Rigueur ou croissance, réforme des retraites : les conseils pour la France de Dominique Strauss-Kahn

"L'Europe n'est pas seule à être endettée, mais la différence c'est qu'en Europe il n'y pas de croissance. S'il y avait 3% de croissance, on ne parlerait pas tellement du problème de la dette et on n'aurait pas les attaques sur l'euro", a lancé ce jeudi soir sur France 2 le directeur général du FMI (Fonds monétaire international), le français Dominique Strauss-Kahn.
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)

L'Allemagne et la France ne devraient pas se focaliser sur la réduction de leurs déficits budgétaires dans un laps de temps trop court, sous peine de casser la croissance, a déclaré ce jeudi soir Dominique Strauss-Kahn. Interrogé par France 2 à la veille d'une nouvelle réunion des ministres des Finances de l'Euroland, le directeur général du Fonds monétaire international a également estimé que la zone euro avait besoin d'une gouvernance économique forte et d'une politique de croissance pour sortir de la crise actuelle.

S'il ne conteste pas la nécessité pour la Grèce, le Portugal ou l'Espagne de réduire leur endettement, Dominique Strauss-Kahn s'inquiète des velléités d'austérité des grands pays de la zone euro, Allemagne et France en tête. "Il ne faut pas que les gros pays ralentissent trop vite sinon on va casser la croissance", a-t-il déclaré en répétant un avis maintes fois exprimé par le FMI.

"Il n'est pas écrit dans le marbre qu'il faille absolument qu'en 2012 ou 2013 on soit revenu à 3% (de déficit-NDLR)", a-t-il dit en notant que "la situation allemande, française n'a rien de dramatique sauf en termes de croissance". "Plus on a un plan trop ambitieux, impossible à réaliser, moins il est crédible. Il vaut mieux avoir des choses plus crédibles, plus lentes, socialement beaucoup plus supportables", a expliqué l'ex-ministre socialiste."Il faut effectivement réduire les déficits mais ne pas vouloir le faire à marche forcée", a-t-il ajouté.

Dominique Strauss-Kahn a plaidé en faveur d'une plus grande coordination en Europe. "Je ne crois pas que la zone euro soit en risque d'exploser, en revanche le risque c'est qu'elle fonctionne mal", a déclaré le patron du FMI qui, comme ministre français des Finances, avait participé à la création de la monnaie unique à la fin des années 1990.

Insistance sur la croissance

Un comité de travail dirigé par Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, tient vendredi une première réunion consacrée aux moyens de renforcer la gouvernance économique dans l'Union européenne et la zone euro. Pour le directeur général du FMI, la crise actuelle a souligné le problème de la dette, mais plus encore ceux de la croissance et de la crise de confiance dans le politique.

"La maison Europe n'est pas en ordre", a-t-il dit en regrettant qu'il ait fallu "des mois et des mois, arriver au bord du gouffre" pour s'entendre sur le sauvetage de la Grèce. "La solidarité ce n'est pas la charité, les pays de la zone euro sont ensemble et il faut qu'ils soient capables de travailler ensemble, honnêtement on voit bien que ce n'est pas trop le cas", a-t-il déclaré en visant l'Allemagne."La conséquence c'est que tout tire à hue et à dia, le monde entier regarde ça, regarde le fait que cela produit peu de croissance et perd confiance dans l'Europe".

Interrogé sur la croisade de la chancelière allemande Angela Merkel contre la spéculation, il a estimé que les attaques contre l'euro n'auraient pas lieu si l'Europe parlait d'une seule voix et n'était pas à la traîne en matière de croissance. "Il y a des spéculateurs et il faut lutter contre, mais il n'y a pas que des spéculateurs. (...) La spéculation n'est en rien pardonnable mais elle n'est que la traduction qu'en-dessous de tout cela les choses ne vont pas bien", a-t-il dit.

En forçant les Européens à renforcer leur coordination économique, "la crise peut être un mal pour un bien", a ajouté Dominique Strauss-Kahn. Le FMI prévoit une croissance de seulement 1% dans la zone euro cette année, contre 3% aux Etats-Unis où, a-t-il souligné, l'exécutif fédéral a beaucoup plus de poids dans la politique économique. "L'Europe n'est pas seule à être endettée mais la différence c'est qu'en Europe il n'y pas de croissance. S'il y avait 3% de croissance on ne parlerait pas tellement du problème de la dette et on n'aurait pas les attaques sur l'euro", a-t-il affirmé.

Retraite : pas de dogme sur les 60 ans

Par ailleurs sur le projet de Nicolas Sarkozy concernant la réforme des retraites, Dominique Strauss-Kahn a estiméqu'il fallait éviter le dogmatisme, notamment au sujet de l'âge légal de départ à la retraite. Il a évoqué des pistes, l'allongement de la durée de cotisation, l'épargne individuelle ou la baisse du niveau des pensions. "Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne solution mais c'est possible", a fait valoir l'ancien ministre socialiste de l'Economie, qui a pris soin de dire qu'il ne souhaitait pas parler de la situation française en particulier.

Nicolas Sarkozy a fait de la réforme des retraites sa priorité pour 2010. Le gouvernement prépare un projet de loi pour la mi-juin. Le Parti socialiste a présenté cette semaine son contre-projet de réforme des retraites, faisant un axiome du maintien de l'âge de départ à la retraite à 60 ans, repoussant l'allongement de la durée de cotisation à l'après-2025 et instaurant une série de taxes sur les revenus du capital.

Interrogé sur le "dogme" des 60 ans, Dominique Strauss-Kahn a répondu: "Je ne crois pas qu'il faille avoir de dogme". Il a ajouté que, puisque l'espérance de vie augmentait, "il faudra bien d'une manière ou d'une autre ajuster tout ça". "Le monde change très vite (...) On ne peut pas vivre enfermé à Berlin, à Londres, Rome ou Paris sans regarder ce qui se passe en Chine, en Inde, au Brésil, dans le reste du monde (...) Si on a les yeux braqués sur le XXe siècle, sur la rue d'en face, les autres avancent et on se retrouve dans la situation où c'est l'Europe qui finalement apparaît le maillon faible de l'ensemble du système", a-t-il prévenu. A ses yeux, l'âge de départ à la retraite "doit être très différent selon les individus et les professions". "Je me suis battu longtemps sur ces idées de pénibilité, sur le fait qu'on fait des carrières différentes, plus ou moins pénibles et la justice, c'est quand même à l'arrivée que vous puissiez partir plus tôt", a estimé Dominique Strauss-Kahn.

Commentaires 20
à écrit le 28/05/2010 à 15:08
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a NIMBUS 2 : on ne touchera pas aux retraités avant les élections, mais il sera prélevé plus de csg ensuite sur nos pensions, équité oblige ! on peut perdre aussi l'abattement des 10 % les veuves ont perdu leur demi part étalée en 3 ans ! on y passe...

à écrit le 28/05/2010 à 15:04
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Abiensur : les classes moyennes trinqueront toujours : pas question de suspendre le bouclier fiscal malgré la crise ! nous payons nos impôts honnêtement et sommes toujours sollicités car nombreux encore ! sarko protégeant les mieux lotis, il nous fau...

à écrit le 28/05/2010 à 15:00
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à gassmann : la dette a doublé avec Sarko : il vous dira qu'il y a eu la crise financière " mais il n'a rien innové" beaucoup de com, peu de "résultats"on nage comme les autres pays européens ! la croissance il n'est pas allé la chercher ! sans elle ...

à écrit le 26/05/2010 à 8:09
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à pauvre gauche : nous avons certes beaucoup de fonctionnaires, mais leur nombre diminue ! nous avons surtout trop de "régimes spéciaux" plus avantageux que la fonction publique que Sarko a épargnés voici 2 ans : eux ne sont pas concernés par le repo...

à écrit le 25/05/2010 à 13:28
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reduire la dette cumulee environ 1500 mds euros sur 30ans soit 50mds par an en 1) reduisant les niches fiscales coutant 70mds an 2)en renforcqnt la lutte contre la fraude fiscale 3)en limitant les deficits annuels a 1%maxi du pib

à écrit le 23/05/2010 à 22:31
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Sur la question de l'age du départ à la retraite,il y a beaucoup de bla-bla-bla.Revenons à une base saine, la seule solide et implacable : celle des mathématiques,et sur le ratio actif/retraité.Avec la longueur de vie qui s'allonge,ce ratio demande q...

à écrit le 21/05/2010 à 17:29
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Je vois mal DSK quitter la présidence du FMI, pour devenir candidat à la présidence de la république d'un pays , plutôt mal en point. Et surtout , se frotter à des partis politiques , et des syndicats égoïstes, incapables de se mettre d'accord...

à écrit le 21/05/2010 à 14:53
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à mimosa ,tu oublies la crise ,si elle n'avait pas de conséquences directe sur la croissance ,la France serait la seule à en patir ,je ne pense pas que ce soit le cas. Les divergeances entre Sarko et DSK c'est une feuille de cigarette. Tout a été dit...

à écrit le 21/05/2010 à 14:22
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Quelle difference de niveau avec AUBRY et ses dogmes d'un autre age!!!

à écrit le 21/05/2010 à 10:14
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après la prestation de B. HAMON hier soir sur France 2 je suis triste....la gauche est prisonnière de ses fonctionnaires et de tout les acquits d une autre époque ...DSK a enfin compris que nous sommes passé a cote les autres évolue sans nous

à écrit le 21/05/2010 à 9:50
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on comprend mieux strauss khann que sarko ou l'ump ! la croissance est le premier objectif pour gommer les dettes ? sarko avait promis d'aller la chercher en 2007 ! diable que fait-il donc ? Réunir le parlement pour modifier la constitution sur les ...

à écrit le 21/05/2010 à 9:46
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déjà on comprend mieux strauss khann que sarko et l'ump ! il évoque davanta

à écrit le 21/05/2010 à 9:11
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d'accord ce n'est pas avec ce genre de croissance a moins de 3% par an qu'on va s'en sortir , c'est pas non plus en delocalisant les entreprises en chine qu'on va y gagner sauf des rmistes et des pré-retraités , il faut relocaliser les emplois indust...

à écrit le 21/05/2010 à 8:49
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J'ai regardé l'émission ( Chabot), c'est la première fois que j'entends un exposé de DSK. C'est marrant, je comprends tout ce qu'il dit, il parle comme vous et moi, c'est clair , précis, sans fioriture, bref çà change si vous voyez ce que je veux di...

à écrit le 21/05/2010 à 8:23
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l'allongement de la durée de vie fait qu'il y a de plus en plus d'électeurs retraités. Toucher au montant des pensions serait un risque électoral majeur pour celui qui le déciderait ou laisserait faire. Piste inenvisageable politiquement. Seul moyen ...

à écrit le 21/05/2010 à 6:52
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Je pense que la réduction des déficits est nécessaire mais que le plan de rigueur, notamment en France, (appelons un chat un chat) pourrait avoir des conséquenses désatreuses pour la croissance de la consommation par la baisse des revenus réels et no...

à écrit le 21/05/2010 à 6:24
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M. Strauss Kahn est quelqu'un de raisonnable. Si par le plus grand des hasards il devait etre candidat en 2012, que seront alors les position du PS sur - la retraite a 60 ans, - l'economie de marche, la mondialisation, la reduction du nombre de fonct...

à écrit le 21/05/2010 à 5:39
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D. Strauss-Kahn socialiste ? il suffit de ..., il suffit de ..., ça coule de source ! Non ! vous oubliez de dire qu'il est anormal que les mêmes directeurs de banques responsables des subprimes sont toujours en place au lieu d'être en prison, que le...

à écrit le 21/05/2010 à 0:27
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On oublie souvent de citer outre la croissance, la grande difference d'un pays a l'autre quant aux marges de manoeuvre face a l'endettement. Dans des pays deja soumis a une fiscalite excessive, la dette et les deficits sont insupportables car leur re...

à écrit le 20/05/2010 à 19:46
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je ne veux pas de dsk car les classes moyennes vont encore trinquees davantage - merci la gauche , elle ne ns a rien apporte -

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