"La justice fiscale, c'est un immense sujet. Moi, je ne crois pas au grand soir de la fiscalité", a estimé ce jeudi Christine Lagarde, ministre de l'Economie, sur Canal Plus. "Quand on prend 50% du revenu de quelqu'un pour payer des impôts, cela me paraît déjà pas mal", a-t-elle souligné, chiffrant la facture annuelle pour l'Etat "autour de 586 millions d'euros".
"Ce que me disent tous les investisseurs, que ce soit des Français ou des étrangers c'est, "de grâce, ne modifiez pas le système fiscal à chaque loi de finances, il nous faut de la stabilité, de la prévisibilité"", a-t-elle expliqué. "On n'a pas besoin au moment où la croissance française est un petit peu meilleure que les autres croissances en Europe de donner un méga coup de frein et de retenir cette croissance (...) Ce dont a besoin dans notre économie, c'est d'emploi. Pour avoir des emplois, il faut qu'on ait des investissements, pour avoir des investissements, il faut qu'on ait des capitaux sur le territoire français", a-t-elle plaidé.
Christine Lagarde a aussi souligné que "le bouclier fiscal, ce n'est pas que pour les plus riches". "Il y a de très nombreux petits revenus qui bénéficient du bouclier fiscal. Des gens qui ont passé toute leur vie à économiser et qui s'achètent une maison dans un endroit qui prend de la valeur, très vite ils viennent au seuil au-delà duquel ils doivent payer des impôts fonciers de toute nature (...) 60% des bénéficiaires du bouclier fiscal sont de petits revenus. C'est vrai qu'à l'autre bout de la chaîne, il y a des gros patrimoines qui bénéficient beaucoup du bouclier fiscal mais c'est souvent aussi parce qu'ils ont beaucoup payé d'impôts".
Par ailleurs, elle a estimé que les fonds spéculatifs ("hedge funds") pourraient tomber sous le coup d'une taxe sur les banques. "Il faut qu'on ait un mécanisme de taxation qui responsabilise les acteurs, banquiers et peut-être au delà", a fait valoir le ministre. "En particulier les acteurs financiers tels que les "hedge funds" pourraient tout à fait être redevables de cette taxation", selon elle. Une telle taxe, destinée à responsabiliser les acteurs du secteur financier et lutter contre le risque systémique, c'est-à-dire que la faillite d'une banque ébranle tout le système, pourrait être pérenne "parce le risque systémique, il est permanent".