Croissance : confirmation attendue de la reprise mais le chômage persiste

L' Insee doit publier ce vendredi une première estimation des chiffres de la croissance française au troisième trimestre. Ils devraient confirmer que la page de la récession est tournée. Mais le redémarrage de l'emploi est retardé par rapport à celui de l'activité.

La reprise devrait être au rendez-vous, avec une progression attendue du PIB d'au moins 0,3%. C'est ce que devrait annoncer l'Insee ce vendredi avec la publication des chiffres de la croissance au troisième trimestre.

En octobre, l'Institut prévoyait une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% au troisième trimestre, après la bonne surprise du trimestre précédent (+0,3%) qui avait permis de mettre un terme à une année de reflux de l'activité. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, répète depuis plusieurs semaines que la croissance française devrait être "au moins aussi bonne" au troisième trimestre qu'au deuxième.

Production industrielle, commerce extérieur et consommation des ménages: toutes les composantes de la croissance envoient en effet des signaux positifs sur cette période.

Malgré tous ces signes encourageants, le gouvernement prévoit tout de même une chute du PIB de 2,25% sur l'ensemble de l'année, en raison de la forte récession fin 2008 et début 2009. En 2010, le Premier ministre François Fillon pense que la croissance pourrait atteindre 1,5%, "l'une des meilleures performances" européennes.

Le Fonds monétaire international a lui aussi relevé le 1er octobre sa prévision de croissance pour le PIB français à +0,9% en 2010, tandis que la Commission européenne table désormais sur une croissance de 1,2%, comme celle de l'Allemagne, son principal partenaire commercial.

Mais pour Bercy, l'heure n'est pas encore à l'optimisme. Le ministère de l'Economie maintient une hypothèse de croissance de +0,75%, comme inscrite dans le projet de budget 2010.

Destruction d'emploi

Reste à savoir si la reprise sera durable et suffisante, notamment pour endiguer le chômage. D'après l'Insee, qui publie ce vendredi son édition 2009 du Portrait social de la France, les créations d'emplois ne sont pas encore d'actualité. La crise économique s'est traduite en France par des destructions d'emplois massives, près de 400.000 entre début 2008 et mi 2009.

Les pertes d'emplois ont concerné en 2008 l'ensemble des secteurs marchands, dont l'industrie, la construction, le commerce. L'intérim aurait même enregistré des "pertes historiques". L'industrie, qui perdait en 2006 et 2007 "moins d'emplois que par le passé", est revenue en 2008 sur un "rythme très élevé de destructions d'emplois" tout comme la construction.

Conséquence directe: le taux de chômage a augmenté, passant de 7,1% en France métropolitaine début 2008 à 9,1% au deuxième trimestre 2009 (9,5% avec les départements d'Outre-Mer), soit près de 2,6 millions de personnes sans emploi. Le chômage partiel à très fortement augmenté: de 30.000 personnes début 2008 à 320.000 au deuxième trimestre 2009.

Les jeunes ont été particulièrement touchés. Le taux de chômage des 15-24 ans est passé de 17,4% à 20,7% entre le premier et le quatrième trimestre 2008. Début 2009, le chômage des jeunes a continué d'augmenter, atteignant 23,9% au deuxième trimestre, "le taux le plus élevé depuis plus de trente ans".

Cette dégradation du marché du travail a entraîné un ralentissement des salaires réels et surtout un grand écart de richesse. Les 1% de salariés à temps complet les mieux rémunérés du secteur privé, soit 133.000 personnes, ont disposé, en moyenne, d'un salaire brut de 215.600 euros en 2007 soit près de sept fois le salaire moyen de l'ensemble des salariés à temps complet du secteur privé (31.974 euros).

Les très hauts salaires ont plus augmenté que les autres du privé. Trois secteurs sont concernés: le conseil et l'assistance, les activités financières et le commerce de gros. A l'autre extrémité de l'échelle, huit millions de personnes vivaient la même année sous le seuil de pauvreté, correspondant à un niveau de vie inférieur à 908 euros par mois.

Selon l'Insee, il faudra "du temps" pour mesurer précisément l'ensemble des conséquences de la crise. Le redémarrage de l'emploi est effet "retardé par rapport à celui de l'activité", et les perspectives à court terme pour le chômage "restent mauvaises".

Enfin, élément non négligeable: la crise risque d'affecter temporairement la natalité. "La forte hausse du chômage, la baisse des revenus, l'incertitude croissance sur l'avenir modifieront vraisemblablement les comportements reproductifs des ménages, d'autant que les jeunes sont les premiers touchés", indique l'Institut de la statistique. Une baisse des revenus liée à la crise peut aussi conduire à une baisse du nombre d'enfants.

Le nombre de naissances avait augmenté de 1,9% en 2008 par rapport à 2007, à 834.000, et la France est, avec l'Irlande, le pays de l'Union européenne où la fécondité est la plus forte.
 

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