Situation de l'emploi américain et hausse des taux : la Fed divisée

L'un des membres influents de la Fed estime qu'une hausse des taux peut-être envisagée. Mais le patron de la banque centrale américaine, Ben Bernanke (photo), se dit toujours inquiet sur la situation de l'emploi Etats-Unis.

Ben Bernanke (photo) n'est visiblement pas encore prêt à évoquer la remontée des taux directeurs américains. Quelques heures après des déclarations d'un des membres de la Fed, Dennis Lockhart, évoquant le durcissement de la politique monétaire américaine, le président de la Réserve fédérale - alors que son homologue européenne, la BCE, se débat face à la crise de la zone euro - a fait part de son inquiétude sur la situation sur le marché de l'emploi. Un moyen de justifier le maintien des taux à leur plus bas niveau historique.

Les prêts accordés aux petites entreprises diminuent, a-t-il expliqué ce jeudi lors d'une réunion à Detroit consacrée aux besoins de financement des PME du Michigan. Cette évolution qui ne va pas dans le sens d'une baisse du chômage, estime-t-il, alors que le taux de chômage est monté à 9,9% en avril

"Des petites entreprises en bonne santé (...) sont essentielles pour créer des emplois et améliorer la sécurité sur le marché du travail", a-t-il poursuivi, se disant inquiet du peu d'emplois disponibles outre-Atlantique. Des déclarations qui contrastent avec l'optimisme affiché la veille par le président américain Barack Obama.

Ben Bernanke a fait état de ses craintes concernant le marché du travail alors qu'une série de statistiques publiées dans la journée vont plutôt dans le sens d'une amélioration de la situation. Le secteur privé américain a par exemple créé 55.000 emplois en mai, selon les données du cabinet en ressources humaines ADP. Ce chiffre précède les données officielles du département du Travail, qui seront publié ce vendredi. Les économistes misent sur 513.000 créations nettes de postes (la très grande majorité en raison des emplois temporaire liées au recensement).

Plus tôt dans la journée, Dennis Lockhart, le président de la Réserve fédérale d'Atlanta, avait évoqué un relèvement des taux d'intérêt américains. Malgré un taux de chômage qui devrait rester élevé pendant quelque temps, il estime que la banque centrale américaine ne devrait pas trop attendre avant de resserrer sa politique monétaire.

"Nous allons arriver à un moment où il sera approprié d'envisager le recalibrage de la politique de taux d'intérêt", a-t-il déclaré, avant de nuancer: "Je ne crois pas que ce moment soit encore arrivé". "Avec une économie qui progresse et des marchés financiers qui se reprennent, une politique de taux extraordinairement bas ne sera pas nécessaire pour encourager la reprise et deviendra incompatible avec le maintien de la stabilité des prix."

Avec ces propos, Dennis Lockhart, qui figure parmi les personnalités les moins critiques envers la politique de la banque centrale ces derniers mois, change radicalement de ton. Il laisse ainsi entendre que la croissance solide de l'économie américaine concentre toute l'attention des dirigeants de l'institution bancaire, en dépit d'un risque de ralentissement de l'économie mondiale ravivé par la crise budgétaire européenne.

"L'activité des consommateurs ces derniers mois a dépassé les attentes des analystes", a indiqué Dennis Lockhart. "L'investissement des entreprises dans les équipements et les logiciels a été particulièrement important." Il a toutefois prévenu que la reprise serait inégale. La faible croissance du marché de l'emploi devrait en particulier empêcher une hausse rapide des revenus, limitant le pouvoir d'achat des consommateurs.

"Je suis très soucieux du chômage et cette tendance doit être un facteur essentiel de la politique mise en oeuvre", a-t-il poursuivi. "Mais je conçois qu'une bonne politique, même dans un contexte de chômage atteignant un niveau inacceptable, puisse prévoir des taux d'intérêt plus élevés."

Le point de vue de Dennis Lockhart se rapproche de plus en plus de celui du président de la Réserve fédérale de Kansas City, Thomas Hoenig, qui estime depuis des mois que le maintien de taux d'intérêt bas pour une "période prolongée" pourrait être contre-productive. Les débats pourraient donc se montrer un peu plus animés lors de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC).

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