issue du pétrole ne sera plus compétitive, notamment avec les taxes carbone. En France, l'objectif gouvernemental est de dépasser les 100 GW d'ici 2050, mais on y arrivera avant.

PowR Earth Summit

Usine « La confiserie du Tech » à Perpignan. Il s'agit d'une installation en autoconsommation, l'énergie solaire produit de l'électricité qui est directement consommée dans la nouvelle usine. © Tecsol

Mais pour accélérer le déploiement des panneaux photovoltaïques, les acteurs du secteur attendent aussi que les freins réglementaires et administratifs soient levés...

Bien sûr, maintenant que toutes les questions de raccordement au réseau en voie d'être résolues, il va falloir accélérer les procédures qui sont encore beaucoup trop contraignantes, en particulier pour les projets de plus de 250 kWh. Entre les demandes d'autorisation, les études environnementales et les dépôts de permis de construire, il faut entre 5 et 6 ans pour créer une nouvelle centrale solaire en France, alors qu'il faut moitié moins de temps en Allemagne. Heureusement l'Europe nous impose de réduire ces délais, ce qui devrait se faire avec la mise en application de la loi d'accélération des énergies renouvelables (loi APER) et la création de « zones d'accélération de la production d'énergies renouvelables » où les délais seront compris entre 12 et 24 mois.

Êtes-vous optimiste quant à la capacité de la société à basculer vers de nouveaux modèles de production d'énergies renouvelables ?

Mais oui ! Je suis plus qu'optimiste, je suis confiant et absolument persuadé que la transition énergétique peut être une transition heureuse. Aujourd'hui, les politiques comme le grand public n'ont pas forcément conscience des changements qui arrivent, mais dans quelques années nous verrons comment les technologies actuelles, qui ne présentent aucune difficulté majeure, auront changé notre rapport à l'énergie. D'ici un ou deux ans, les panneaux solaires vont s'alléger et devenir très minces, ce qui facilitera considérablement leur installation sur les toitures existantes, ce sera une vraie révolution ! Les centrales solaires flottantes vont se développer sur les lacs et certainement au large des côtes si l'expérimentation menée actuellement à Sète tient ses promesses. L'agrivoltaïque va permettre aux maraîchers de cultiver fruits et légumes sous des ombrières qui protégeront les cultures : les agriculteurs de demain seront peut-être tous des producteurs d'énergie ! Les batteries électriques des voitures seront également raccordées au réseau, ce qui permettra grâce à un pilotage intelligent de lisser les pics de consommation aux heures de pointe... Il y a une vraie complexité à tout mettre en œuvre simultanément, mais toutes ces solutions existent, on est déjà dans le mouvement. Il est impératif d'accompagner cette accélération, mais les solutions de demain sont déjà une réalité.

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André Joffre interviendra au PowR Earth Summit, l'événement d'accélération de la transition énergétique qui aura lieu au CNIT de la Défense à Paris du 13 au 15 mars 2024.

Commentaires 10
à écrit le 22/10/2023 à 10:47
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Quel tableau magnifique présenté par M. Joffre. Mais, bien sûr, il se garde bien de fournir les vraies informations sur le solaire, car alors nous verrions que le solaire ne présente aucun intérêt. Le solaire, comme l’éolien, est né grâce au mariage ...

le 06/11/2023 à 2:37
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Le solaire photovoltaïque français, né en France grâce à Alexandre Becquerel, a longtemps été un des des leaders mondiaux dans ce domaine avant que la chape de plomb électro-nucléaire ne vienne étouffer les énergies renouvelables franco-françaises….a...

à écrit le 18/10/2023 à 9:18
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Le solaire, comme l’éolien, est né grâce au mariage improbable des écolos et du capitalisme de connivence. 1) Sur son cycle de vie le bilan CO2 du solaire est mauvais : 55 gCO2/kWh, plus les émissions des centrales thermiques nécessaires pour gérer...

à écrit le 14/10/2023 à 9:19
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Quel tableau magnifique présenté par M. Joffre. Mais, bien sûr, il se garde bien de fournir les vraies informations sur le solaire, car alors nous verrions que le solaire ne présente aucun intérêt. Le solaire, comme l’éolien, est né grâce au mariage ...

à écrit le 12/10/2023 à 10:44
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Addendum : le facteur de charge du solaire est minable : 14%. Faire pire semble difficile. Et le solaire (comme l’éolien) n’offre aucune souveraineté énergétique, les panneaux et les matières premières venant t de l’étranger, principalement de Chine.

à écrit le 12/10/2023 à 10:36
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Quel tableau magnifique présenté par M. Joffre. Mais, bien sûr, il se garde bien de fournir les vraies informations sur le solaire, car alors nous verrions que le solaire ne présente aucun intérêt. Le solaire, comme l’éolien, est né grâce au mariage ...

à écrit le 10/10/2023 à 10:38
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Cela fait 20 ans qu'elle est heureuse pour la finance internationale qui peut investir sans risque dans les énergies subventionnées, d'où leur amour pour celles-ci (cf. Lazar par exemple).

à écrit le 10/10/2023 à 10:34
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Tableau hydillique brossé par un descendant du vainqueur de la Bataille de la Marne?

à écrit le 10/10/2023 à 9:02
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Bel article de propagande!

le 28/10/2023 à 8:00
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Cela fait un peu plus de quarante ans que je milite pour l’énergie solaire. Malgré les périodes d’interdiction en métropole (1986-2000), et les nombreuses chausse-trapes pour éviter que le solaire ne se développe aussi vite que chez nos voisins, on p...

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