Des paies qui devraient progresser, selon les dernières prévisions du cabinet Mercer, publiées ce mercredi, de 12,2% l'an prochain au Vietnam, ou qui auraient même dû, si la promesse gouvernementale avait été tenue, augmenter de 80% dans le textile au Bangladesh ! Clairemement, les salariés, à travers la planète, ne sont pas tous logés à la même enseigne.

Selon le dernier rapport mondial sur les salaires de l'Organisation mondiale du travail, les salaires en Asie ont progressé de 109% au cours des dix dernières années. Dans les pays industrialisés, ils n'ont pas décollé au cours de la période (5% de progression). Et avec la crise, et l'austérité budgétaire mise en oeuvre, l'heure est à la modération salariale, voire au recul pur et simple des rémunérations. De la Lettonie à l'Irlande en passant par l'Espagne et la Grèce, les salariés, fonctionnaires ou non, se sont vu imposer des baisses ces deniers mois, en plus des efforts consentis en 2008 et 2009, soit en pleine crise économique.

A titre d'exemple, les salaires irlandais du secteur public ont été, en moyenne, baissé de près de 15% cette année. Dans le secteur privé, le quart des salaires ont été réduits de 15% en moyenne, tandis que les autres étaient gelés, ce qui revient à une baisse totale de 5%. Mais c'est surtout au niveau des nouvelles embauches que les baisses sont spectaculaires: celles-ci se font à des salaires inférieurs de 25% à ce qu'ils étaient avant la crise. Ce dernier phénomène se retrouve également aux Etats-Unis, où les syndicats doivent désormais faire un choix entre salaires et avantages sociaux élevés d'une part et préservation de l'emploi, de l'autre. Car les entreprises doivent rester compétitives.

Si la modération salariale n'est pas le seul élément - certains pays ont dévalué, d'autres misent sur les gains de productivité -, la menace d'une délocalisation, là où les salaires sont sans comparaison avec ceux de l'Occident, fait mouche. Car malgré les évolutions divergentes - progression des salaires dans les pays émergents ou compression des salaires dans les pays industrialisés -, le temps où Nord et Sud afficheront des niveaux de salaires équivalents est encore loin.

Dans une étude intitulée "les salaires mondiaux convergent-ils ?", réalisée en 2008, les économistes de Natixis estimaient que, au rythme actuel du rattrapage, "il faudra à peine quarante ans pour que le coût du travail en Chine soit comparable à celui des pays du G7".