Medef : le président (quasiment) élu, le plus dur reste à faire

Le 3 juillet, Pierre Gattaz devrait être élu à la présidence du Mouvement pour cinq ans. Son programme est chargé. Il doit composer son équipe, remobiliser le Medef après les luttes de ces derniers mois et préparer l'université d'été.
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A moins d'une extraordinaire surprise, Pierre Gattaz devrait être élu à la présidence du Medef le 3 juillet. Les chances d'Hervé Lambel, le dernier candidat en lice, sont en effet nulles face à celui qui a désormais le soutien total des secteurs représentatifs de l'économie française.

Certes, en recevant le soutien inattendu de Geoffroy Roux de Bézieux et de Patrick Bernasconi, le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) a gagné une quinzaine de jours. Mais son agenda reste particulièrement surchargé. Ensemble, et avec Jean-Claude Volot et Thibault Lanxade, ils doivent maintenant remobiliser les troupes au sein d'un Mouvement exsangue. 

"Les derniers mois ont été catastrophiques. Plus personne ne devait s'exprimer sous peine d'être sévèrement tancé. Certains devaient prendre des positions qu'ils ne défendaient pas forcément, se battre pour des idées qui n'étaient pas les leurs, prendre position contre des candidats qu'ils appréciaient... Beaucoup de choses peu élégantes ont été faites durant cette campagne. Il faut maintenant s'atteler à remobiliser les énergies. Il est temps », explique une personnalité proche de l'organisation patronale.

Pierre Gattaz le pacificateur ?

Soucieux de ménager les susceptibilités, Pierre Gattaz a salué jeudi l'extraordinaire qualité des membres actuels du Medef. « C'est une formidable maison avec des gens talentueux et dévoués », a-t-il lancé. Reste que les dégâts sont énormes. Quel est l'avenir de ceux qui ont soutenu bec et ongle Laurence Parisot ? Faut-il les écarter au risque de se priver de leurs talents, de leur entregent, de leurs connaissances des dossiers en cours ? La tâche n'est pas aisée.

Avec ces deux vice-présidents, Pierre Gattaz devra aussi composer. Intelligemment, ils relativisent désormais leurs différences afin d'afficher leur unité. Mais qu'ils le veuillent ou non, ils sont différents, ils ne représentent pas les mêmes types d'entreprises.

Un ton ferme face au gouvernement

Mais après ? Cette confiance mutuelle et absolue peut-elle perdurer ? S'ils continuent à vouloir servir l'intérêt général, comme ils le promettent aujourd'hui, la question ne devrait pas se poser. Les prochaines batailles face aux autres partenaires sociaux et au gouvernement seront un bon test. Si Patrick Bernasconi est rompu à l'exercice de la négociation, qu'en est-il de Pierre Gattaz et de Geoffroy Roux de Bézieux. Sauront-ils adopter un langage commun, une méthode commune sachant que leurs opposants sauront inévitablement jouer de leurs différences ?

Mercredi, lors d'un voyage de presse sur le site de l'Isle d'Abeau de Radiall, son entreprise, Pierre Gattaz n'a pas caché ses intentions quant à l'attitude à adopter face au gouvernement. « Nous lui proposons un deal. S'il laisse les entreprises travailler en paix, s'il simplifie leur environnement fiscal, social et réglementaire, en allant plus loins que l'Accord national interprofessionnel du 11 janvier, nous nous engageons à faire baisser le taux de chômage à 5% de la population active ! Qu'il s'attèle plutôt à réduire le niveau de la dépense publique qui atteint 57% du PIB ». En clair, si l'exécutif se cantonne à ses missions régaliennes, l'économie française pourra enfin décoller.

Toutes ces questions devront être résolues avant la fin de l'été. Lors de ses traditionnelles universités d'été, la nouvelle équipe dirigeante devra afficher sa nouvelle identité. Sera-t-il un Medef de dialogue comme le souhaitaient Geoffroy de Bézieux et Patrick Bernasconi ou un Medef de terrain, de combat qui défend à pied les intérêts des entreprises comme le réclame Pierre Gattaz ? En affichant leur unité un mois avant l'élection, ce qui est inédit, ces trois personnalités ont voulu montrer l'exemple. Un point pour eux. Il faut maintenant qu'ils prouvent leur constance. Certes, ils ont promis la main sur le c?ur qu'ils ne feraient qu'un mandat de cinq ans. Néanmoins, cinq ans, c'est long.

 

 >> Retrouvez l'interview de Pierre Gattaz dans la Tribune des Décideurs

>> Retrouvez l'interview de Geoffroy Roux de Bézieux dans la Tribune des Décideurs

 


 

Commentaires 4
à écrit le 14/06/2013 à 16:48
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Bravo! cela m'arrange.

à écrit le 14/06/2013 à 15:40
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Même en matière de gestion patronale la France avance à reculant puisque le talent est héréditaire... Nous sommes passés de l'ère Yvon à l'âge de Pierre ...GATTAZ.

à écrit le 14/06/2013 à 15:33
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Monsieur le représentant des entreprises, l entreprise est-elle en France d utilité publique ? La population répond oui, mais le gouvernement en fait supprimer beaucoup. On parle d entrave à l activité. Par ailleurs, on trouve dans Notre Etat, dans l...

à écrit le 14/06/2013 à 14:14
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Pourquoi illustrer cet article d'une horloge des CFF (la SNCF de suisse)?

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