Eric Woerth sur la réforme des retraites : "Etre ferme, c'est l'intérêt national"

Invité par l'Association des journalistes économiques et financiers, le ministre du Travail a déclaré s'attendre à ce qu'il y ait beaucoup de monde dans la rue lors de la manifestation nationale contre la réforme des retraites. Pour Eric Woerth, la fermeté sur ce dossier relève de l'intérêt général.

Les manifestations du 7 septembre ne changeront globalement pas la réforme des retraites... c'est en résumé la ligne du ministre du Travail, invité à s'exprimer sur le projet de réfrome des retraites du gouvernement par l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).

La mobilisation nationale des opposants au projet du gouvernement laisse en effet Eric Woerth à la fois lucide et serein : "Nous pensons qu'il y aura du monde dans la rue le 7. Ce sera une manifestation évidemment certainement très importante. (...) Et en même temps, je me dis : c'est pas cela qui peut faire changer la réforme des retraites parce que si on change fondamentalement notre réforme, au fond il n'y a plus de réforme des retraites "

Selon le ministre du Travail, "il faut à la fois évidemment être ferme parce que c'est l'intérêt national, c'est l'intérêt général des Français, mais en même temps il faut écouter, ouvrir sa porte, ses oreilles, sa fenêtre, son esprit à ce qui se dit, nous l'avons déjà beaucoup fait". L'exécutif s'est jusqu'à présent montré inflexible sur le report de l'âge légal de départ en retraite, qu'il considère comme le paramètre principal pour juguler les déficits croissants des régimes de retraite. Son projet vise à équilibrer les comptes de retraites en 2018, date à laquelle une nouvelle réforme serait nécessaire.

"On peut aller probablement un peu plus loin sur la pénibilité"

Il a en revanche laissé ouverts trois sujets : la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnés et dit qu'il déposerait des amendements au Parlement qui tiendraient compte des demandes des syndicats sur ces thèmes. "On peut aller probablement un peu plus loin sur la pénibilité", a ajouté Eric Woerth, en précisant que la teneur des amendements qui seront déposés par le gouvernement à l'Assemblée n'était pas encore tranchée.

Ces ouvertures répondent partiellement aux demandes formulées par le secrétaire général du syndicat CFDT. François Chérèque a déclaré dans une interview accordée au Monde daté de jeudi qu'il ne voyait pas le gouvernement reculer sur le report de l'âge légal à 62 ans à l'horizon 2018.Mais il demande que soient pris en compte les carrières longues pour la durée de cotisation, les polypensionnés qui ont cotisé pour plusieurs régimes de retraite et la pénibilité du travail dans certains métiers.

Sa revendication "la plus importante", le maintien à 65 ans de l'âge de la retraite à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés, alors que le gouvernement veut passer à 67 ans, n'a toutefois pas été citée par Eric Woerth.

François Chérèque espère que le gouvernement reprendra le dialogue après la mobilisation de mardi, qu'il espère aussi massive que le 24 juin dernier, date à laquelle de un à deux millions de personnes avaient manifesté, selon les sources.

Si rien n'est fait, le déficit des régimes français de retraite atteindrait près de 50 milliards d'euros par an en 2020 et plus de 100 milliards en 2050 (contre 2,2 en 2006), a calculé le Conseil d'orientation des retraites en avril. En 2010, il est attendu à 32 milliards, soit 2.000 euros pour chaque retraité.
 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.