Le légendaire Saab bientôt au bout de la route

Le constructeur suédois, qui ne produit plus rien depuis avril, a été placé sous procédure de sauvegarde. Dernier espoir : la mise en oeuvre d'un accord avec deux sociétés chinoises.
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Paradoxe : les vieilles Saab font toujours vibrer le coeur des passionnés d'automobile dans le monde... Mais la célèbre marque de Trollhättan demande sa... « mise sous protection judiciaire », l'équivalent en Suède de la procédure de sauvegarde, pour laquelle le tribunal du district de Vänersborg doit donner son aval ce jeudi. Objectif : donner au constructeur « le temps nécessaire pour assurer le versement des salaires, chercher des financements à court terme et préparer un redémarrage de la production », souligne Victor Muller. L'inoxydable et toujours volontariste patron de Swedish Automobile - propriétaire de Saab -, qui a annoncé fin août une perte de plus de 200 millions d'euros au premier semestre, compte ainsi « faire la soudure ». Il attend en effet un feu vert des autorités de Pékin, qui doivent ratifier les accords passés début juillet avec le distributeur Pang Da et l'assembleur Youngman. Ces deux sociétés chinoises doivent en principe injecter 245 millions d'euros et devenir actionnaires de Swedish Automobile à hauteur de plus d'un quart du capital chacun. Saab espère que ces fonds arriveront en octobre-novembre. Un temps dans la course, le milliardaire russe Vladimir Antonov a été en revanche écarté jusqu'ici, à cause de soupçons sur des liens présumés avec le crime organisé.

Sauvé in extremis

Ces accords suffiront-ils à assurer l'avenir du constructeur automobile, qui eut son heure de gloire dans les années 1980 avec la fameuse 900 Turbo originale et techniquement innovante, très prisée aujourd'hui des collectionneurs ? Pas sûr. Si la marque au griffon produisait d'excellentes voitures, fort réputées, du temps où elle était une pure entreprise suédoise dans la sphère Wallenberg en compagnie du tout aussi renommé constructeur de camions Scania, son image et ses performances se sont dégradées durant vingt ans, sous la nocive houlette de son actionnaire General Motors. Manque d'investissements et de nouveaux produits, recours aux médiocres plates-formes Opel (filiale allemande de l'américain)ont entraîné au final un lent mais sûr déclin, avec des pertes sur quasiment toute la période. Sauvé in extremis, alors que le mastodonte de Detroit voulait s'en débarrasser, Saab a été repris début 2010 par la petite firme néerlandaise de voitures de sport Spyker - devenue Swedish Automobile.

Mais, habile à jongler avec les crédits, Victor Muller n'a jamais eu toutefois assez de fonds pour redémarrer. Du coup, le lancement d'une nouvelle berline de haut de gamme, la 9-5, étudiée sous l'ère GM, est passé quasiment inaperçu. Avec des ventes en berne (32.000 l'an dernier, contre 120.000 en 2007), Saab ne peut plus payer ses fournisseurs, lesquels ont cessé leurs livraisons. Du coup, la production a été arrêtée en avril. Depuis juin, les salaires des 3.650 employés étaient versés avec retard. Pis : ceux d'août n'ont toujours pas été payés. Mais le bouillant Victor Muller ne s'avoue pas battu et compte toujours présenter une lointaine descendante de la fameuse 900 Turbo dans un an avec des moteurs BMW, puis lancer une petite voiture en 2014...

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