Valérie Pécresse donne des gages aux écoles d'ingénieurs

Leur budget augmente de 3,5 % en 2011 et le monopole de leur diplôme est préservé.

Le vice-président de la conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI), Christian Lerminiaux, avait toutes les raisons d'être satisfait, ce jeudi, à l'issue de la visite de Valérie Pécresse à l'Institut national des sciences appliquées (INSA) de Rouen. Après quelques frayeurs, les écoles d'ingénieur ont obtenu ce qu'elles voulaient. A l'occasion d'un point sur l'avenir des écoles d'ingénieurs dans le nouveau paysage universitaire, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a coupé court à toutes les craintes qui se sont fait jour en décembre dernier.

Sur les moyens tout d'abord. Alors que la CDEFI s'émouvait il y a un mois d'une baisse de près de 16% des crédits des écoles sous tutelle du ministère (*) dans le projet de budget 2011, Valérie Pécresse a évoqué des "documents erronés", annonçant à l'inverse une augmentation moyenne pour 2011 de 3,5% de ces 39 écoles d'ingénieurs publiques (*). "Au total, sur 2007-2011, leurs moyens de fonctionnement auront progressé de 17% soit 29 millions d'euros supplémentaires", a souligné la ministre admettant avoir "plus favorisé les universités ces dernières années" .

En 2011, cela se traduit par une rallonge de 6,7 millions d'euros, dont 4,1 millions financeront l'augmentation de 14% des étudiants boursiers et 2,6% pour les treize écoles qui passeront, comme les universités, à l'autonomie (Ecoles centrales de Nantes et de Paris, les universités technologiques de Belfort, Compiègne et Troyes, l'Insa de Rouen, l'INP de Toulouse...). A cela s'ajoutent 45 millions d'euros (dont 17 en 2009 grâce au plan de relance) d'investissements (travaux de mise en sécurité et d'accessibilité handicap). La ministre en a profité pour inviter les écoles d'ingénieurs à "s'insérer dans leur territoire" et à se rapprocher des universités dans le cadre des appels à projet du grand emprunt.

Produit d'exportation

Autre sujet de friction, lié justement au rapprochement écoles-universités : la crainte des écoles d'ingénieurs de se voir dessaisir du monopole de leurs diplômes, accrédités depuis 1934 par la commission des titres d'ingénieurs (CTI). Les récentes recommandations de l'Agence d'évaluation de l'enseignement supérieur et de la recherche (Aeres) de "labelliser" des masters universitaires en ingénierie avaient provoqué une levée de bouclier de toute la profession (La Tribune du 21 décembre 2011). La ministre a été ferme sur ce point, convertie apparemment par sa rencontre avec la CDEFI mardi, indiquant ne pas voir "la nécessité de créer un master d'ingénieur". Si la ministre cherche de plus en plus à remettre les universités sur le devant de la scène (intégration de classes prépas, plus de recherche, autonomie, insertion des docteurs..), elle ne compte apparemment pas ébrécher cette spécificité française que sont les grandes écoles, d'autant plus que l'ingénieur français tel que formé actuellement (professionnalisation, liens avec les entreprises) "est un produit d'exportation".

Mais à l'inverse, les écoles d'ingénieurs lorgnent sur les universités pour leur doctorat, diplôme qui fait foi à l'international. La CDEFI réfléchit actuellement avec le Medef et certaines écoles doctorales à la création d'un doctorat spécifique "incluant des modules de compétences", confie Christian Lerminiaux. Ce doctorat compterait comme une expérience professionnelle, ce qui permettrait de revaloriser les salaires à l'embauche. L'INP de Grenoble, l'UT de Troyes et l'INSA de Rouen pourraient expérimenter ce doctorat à la rentrée 2011.

(*) sur les quelque 200 écoles d'ingénieurs que compte le territoire, 150 sont publiques dont 90 sous sa tutelle : 39 hors universités et 51 intégrées aux universités, dont 12 Polytech.
On comptait 127.987 élèves-ingénieurs en 2010 contre 57.653 en 1991, soit une hausse de 112 % en vingt ans.

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