L'hôtellerie-restauration encore loin d'un accord salarial

En échange de la TVA réduite à 5,5%, le gouvernement avait demandé à l'hôtellerie-restauration de conclure un accord sur les salaires. Les partenaires sociaux avaient jusqu'à ce lundi pour aboutir, mais aujourd'hui fin de journée, les négociations étaient toujours bloquées, peu aidées, il est vrai, par la guerre des chefs qui agite l'Umih, principale organisation patronale du secteur.

Le gouvernement avait donné ce lundi comme date butoir aux partenaires sociaux de l'hôtellerie-restauration pour parvenir à un accord sur les salaires. Cette exigence venait en contrepartie de la baisse de 19,6% à 5,5% de la TVA mise en place le 1er juillet dernier. L'autre engagement phare des restaurateurs portait sur la baisse des prix, qui n'a pas eu l'ampleur escomptée, au point que la commission des Finances du Sénat a adopté lundi dernier à l'unanimité un amendement rétablissant à 19,6% le taux de TVA ... et abandonné en séance un peu plus tard.

Les cinq organisations patronales (Umih, Synhorcat, GNC, CPIH, Fagiht) ont proposé une revalorisation moyenne des salaires de 6% (coût, selon eux, de 600 à 900 millions d'euros par an), le rajout de deux jours fériés supplémentaires (200 millions), la promotion du tutorat et des certificats de qualification professionnelle, ainsi que la mise en place d'une mutuelle de santé (150 millions).

Ils s'engagent aussi à ce que le premier niveau de la grille salariale soit systématiquement au-dessus du Smic. "Au total, nous sommes au-delà de l'engagement pris" de 700 à 800 millions d'euros pour les mesures sociales, d'après Didier Chenet (Synhorcat), qui estime que "ce que certains restaurateurs n'ont pas donné au niveau des prix, nous le donnons aux salariés".

Une prime pérenne, le point d'achoppement

"La baisse de la TVA, c'est tous les ans", ont fait valoir de leur côté certains syndicats - la CGT, FO, et la CFTC - qui exigent une "prime pérenne" en sus.

Le principe d'une prime a été accepté en milieu de journée par le patronat mais sa pérennité semble exclue. "Les sénateurs nous ont rappelé que la TVA pouvait être rehaussée par un gouvernement, quel qu'il soit", a souligné Didier Chenet.

"Pour convaincre les jeunes de revenir dans les métiers de la restauration, il va falloir mettre la main au porte-monnaie", a averti Stéphane Fustec (CGT).

Les trois syndicats (CGT, FO, CFTC) se sont ainsi déclarés prêts à claquer la porte s'ils n'obtenaient pas l'engagement d'une prime pérenne. En réponse, dans le courant de la journée, les organisations patronales ont proposé une prime durant trois ans, plafonnée à 200 euros par an et par salarié.

Cette prime correspondrait à 1% de la masse salariale pour les salariés des restaurants, soit 200 euros au maximum, à 0,5% de la masse salariale pour les salariés des hôtels-restaurants, soit 100 euros au maximum, et rien pour les salariés des hôtels, ont rapporté les syndicats, qui refusent toujours de signer l'accord en l'état.

Les deux autres syndicats, CFDT et CFE-CGC, signataires d'un premier projet d'accord en juillet, auquel s'étaient opposés CGT, FO et CFTC, semblent, pour leur part, essentiellement soucieux "que l'on ne détricote pas ce qui avait été acquis cet été".

Bataille au sommet

Les négociations sont de plus parasitées par une "guerre des chefs" au sein de l'Umih. L'ancien président de la première organisation patronale du secteur, André Daguin, affirme avoir été élu président par intérim lors du congrès de l'Umih la semaine dernière. Christine Pujol, présidente depuis plus d'un an, n'en démord pas: elle a annoncé lundi un recours en justice pour "trancher".

Les deux chefs n'ont eu de cesse de se bousculer devant la presse et l'ambiance était à couteaux tirés autour de la table des négociations, selon des témoins.

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