Le singulier consensus français sur la Grèce

Ce mardi, le parlement français devrait sans surprise voter le nouveau plan d'aide à la Grèce. Une absence de débat qui tranche avec la polémique suscitée en Allemagne dans l'opinion publique.
La Tribune Infographie / SSAULNIER

Alors que ce mardi le parlement français devrait approuver dans l'indifférence générale le deuxième plan de soutien à Athènes, la cour constitutionnelle allemande rendra un avis mercredi sur les plans précédents. Certes, cet avis devrait être positif, mais les conditions posées par Karlsruhe relanceront sans doute le débat ? très vif dans la République fédérale ? sur l'encadrement et l'intérêt de l'aide à la Grèce et aux autres pays en difficulté. Entre les deux rives du Rhin, le contraste est frappant : chez nous, le débat est quasiment absent, là-bas il est omniprésent. Comment expliquer cette nouvelle fracture franco-allemande ?

Commençons par les situations économiques qui sont très différentes. Redevenue selon l'expression à la mode outre-Rhin « la locomotive européenne de la croissance », bénéficiant d'une situation budgétaire saine, l'Allemagne perçoit de plus en plus l'Europe comme un poids et de moins en moins comme une chance. Si elle exporte plus des deux tiers de ses biens vers l'Union européenne, cette part se réduit chaque année au profit des marchés émergents, en particulier asiatiques. Le différentiel de croissance économique entre l'Allemagne et le reste de la zone euro est la traduction dans faits de ce « découplage ». Dès lors, les avantages de l'euro sont moins évidents à percevoir. À l'inverse, la France, minée par une croissance faible et par ses déficits publics, ne peut se permettre de subir un éclatement de la zone euro ou de laisser distendre son lien à l'Allemagne, mesuré par l'écart des taux des obligations respectives. La monnaie unique lui garantit non seulement son « triple A », mais la met à l'abri du scénario des années 1970 où se conjuguait plans de rigueur, dévaluation et chômage.

Vient ensuite une explication plus politique. L'Allemagne parlementaire n'est pas régie par la seule volonté d'Angela Merkel. Cette dernière doit prendre en compte ses partenaires de coalition. Or, les Libéraux, à l'agonie dans les sondages, ont décidé de jouer une ligne dure sur la question de l'aide à la Grèce. De même, les Bavarois de la CSU, toujours prompts à se révolter contre la CDU d'Angela Merkel, sont de farouches opposants à toute solution fédéraliste. Même au sein de la CDU, les plans de sauvetage de l'euro font débat. Dans une Allemagne où la politique se fait plus au Bundestag (le parlement) qu'à la chancellerie, cela créé facilement les conditions d'un débat dans l'opinion.

À l'inverse, la majorité présidentielle française ne remet pratiquement jamais en cause les choix internationaux du président. Et le PS, soucieux d'éviter tout vrai débat sur l'Europe depuis le choc du « non » au référendum de 2005, se garde bien de sortir du bois sur le sujet.

La fourmi allemande

Enfin il faut prendre en compte les éternelles divergences culturelles. En Allemagne, la question de la dette est sérieuse. Dans sa vie quotidienne, la fourmi allemande hésite à recourir au crédit. Le choc inflationniste des années 1920 a laissé des traces. Dans les sondages, les Allemands, contrairement aux Français, font de la consolidation budgétaire une priorité, bien avant le pouvoir d'achat et les baisses d'impôts. Il sont donc prompt à blâmer les cigales grecques, sentiment relayé dans la presse tant par le populaire « Bild Zeitung » que la sérieuse « Frankfurter Allgemeine Zeitung ».

N'oublions pas que les Allemands ont consenti des efforts pour redresser la situation de leur pays au début des années 2000. Ils se souviennent de la sévérité des réformes de l'ère Schröder et du douloureux dispositif Harz IV sur l'âge de la retraite ou les salaires. D'où l'incompréhension lorsqu'ils constatent le rejet des Grecs ou des Français des plans de rigueur imposés par leurs gouvernements.

Commentaires 49
à écrit le 07/09/2011 à 12:54
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quelle garantie sonnante et trébuchante exigeons-nous de la Grèce? AUCUNE-ce pays ne remboursera jamais-se souvenir des emprunts russes! Les chinois par exemple se sont emparés du port du Pirée, l'un des plus importants ports européens N'importe que...

à écrit le 07/09/2011 à 9:24
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En allemand, "dette" se dit "Schuld" qui signifie également "culpabilité"; pas surprenant que dans la mentalité allemande, les pays débiteurs soient assimilés à des pays coupables. En fait, les pays les plus touchés par l'actuelle crise sont tous de...

le 07/09/2011 à 11:18
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Travailler plus, et parler moins!

à écrit le 07/09/2011 à 8:06
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La fin de l'euro a été annoncé en 2010 par jacques Sapir pour fin 2011. Nous y sommes presque. Voir :http://www.dailymotion.com/video/xgc3c5_2011-la-fin-de-l-euro_news

à écrit le 06/09/2011 à 21:59
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Tout cela montre bien que la belle idée d'une Europe unie est loin d'être achevée, d'abord dans les mentalités et secondairement dans les institutions. L'Euro n'est qu'un artifice dénué de sens dans une union qui n'en est pas une. Depuis 40 ans, nos ...

à écrit le 06/09/2011 à 21:06
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Les banques allemandes et françaises sont les banques européennes les plus exposées à la dette grecque, ce qui explique bien des "choix politiques" des gouvernements de ces deux pays. En outre, l'Allemagne bénéficie avec l'Euro d'une monnaie sous-év...

le 07/09/2011 à 12:30
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L'Etat français nous avait vendu l'euro, 6F55! Le même état serait-il capable de nous revendre 5 francs pour 1 euro ??

à écrit le 06/09/2011 à 19:41
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Toujours d'accord pour gaspiller l'argent du contribuable, en France. Quand donc en aurons-nous fini avec cette malédiction gaulliste d'une politique étrangère dont nous n'avons pas les moyens ?

à écrit le 06/09/2011 à 17:18
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Nouvelle preuve s'il en est que l'UMP et le PS, c'est vert baudet et baudet vert.

à écrit le 06/09/2011 à 15:24
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Le fait que l'Allemagne ne distribue pas l'argent à fond perdu et les yeux fermés explique en fait pour une part pourquoi sa situation économique est meilleure que la nôtre.

le 06/09/2011 à 17:21
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C'est l'évidence même en effet.

à écrit le 06/09/2011 à 13:04
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Un grand retour en arrière dans l?histoire semble nécessaire face aux élucubrations de nos politiques, financiers et médias en tout genre quant à la crise financière actuelle. Des Etats se trouvent, en étant optimiste, en quasi faillite, des plans ...

le 06/09/2011 à 14:17
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Remarquable travail de synthèse dont je vous suis reconnaissant. Je me peermettrais d'ajouter que le couple -Franco Allemand, est en situation de "divorce" car l'Allemagne ne veut pas continuer à financer le gouffre qui se décalrera de toute manière...

le 06/09/2011 à 15:12
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@ Beaumarchais Merci. Le divorce du couple franco allemand est consommé depuis quelques années car, l?Allemagne , à l?inverse de la France, a su conserver et développer son activité industrielle, car elle est devenue une puissance exportatrice de ...

le 06/09/2011 à 15:27
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oui en effet brillante synthése.. cependant et sans reprendre l'exposé si nous plaçons sous un autre éclairage ne pouvons nous pas dire que la "spéculation aux terres inconnues" est finie? je m'explique: pendant ces périodes d?expansion économique ...

le 06/09/2011 à 16:24
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Vous avez raison. J'ai défini le cartel monénaire mis en place par les occidentaux sous le nom "d'effet Veblen" car pointant réellement la non efficience des marchés comme l'a fait l'économiste ailleurs. Cela s'est terminé en 2004 en tant que cycle m...

le 06/09/2011 à 17:22
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Niquel, rien à rajouter. Beau boulot !

à écrit le 06/09/2011 à 12:42
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Magnifique consensus!! Depuis mai 2010 les interventions directes de la BCE (50 MM ? de rachat de titres sur le marché) et de la Troïka (prêt de 110 MM? de la BCE, du FMI et de l'UE) on permis ou vont permettre aux banques et autres créanciers de dim...

le 06/09/2011 à 17:24
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Ah, pour avoir la réponse de qui touche l'argent, il faut revenir à la première réunion de la JP Morgan qui a oeuvrée au travers du "bouclier rouge" à la création des banques centrales qui était en fait privées, comme la FED.

à écrit le 06/09/2011 à 12:19
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Pourquoi la Banque centrale Greque ne garantit pas les crédit avec son or ??

le 06/09/2011 à 14:20
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car elle a pas assez d'or ! il lui en faudrait 10 fois plus, d'ou le nantissement donne au Finlandais sur des immeubles ! Donc c'est "la vente du parthénon" !

le 06/09/2011 à 15:29
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L'once d'or valant 1921 dollars, les Etats ne disposant, pour la plupart, que de faibles réserves, il est difficile, en effet, de payer en or. Mais ceci ne vaut pas que pour les Etats! Entre l'or métal que l'on peut détenir et l'or papier, il y a un ...

à écrit le 06/09/2011 à 11:54
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Mise en quarantaine de la Grèce, jusqu'à ce qu'elle assume ses devoirs . et s'engage à faire rentrer "ses impôts "dans son pays . Pas les notres.

à écrit le 06/09/2011 à 11:51
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Ce 2 ième plan ne DEVRAIT pas être voté ! Les conditions du 1er n'ont jamais été respectée, celles à venir ne le seront pas non plus ! Il faut mettre la Grèce en quarantaine quelques années, histoire de voir si ses dirigeants et ses multi milli...

à écrit le 06/09/2011 à 11:36
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Parmi vos explications des visions économiques différentes entre Allemagne et France, vous oubliez la principale: l'incompétence chronique des politiciens français de tous bords sur le sujet de la finance internationale. Alors que les milieux économi...

le 06/09/2011 à 15:29
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coup de balais ok mais pour qui?

à écrit le 06/09/2011 à 10:59
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L'unanimité des élites est certainement liée à leur qualité, leur science, leur formation, leur sagesse, leur à-propos, leur sens de l'anticipation, leur compréhension subtile des mécanismes économiques, leur connaissance irréprochable des questions ...

à écrit le 06/09/2011 à 10:27
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Notre beau pays a déjà prêté à dire vrai donné une dizaine de milliards à la Grèce en fait aux banques européennes "exposées". Et on s'apprête à redonner 6 milliards soit à pau prêt les deux tiers du plan de rigueur où va t-on et y a-t-il encore un ...

à écrit le 06/09/2011 à 9:34
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LE TRAVAIL EST UN DROIT Article 23 de la déclaration universelle des droits de l'homme: 1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage...

le 06/09/2011 à 11:04
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A condition qu'il y ait du travail...

le 06/09/2011 à 22:23
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A condition qu'ils veulent bien bosser. Regardez combien de postes vacants qui ne trouvent personne pour travailler.

à écrit le 06/09/2011 à 9:34
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La France n'est pas une démocratie au vrai sens du terme. Les décisions importantes y sont prises par un président omnipotent et son gouvernement, et validées par un parlement godillot. D'où l'incrédulité du peuple devant un décision de poids comme l...

le 07/09/2011 à 2:17
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Il n'existe aucune démocratie directe dans le monde, que je sache! Des reprensentants sont élus par le peuple et ceux-ci prennent les décisions en tant que tels.

le 07/09/2011 à 9:39
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Votre réponse me semble des plus "autoritaires" et bien en ligne avec notre "démocratie".

à écrit le 06/09/2011 à 9:19
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"les Allemands, contrairement aux Français, font de la consolidation budgétaire une priorité, bien avant le pouvoir d'achat et les baisses d'impôts". Voilà qui est vrai, très vrai. "Il sont donc prompt à blâmer les cigales grecques" Ceci est moins vr...

le 06/09/2011 à 10:57
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Comme d'habitude on tape sur le premier de la classe qui a fait des efforts, qui a travaillé pour en arriver là ! Donc, si je suis votre raisonnement, c'est à cause de l'Allemagne si la Grèce en est là ?? Pas du tout parce que les Grecs ne paient pas...

le 07/09/2011 à 2:14
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Il ne s'agit pas de taper sur le premier de la classe, la Grèce ne pourrait jamais l'être, quoi qu'elle fasse (à moins de trouver du pétrole, de l'or ou de créer un paradis fiscal) Il s'agit de mettre le doigt sur le vrai problème qui est l'inégalité...

à écrit le 06/09/2011 à 9:01
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Lorsque vous empruntez, la banque prend une hypothèque sur un bien, faisons de même avec la Grèce. on ne prête plus à quelqu'un de surendetté.

le 06/09/2011 à 9:34
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qu'ils hypothequent l'acropole ...

le 06/09/2011 à 11:07
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Les chinois sont passés avant nous...mais il reste encore quelques îles sympas

à écrit le 06/09/2011 à 8:20
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La médiocrité des hommes politiques est confondante,alors que la Grèce est en faillite ils continuent à dilapider l'argent du contribuable,c'est à proprement parlé stupéfiant! Il faut se débarrasser de ces individus(et les juger),leurs fautes sont im...

à écrit le 06/09/2011 à 7:59
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L'allemagne a beaucoup plus besoin de l'Euro que la France, contrairement à ce que vous indiquez dans l'article. L'allemagne est un champion de l'exportation, essentiellement en Europe (depuis 2001 : politique de stagnation des salaires permettant ...

le 06/09/2011 à 8:51
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Tout à fait d'accord. C'est tout à fait ça.

à écrit le 06/09/2011 à 7:49
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Le problème semble surtout être une question de temps. La Grèce est pressée d'obtenir des résultat immédiats, or toute politique de rigueur est dans un premier temps contre productive. Souvenons-nous des premiers mois de Tatcher et Reagan, ce n'est q...

à écrit le 06/09/2011 à 6:52
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Le fonds du problème la Grèce ne pourra rembourser les prêts européens , il est grand temps d en tirer les conséquences, mais qui aura le courage d arrêter l hemoragie

le 06/09/2011 à 7:30
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Effectivement on peut s'interroger sur les capacités de la Grèce qui voit sa dette augmenter via les prêts accordés généreusement par le FMI et l'UE - On peut s'interroger sur l'efficacité des aides financières qui induisent en contrepartie une rigu...

le 06/09/2011 à 9:35
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j'aime le pseudo

à écrit le 06/09/2011 à 6:07
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En Sarkoland on ne débat pas,on invite surtout pas le "peuple"à donner son qpinion,c'est la volonté du prince autocrate,l'etat c'est lui!il lui suffit encore de creuser dans la dette Française pour donner à un pays qui d'après leur propre aveux ne re...

le 06/09/2011 à 7:21
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ce n'est pas qu'en sarkoland on ne débat pas,mais on voit bien que l'um et le ps c'est la meme chose.que cela soit sur la libye ou la decision d'aider la grece,ils ont le meme point de vue. en 2012,ces 2 la n'auront pas une seule voix de ma part.

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