"Economies budgétaires, hausse de la CSG, il faut un choc d'offre global"

Professeur d'économie à Harvard, Philippe Aghion défend l'idée d'économies sur les dépenses publiques couplées avec une hausse de la CSG. Celle-ci financerait une baisse des cotisations employeur, afin de réduire le coût du travail
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Vous essayez de convaincre François Hollande de réaliser un « choc d'offre ». Pourquoi est-il nécessaire ?

-Les entreprises ont besoin d'un tel signal pour créer des emplois, car elles sont confrontées à un vrai problème de coût du travail. Pour moi, le choc d'offre doit s'entendre globalement. Il s'agit en premier lieu de redonner confiance dans la capacité du gouvernement à maîtriser les déficits publics, pour pouvoir mieux investir dans la croissance. Il est donc nécessaire d'explorer des pistes d'économies qui ne l'ont pas été. Je pense à l'assurance maladie, notamment. L'hôpital recèle des gains de productivité potentiels importants. Les prix des médicaments sont encore trop élevés, les génériques insuffisamment développés.
Il faut aussi s'attaquer enfin aux doublons administratifs, notamment entre l'Etat et les collectivités locales. A cet égard, la nouvelle étape de décentralisation doit être l'occasion d'une forte rationalisation.
S'agissant du coût du travail, je préconise une hausse de la CSG finançant une baisse des cotisations sociales employeur. L'idée n'est pas d'impacter les salariés : ceux-ci verraient leur salaire net maintenu. Ce seraient donc les épargnants et les retraités qui financeraient cet allègement de cotisations. Pour ces derniers, il doit être possible d'éviter une baisse des pensions en valeur, en échelonnant la hausse de la CSG, au fur et à mesure que les retraites sont revalorisées.

-N'y a-il pas aussi un problème de demande, en Europe ? Les derniers indicateurs témoignent d'un risque d'entrée en récession. Comment réduire les déficits dans ces conditions, notamment en France ?

On peut esperer un léger rebond de la croissance en 2013. Dans ce cas, si la hausse du PIB est conforme ou supérieure aux prévisions de Bercy (1,2% pour l'an prochain) je crois qu'il faut coûte que coûte parvenir à ramener le déficit, en France, à 3% du PIB en 2013.C'est important pour crédibiliser la France au sein de la zone Euro.

Les hausses d'impôt ne vont-elles pas peser sur la conjoncture ?
Les hausses d'impôt décidées par François Hollande sont assez bien calibrées pour ne pas peser outre mesure sur la conjoncture. Elles ne touchent pas les consommateurs.

Et si ce rebond n'a pas lieu en 2013?
Si la croissance tombe au dessous de 1% en 2013, alors je crois que nous devrons insister auprès de nos partenaires européens pour que l'objectif ne soit pas un 3% de déficit nominal, mais un 3% structurel, c'est-à-dire corrigé par le cycle économique. Notez d'ailleurs que les objectifs de dettes et de déficits publics spécifiés dans le « fiscal pact » le sont en termes structurels.

Une négociation difficile...
Certes, mais je suis optimiste a partir de moment ou la France affiche un sérieux en matière de réduction des dépenses publiques et une volonté d'avancer vers une plus grande intégration économique au sein de la zone euro. En particulier, si les européens acceptent l'idée d'une autorité budgétaire a la fois indépendante et légitime (par exemple sur le modèle de la BCE) et qui validerait ex ante les budgets publics nationaux, alors les Allemands seront prêts à faire des concessions. A la fois sur la souplesse des critères de déficits, et sur la mutualisation des dettes, par exemple en permettant à la BCE d'acheter des obligations italiennes sur le marché secondaire en cas de hausse excessive des taux d'intérêt.
 

Commentaires 21
à écrit le 30/07/2012 à 11:42
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Mr Aghion, en bon keynésien, pense que les bonnes mesures sont celles qui ne touchent pas la consommation, et que le choc d'offre se fera en baissant le cout du travail. Le cout ud travail sera tjrs plus élevé en France que dans 90 % des pays, pour l...

à écrit le 13/07/2012 à 15:45
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moi je propose une taxe à 75% sur les revenus des élus dépassant le smic et surtout la dissolution du sénat et du conseil économique et social

à écrit le 12/07/2012 à 12:48
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La France est déficitaire surtout vis-a-vis de l'Allemagne, ceci est du au fait que en France les différents gouvernements n'ont pas été en mesure de faire ce que Schröder (socialiste de nom seulement) à pu faire en Allemagne. En fait la SPD de Schr...

à écrit le 09/07/2012 à 23:39
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Je me marre, je me marre.. le seul truc c'est que la bouffoneire va durer 5 ans ou peut-être moins lorsque les dernieres vaches à lait que sont les classes moyennes vont en avoir assez de se faire tondre !

à écrit le 09/07/2012 à 19:32
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seule solution immédiate : aligner les cotisations et pensions de retraite de tous les régimes existants sur celui des salariés du privé avec effet immédiat; supprimer les transferts au bénéfice de régimes de pensions déficitaires tels artisans et c...

le 10/07/2012 à 15:12
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Réponse à Radical - Quelle surprise ! J'apprends que les retraites du public ne sont pas alignées sur les retraites du privé et que les retraites des indépendants (1/3 de celle du privé sur 20 ans à égalité de revenus) sont hors jeu... Mais alors, ...

à écrit le 09/07/2012 à 18:15
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le pb de la depense publique, des charges sociales, et de l'impot, c'e n'est qu'une partie du pb ' francais'... le reste est dans les tetes, et ca, ca va etre autrement difficile a bouger....... expliquer au gens pdt 30 ans qu'il est urgent de ne rie...

à écrit le 09/07/2012 à 18:09
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Le choc de l'offre ils vont bientot l'avoir dans la rue ... Et après ils comprendront ce que veut dire gouverner dans l'intérêt général ... Ce transfert revient à faire la même connerie qu'en 1983 quand le PS a supprimé l'échelle mobile des salaires ...

le 30/07/2012 à 15:47
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@Paulo a raison. Le choc ils vont bientôt l'avoir dans la rue. La jeunesse n'en peut plus et n'en veut plus de cette société pourrie (livre "les corps indécents) et de graves mouvements sociaux sont prévisibles. Assez de mensonges. La démocratie e...

à écrit le 09/07/2012 à 17:45
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Bon petit coeur, le monsieur Faire payer une réduction du coût du travail par les épargnants - qui perdent de l'argent sur leur épargne tous les ans, au taux d'intérêts actuels - et aux retraités - qui nagent dans l'abondance, c'est bien connu - c'...

à écrit le 09/07/2012 à 17:17
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Entre des syndicats néo-marxistes violents, un Etat néo-mercantiliste jacobin omnipotent mais impotent et une classe politique parasite aveuglée par le socialisme, qui s'accroche désespérément à sa dernière invention (l'économie sociale de marché), l...

le 30/07/2012 à 11:44
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+1 très bien dit.

à écrit le 09/07/2012 à 17:02
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Les épargnants paient 15,5 % de CSG RDS .Ils ont travaillé pour épargner et ont donc déjà été imposés.Cela suffit !

à écrit le 09/07/2012 à 16:59
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Les socialistes, et leur pseudos économistes de pacotille, ne connaissent que deux choses : l' augmentation des dépenses et l'augmentation des recettes. La faillite, c'est maintenant, car plus personne ne voudra financer nos déficits, quoiqu'en dise ...

à écrit le 09/07/2012 à 16:37
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La confiance est un des leviers de la croissance. Mr Hollande a déclaré la guerre aux "riches". Même si son gouvernement est en train de créer de nouvelles niches et exceptions fiscales notamment sur le fameux seuil de 75%, le mal est fait psychologi...

à écrit le 09/07/2012 à 16:37
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Encore un de ces économistes de salon comme on en voit défiler sur nos chaines de télés. Visiblement, ils n'ont pas encore compris que nous avons à faire à des politiques qui se fichent pas mal de la France et des français, ce qui compte c'est se fai...

à écrit le 09/07/2012 à 16:29
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La Csg est déjà à 15 pourcent ce genre d idée de génie la porterait à 18 voire plus de 20 pourcent ! C est une double imposition du revenu injuste!!!

à écrit le 09/07/2012 à 16:22
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Harvard aurait-il aussi succombé aux théories socialisantes ou se trompe t'elle dans ses recrutements ? Plus d'impôts, donc plus de recettes pour des dépenses publiques (dont tout le monde a conscience qu'elles sont vaines), ce sont nécessairement mo...

à écrit le 09/07/2012 à 16:13
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Qui peut croire que les hausses d'impôts ne touchent pas le particulier!!!!! il faut garder la tva sociale représentant une assiette beaucoup plus large ,tout le monde doit participer ,touchera le touriste ,importation ,la csg pésera sur le travail

à écrit le 09/07/2012 à 15:58
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il faut etre stupide pour esperer que les hausses d'impots ne touchent pas la consommation car entre ce que nous remboursons les hausses d'impots divers, le cout de la vie nous ne changerons pas de voiture cette année et nous n'avons pas fait les ...

à écrit le 09/07/2012 à 15:49
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Pourquoi aurait on un rebond en 2013 avec ce que l'on va prendre sur la tête en matière de fiscalité ? Ça n'a pas de sens. 2013 va être mauvaise.

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