"Dans le domaine de l'innovation, il ne faut plus que ce soit la peur qui guide nos intentions"

Dans un entretien accordé à La Tribune, Jean-Yves Le Déaut, le député SRC de Meurthe-et-Moselle et vice-président de l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) revient sur nombreux obstacles qui brident l'innovation. Une proposition de loi sera déposée dès la rentrée parlementaire pour compenser les effets produits par l'application trop stricte du principe de précaution.
Fabien Piliu
" L'économie française peut sortir de la crise actuelle par le haut et envisager l'avenir avec un peu plus de sérénité qu'elle ne le fait actuellement ".

La Tribune - Quels enseignements tirez vous des débats qui ont animé l'audition publique de l'OPCEST sur le principe d'innovation qui s'est tenue la semaine dernière ?

Jean-Yves Le Déaut - Député de Meurthe-et-Moselle

Les débats ont été riches et très animés. Sur ce sujet sensible, il était temps que tous les points de vue se confrontent. Avec cette méthode, avec cette pratique des expertises publiques contradictoires adoptée par l'OPCEST, les réflexions avancent bien plus vite que lorsque que chacun réfléchit et hurle dans son coin.

A quels conclusions avez vous abouti ?

Il faut maintenant se hâter de lever tous les freins à l'innovation car la France, malgré la richesse de ses chercheurs et les moyens budgétaires mis à la disposition de l'innovation par le gouvernement, la France est désormais un pays de suiveur. C'est dommage. 

De quels obstacles parlez-vous ?

Il y a bien sur les obstacles fiscaux et réglementaires. Mais il y a aussi, et peut-être surtout, les obstacles psychologiques. Il faut changer de mentalité, changer de culture et envisager le progrès technique comme une solution et non pas comme un danger. Il faut que cesse la dictature de la peur, il ne faut plus que les "anti" soient les seuls à se faire entendre de l'opinion. Il ne faut plus que ce soit la peur qui guide nos intentions.

Fallait-il inscrire le principe de précaution dans la constitution française ?

Je pense que c'était une erreur car c'est un principe anxiogène. Il faut maintenant dépasser cette question.  Il faut faire avec. On n'ôtera pas le principe de précaution de notre constitution. En revanche, un principe d'innovation pourrait compenser ses effets néfastes.  

Concrètement, s'il y a consensus sur la nécessité d'innover davantage, que peut faire le Parlement ? Demander à inscrire le principe d'innovation dans la constitution française ?

Ce serait idéal. Mais une telle procédure peut prendre du temps. Il faut aller vite maintenant. C'est la raison pour laquelle les députés déposeront une proposition de loi contenant des mesures permettant de lever un certain nombre d'obstacles à l'innovation. Je le répète, multiplier les expertises publiques contradictoires est une excellente méthode pour faire avancer les dossiers sensibles, les sujets tabous.

Quand est ce que vous déposerez cette proposition de loi ?

Dès la rentrée parlementaire, en octobre. Je le répète, il y a urgence. Si l'innovation devient une réelle priorité, un enjeu national, l'économie française peut sortir de la crise actuelle par le haut et envisager l'avenir avec un peu plus de sérénité qu'elle ne le fait actuellement.

Le gouvernement vous soutient-il ?

Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie soutient notre initiative. Idéalement, il faudrait qu'il la reprenne à son compte et dépose un projet de loi. Comme le gouvernement a la main sur l'ordre du jour au Parlement, il pourrait ainsi donner un coup d'accélérateur au développement de l'innovation tout en s'assurant que toutes les précautions d'usage soient prises.

Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie se range-t-elle à vos cotés ?

Malheureusement, son agenda ne lui a pas permis de participer aux débats. Son avis aurait été très intéressant.

Fabien Piliu
Commentaires 4
à écrit le 10/06/2014 à 10:03
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Je ne suis pas pour le retour à l'âge de pierre mais je suis de plus en plus dubitatif sur l'apport de l'innovation pour le bien-être des gens. Que se cache-t-il derrière ce terme innovation ? De plus en plus de gadgets débiles ? De plus en plus de p...

à écrit le 10/06/2014 à 9:43
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tout cela est vrai, mais on peut déplorer que les politiques s'ingénient à surfer sur les grandes peurs publiques. in fine, ne devrions nous pas mettre en vacances forcées tous les empêcheurs de travailler en ligne droite..

le 10/06/2014 à 10:10
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Depuis 15 ans, de Chirac Sarkozy à Hollande rien n’a changé, car ce sont toujours les mêmes qui sont engoncés dans leurs vielles lunes Chez Oseo ex Anvar devenue BPI, ce sont toujours les mêmes fonctionnaires ou assimilés qui sont engoncés dans leur...

à écrit le 10/06/2014 à 9:43
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Ce principe peut être une bonne chose...si on l'applique ! Il prescrit : "les autorités publiques veilleront,..., à la mise en œuvre de procédures d'évaluation", ce qu'on ne peut qu'approuver. La loi impose donc au gouvernement de mettre en place une...

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