"La lutte est féroce en Europe pour attirer les investisseurs étrangers"

Selon l'étude réalisée par la cabinet Ernst & Young sur l'attractivité en Europe, l'Allemagne est désormais plus séduisante que la France aux yeux des investisseurs étrangers. Le Royaume-Uni reste en tête du classement. Selon Marc Lhermitte, associé au cabinet de conseil et auteur de cette étude, la France doit s'inspirer des réformes engagées outre-Rhin au début des années 2000 pour regagner les faveurs des investisseurs étrangers.
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Quels sont les principaux enseignements de ce dixième millésime du baromètre européen de l'attractivité réalisé par Ernst & Young ?

La France se montre résistante, mais elle cède la deuxième marche du podium européen à l'Allemagne. Aux yeux des décideurs internationaux qui ont été interrogés dans le cadre de cette enquête, le Royaume-Uni reste, en 2011, le pays attirant le plus d'implantations internationales.

Concrètement, qu'ont réalisé les investisseurs directs étrangers (IDE) en Europe et en France ?
En 2011, sur les 3906 investissements réalisés en Europe, 540 projets ont vu le jour en France, que ce soit des projets nouveaux ou des extensions d'implantations existantes. Ces investissements ont permis de créer 13 164 emplois, sur un total de près de 160.000 au plan européen.

Quels sont les secteurs les plus attractifs ?
Outre les équipements industriels, les services aux entreprises, les logiciels, l'agroalimentaire et les services de transport sont plébiscités par les investisseurs étrangers.

Les IDE se concentrent-ils à Paris et en Ile-de-France ?
De toute évidence, la région capitale est le principal centre d'attention, mais les choses évoluent. Pour 49% des décideurs interrogés, parmi les grandes agglomérations, Lyon est un vrai challenger de Paris. Ont également été citées Toulouse, Lille, Marseille et d'autres. Etre doté d'un pôle universitaire d'envergure est notamment un atout indéniable dans la lutte qui oppose les territoires pour faire venir des investisseurs étrangers.

Comment expliquez-vous ce recul du site France dans le classement ?
Ce n'est pas vraiment l'image de la France qui s'est détériorée, c'est surtout celle de ses concurrents qui s'est grandement améliorée sur les dernières années. Pour attirer les IDE, la lutte est féroce entre les pays européens. Ce n'est pas l'action de l'Agence française des investissements internationaux [AFII] chargée d'attirer les IDE qui est en cause, mais plutôt la difficulté à corriger la faiblesse de l'attractivité française, l'incapacité de la France à s'adapter à la nouvelle donne mondiale et à mettre en place une stratégie de compétitivité à l'exemple de ses deux grands voisins.

Quelles sont ces faiblesses de la compétitivité française ?
Comme toutes les entreprises, les compagnies étrangères détestent évoluer dans un environnement fiscal ou réglementaire mouvant. Or, dans ce domaine, la France ne fait pas figure d'exemple. Et les rigidités de son marché de l'emploi ainsi que le coût du travail ne jouent pas non plus en sa faveur.

Les échéances électorales ont-elles joué un rôle ?
Pas vraiment. Aucun des deux principaux candidats ne présentait de programme assez révolutionnaire pour remettre subitement la France dans la compétition mondiale ou pour l'en écarter.

Reculer d'une place sur le podium est-il préoccupant ?
Il ne faut pas dramatiser. Avec 170 projets manufacturiers, la France conserve la première place en Europe au niveau des investissements industriels. La qualité de sa main d'?uvre, de ses infrastructures, de ses pôles universitaires sont, entre autres, très appréciés par les investisseurs. Mais le décrochage d'image est plus difficilement rattrapable car le niveau de la compétition est très élevé. Selon 43% des personnes interrogées, la France est moins adaptée à la mondialisation que ses concurrents. Ce n'est pas bon signe.

Plus globalement, l'image de l'Europe souffre-t-elle de la crise actuelle de la dette souveraine des pays de la zone euro ?
Moins qu'on ne le pense en Europe. Selon la CNUCED, 28% des IDE mondiaux ont pris la direction du Vieux Continent en 2011. Parce que l'Europe et ses 500 millions de consommateurs restent le premier marché mondial, son image reste forte et sa capacité de séduction relativement intacte. Par ailleurs, la bonne santé de l'Allemagne et le rôle de locomotive qu'elle joue actuellement sont une aubaine pour l'attractivité de l'Europe.

Comment l'Allemagne a-t-elle réussi à dépasser la France ?
Les réformes du marché du travail et les efforts de modération salariale engagés outre-Rhin au début des années 2000 portent leurs fruits. L'Allemagne a en quelque sorte montré le chemin à suivre. Reste à savoir si la France saura l'imiter.

 

Commentaires 15
à écrit le 20/06/2012 à 23:55
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cameron attire les entrprises et Flamby se fâche parce que c'est pas bien !!! les mauvais choix ont des conséquences négatives, il ne sert à rien de raler contre cameron mais contre la cause du malaise, hélas la gauche ne sait faire d'autre que distr...

à écrit le 20/06/2012 à 23:39
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"La lutte est féroce en Europe pour attirer les investisseurs étrangers" : ouf ! heureusement, chez nous, la lutte n'est pas très féroce : les investisseurs ont les envoit chez D.Cameron (avec ses chaleureux remerciements) ... !!! au fait : et qu'en...

à écrit le 20/06/2012 à 17:09
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Si j'ai bien comprit,la france etait devant l'allemagne jusqu'a maintenant et pourtant,la situation de l'emplois n'a cesse de se deteriorer....Faudra qu'on m'explique comment en etant devant l'allemagne,les investisseurs n'arrivent pas a creer de l'e...

à écrit le 20/06/2012 à 16:39
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Et pendant ce temps, notre flamy national fait tout pour faire fuir ceux qui sont déja en France. Quel gachis

à écrit le 20/06/2012 à 14:00
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A long terme l'U.K. est menacer par le geant allemand car la deuxieme place n'est pas optimale pour les tricolores d'outre Rhin.L'infrastructure "made in Germany" est etanche: grosses entreprises, PME, entreprises familliales sous-traitants c'est co...

à écrit le 20/06/2012 à 14:00
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A long terme l'U.K. est menacer par le geant allemand car la deuxieme place n'est pas optimale pour les tricolores d'outre Rhin.L'infrastructure "made in Germany" est etanche: grosses entreprises, PME, entreprises familliales sous-traitants c'est co...

à écrit le 20/06/2012 à 13:25
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On peut toujours faire des tableaux de comparaison qui supposent tous à tort que l'objectif des pays serait le même, qu'il y aurait une économie définie comme modèle à appliquer. Heureusement ce n'est pas le cas et ce type d'étude montre la rigidité ...

le 20/06/2012 à 17:14
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On pourra toujours discuter les évidences, mais la politique de relance à la Hollande, c'est ce que faisait l'Allemagne avant Schröder. Un jour, ils ont compris, eux, que cela ne marchait pas. Ils ont alors tenté d'adapter leur modèle au mieux, même ...

à écrit le 20/06/2012 à 12:29
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Encore troisième, mais avec quelle masse financière par rapport au deux premiers ? C'est sur qu'on ne peut pas descendre en dessous des autres. En gros, nous sommes 3ème sur trois, mais les deux premiers ont déjà plusieurs tours d'avance, la brave 2c...

à écrit le 20/06/2012 à 11:24
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Les réformes du marché du travail et les efforts de modération salariale engagés outre-Rhin au début des années 2000 portent leurs fruits. L'Allemagne a en quelque sorte montré le chemin à suivre. Reste à savoir si la France saura l'imiter" . Bref, n...

le 20/06/2012 à 12:08
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La France fait du social et les autres pays font du business.

le 20/06/2012 à 13:25
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business : c'est pas un mot anglais qui signifie paupériser une population de travailleur pour augmenter les marges et donc les bénéfices (pour mémoire la France a un taux de productivité supérieur de 10 points à l'Allemagne, le vieux mode de pensé s...

le 20/06/2012 à 13:53
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@Reverso: attention il s'agit de la productivité horaire!!!! et vu qu'on bosse que 35h, cela gonfle virtuellement ce chiffre. en fait on travil aussi bien que les autres. De toutes façons de pb Français est que l'on met trop de temps à mettre en pla...

le 20/06/2012 à 15:04
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@scandale, léo & Co.: ce ne sont pas tant les 35 heures qui plombe le pays, mais la mentalité pourrie. Personnellement, je vais retirer la totalité de mon argent de ce pays arriéré.

le 20/06/2012 à 17:21
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... Ah ben un peu que notre taux de productivité horaire est plus élevé ! D'une part parce que les chiffres sont faux vu le nombre de PME qui déclarent que leurs salariés travaillent 35 alors qu'ils en font 40 h effectives. D'autre part pour éviter l...

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