Retraites : les propositions de l'Elysée au Sénat jugées "insuffisantes"

Les syndicats jugent insuffisantes les propositions de Nicolas Sarkozy faites ce jeudi matin pour modifier le projet de loi sur les retraites. Au Sénat, où le texte est en débat, la majorité pourrait tenter de faire adopter les articles les plus polémiques avant la mobilisation sociale du 12 octobre.

Pour les centrales syndicales, le compte n'y est pas. Les amendements au projet de loi sur les retraites proposés ce jeudi par Nicolas Sarkozy ? geste de la présidence en direction de certains parents ? ne sont pas "pas de nature à modifier la critique fondamentale" sur la réforme, selon Bernard Thibault, le numéro un de la CGT.

Ces propositions de l'Elysée, émises après consultation des sénateurs de la majorité, ont été relayées ce matin par le ministre du Travail, Eric Woerth, devant l'ensemble du Sénat, où le projet est actuellement en discussion.

"Cela fait toujours une très mauvaise réforme pour la masse des salariés et c'est sur cette base-là que nous allons continuer à mobiliser le 12 octobre", a déclaré en réponse Bernard Thibault, lors d'une conférence de presse.

Pour la CFDT, ces mesures constituent "un pas en avant" et leur financement est considéré comme"pertinent", mais le projet de loi en lui-même demeure "insatisfaisant", a indiqué le responsable du dossier pour la centrale, Jean-Louis Malys. Cette ligne est également celle suivie par l'Unsa, qui a réaffirmé sa détermination à "peser pour une modification encore plus substantielle du projet".

Pas de modification sur le point le plus polémique

Perçues comme "un premier recul" à mettre "au crédit des mobilisations", ces mesures ont le défaut de ne pas apporter de réponse sur le report de l'âge de la retraite de 60 ans à 62 ans, souligne pour sa part la FSU.

Même déception du côté de la CFTC, qui a jugé l'amendement concernant les mères de famille " restrictif", et du côté de Solidaires, qui estime qu'il faut "renforcer le mouvement" pour montrer que "plus de 3 millions" de manifestants refusent les nouvelles bornes d'âge (62 ans pour l'âge minimal de départ et 67 ans pour le départ à taux plein).

Les sénateurs socialistes n'ont pas plus adhéré aux nouvelles propositions. Il s'agit "tout juste une absence de recul pour une infime minorité de personnes", a déclaré le président du groupe, Jean-Pierre Bel. "Ces amendements restent des corrections à la marge, l'injustice de la réforme ne bouge pas", a déclaré le patron des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault.

Faire voter les sénateurs avant les grèves ?

Les deux articles du projet de loi modifiant les bornes d'âge (articles 5 et 6) pourraient par ailleurs être examiné en priorité, la commission des Affaires sociales du Sénat ayant fait une demande en ce sens, selon une source parlementaire citée par l'Agence France Presse.

La majorité et l'exécutif pourraient ainsi faire adopter ces articles polémiques avant la prochaine journée de grèves et de manifestations, le 12 octobre.

Jeudi à la mi-journée, seulement 16 amendements sur les 1.200 déposés avaient été examinés, du fait de la multiplication des interventions des sénateurs de l'opposition. Il était initialement prévu que les débats se terminent le 15 octobre ; des séances supplémentaires, par exemple samedi, pourraient être programmées.
 

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