Objectif : 10.000 diplômés de plus en écoles d'ingénieurs

Les écoles d'ingénieurs veulent passer à terme de 30.000 à 40.000 diplômés par an et labelliser des formations doctorales. Partenariats avec le privé et frais d'inscription sont des pistes pour augmenter les moyens de financement.
Christian Lerminiaux, président de la CDEFI. DR

Depuis plusieurs mois, l'avenir des formations et des métiers d'ingénieurs fait débat. Contributions, rapports, livres blancs, projets de nouvelles labellisations se succèdent (La Tribune du 13 avril 2011). Tout juste élu à la tête de la conférence des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI), Christian Lerminiaux compte, dans la continuité de son prédécesseur, s'attaquer à plusieurs grands chantiers.

Même si l'idée d'une pénurie d'ingénieurs en France ne fait pas consensus (les 213 écoles accréditées forment chaque année 31.500 ingénieurs dont 26.000 restent sur le marché du travail français, ce qui correspond au nombre d'offres d'emplois, selon le Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France), Christian Lerminiaux juge insuffisants le nombre actuel de diplômés : "Nous en visons 40.000 à terme."

Or les écoles d'ingénieurs ne peuvent atteindre cet objectif, les école doivent diversifier leurs sources de revenus, les subsides de l'Etat ne suffisant alors plus (150 écoles sont publiques). "Le budget par élève ingénieur en France équivaut à seulement un tiers des moyens consentis à l'étranger", note Christian Lerminiaux. La CDEFI a créé une commission chargée de plancher sur le sujet.

Plusieurs pistes sont à l'étude dont le développement de partenariats avec les entreprises. "Il faut aussi se poser la question du financement par les étudiants et faire accepter l'idée que c'est un investissement." Une autre voie pourrait consister en la proposition de crédits par les écoles elles-mêmes, "ce qui engagerait leur responsabilité", notamment en matière d'insertion professionnelle. Des frais d'inscriptions plus élevés pour les étudiants étrangers sont aussi à l'étude. Une option défendue par la Conférence des grandes écoles qui veut tripler le nombre d'étudiants étrangers en France à 750.000 d'ici à 2015 et augmenter les moyens via des frais de scolarité plus élevés.

Expérimentations

L'autre chantier de taille est "de renforcer la recherche", insiste Christian Lerminiaux. Si le modèle spécifique français des écoles d'ingénieurs est réputé et s'exporte, il souffre d'un manque d'harmonisation au niveau international, où la formation en université et le doctorat (PhD) sont la règle. "Nous savons traiter les problématiques sociétales. Nous avons des compétences en matière technique et d'évolution des usages (acceptabilité des risques en énergie par exemple). C'est là que nous avons une carte à jouer par rapport aux universités", estime le président de la CDEFI, rappelant que les grands groupes multiplient les centres de R&D à l'étranger.

"Pour maintenir la R&D en France, nous devons avoir un avantage compétitif. Or il est probable que le modèle actuel ne suffise plus." Les écoles vont donc s'ingénier à "développer les compétences au niveau doctoral et pousser les entreprises à recruter à ce niveau." Des référentiels de compétence sont en train d'être mis en place en partenariat avec le Medef.

Mais pour mettre sur pied ce projet, les écoles d'ingénieurs ont besoin des universités, puisque ce sont elles qui délivrent les doctorats. Des expérimentations, d'une durée d'un an minimum, ont déjà été lancée avec des écoles doctorales (universités de Rouen, Grenoble, Toulouse, Troye, Le Havre et Lyon). Un comité de suivi sera installé en septembre prochain et, en cas d'évaluation positive, ces formations doctorales seront labellisées paritairement ce qui permettra de favoriser le recrutement et de garantir des fonds supplémentaires.

Les entreprises pourraient aussi participer à l'accréditation, ce qui permettrait d'assurer le recrutement et de garantir des fonds supplémentaire. Enfin, la CDEFI compte bien prendre place sur le marché de la formation continue. Une commission formation vient d'être mise en place à cette fin.

Commentaires 16
à écrit le 27/07/2011 à 11:03
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Et tant d'ingéneurs seniors expérimentés sont au chomâge ! Les écoles d'ingénieurs passent des partenariats avec les grandes entreprises et leur fournissent ainsi la main d'oeuvre qui coûte rien en tant que stagiaires. Tout ça sous l'oeil bienveillan...

à écrit le 26/07/2011 à 16:02
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création d'intelligence par décret, ce gouvernement fait des miracles du jour au lendemain parceque quelqu'un dans un bureau a trouvé l'idée intéressante il va exister 10000 ingénieurs supplémentaires !!! mais quid des profs pour les former? qui...

à écrit le 26/07/2011 à 11:36
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Les Américains forment chaque année 75 000 scientifiques et ingénieurs de niveau master, dont un peu plus de 45 000 Américains. Les Français qui sont 5 fois moins nombreux forment 30 000 ingénieurs bac + 5 (ayant donc un titre de master) et près de 2...

le 27/07/2011 à 17:27
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François, commentaire sérieux et compètent on voit qu'on à affaire à une personne intelligente, mais les 3 millions de chômeurs qui ont un dîplome où pas quelle serait selon vous la bonne déçision à prendre, je suis impatient de lire vôtre réponse, s...

à écrit le 26/07/2011 à 11:06
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Je suis d'accord avec la tonalité générales des messages ci dessous. Il y a trop d'ingénieurs sur le marché du travail, qui ne sont pas bien payés sauf pour les filières genre Polytechnique, souvent peu compétents et de toute façon ce sont souvents d...

à écrit le 26/07/2011 à 9:49
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Le problème est qu'il n'y a pas tant que ça d'étudiants ayant de bonnes compétences scientifiques et techniques. On a déjà créé, ou laissé se créer, beaucoup d'écoles d'ingénieurs de niveau extrêmement faible, payantes, qui recrutent des gens qui n'o...

le 26/07/2011 à 11:43
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La commission des titres est très stricte dans la reconnaissance du diplome d'ingénieur et heureusement. Ce n'est pas n'importe quelle école qui peut en délivrer. S'il y a une manoeuvre à voir, c'est celle du patronat qui cherche à embaucher à bas pr...

à écrit le 26/07/2011 à 8:01
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La France a déjà beaucoup trop d'ingénieurs au chômage et 10 000 de plus n'offrent pas un grand intérêt. Ne vaut-il pas mieux former des professionnels qualifiés qui nous font si cruellement défaut ? La France chosit le concept de l'armée mexicaine.

à écrit le 26/07/2011 à 7:36
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C'est vraiment criminel d'augmenter encore et encore le nombre d'ingenieurs. Il n'y a aucune pénurie! C'est même le contraire. En télécom c'est bouché, en mécanique c'est mort depuis 20 ans, en éléctronique c'est fini depuis 10 ans,...Voir le site du...

à écrit le 26/07/2011 à 4:25
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A quoi bon générer plus d'ingénieurs nouveaux-nés s'ils s'avèrent incompétents ? Le monde du travail n'a pas besoin de se retrouver mené par des gamins sans expérience. Vous voulez plus d'ingénieurs ? Alors favorisez l'accès à des personnes d'expérie...

le 26/07/2011 à 6:24
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Et vos ingénieurs expérimentés ils ont commencés comment ? Avec la science infuse à la naissance ? On parle bien de R&D dans l'article et pas uniquement de management.

le 26/07/2011 à 7:42
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Si on parle bien de R&D, l'Etat ferait mieux de baisser les charges pour toutes les entreprises pour qu'elles deviennent plus competitives.Ce n'est pas en abaissant les salaires des ingenieurs en augmentant leur nombre que les entreprises feront plus...

le 26/07/2011 à 8:44
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Certes mais pour faire de la R&D il faut bien des ingés, de plus les vieux ingés quittent souvent la fonction technique pour d'autres fonctions alors faut bien former des jeunes, maintenant à savoir si il y a déjà trop d'ingés ou pas c'est une autre ...

le 26/07/2011 à 9:14
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Ce n'est pas ca qui manque les jeunes qui voudraient faire de la recherche. L'ennui c'est qu'il n'y a pas assez de places, que ce soit pour faire une thèse ou même trouver un poste après. C'est très souvent par dépit que des jeunes diplomés se reorie...

le 26/07/2011 à 9:16
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@Chris: je ne parlais pas d'ingénieurs expérimentés mais plutôt d'anciens qui n'ont pour seul diplôme un bac+2 voir moins mais qui valent 10 jeunes ingénieurs à eux seuls en matière de technique. Une autre question que l'on doit se poser : la formati...

le 26/07/2011 à 10:21
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@SoldatLouis , je pense comme vous que les grandes écoles d'ingés forment des managers alors qu'on aurait besoin de ces gens pour faire de la R&D , dans le détail je ne connais pas les chiffres des orientations de tous ces ingénieurs. Si ces ingés s'...

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