Alfredo Pérez Rubalcaba, nouveau leader des socialistes espagnols

Ce sexagénaire chargé du renouveau du Parti après dix ans de Zapaterisme a occupé des postes clés dans les gouvernements socialistes depuis 1982.
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On reproche parfois au chef du Gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero de s?entourer de personnalités peu charismatiques. Alfredo Pérez Rubalcaba est sans conteste une exception à la règle.

Orateur talentueux, à la répartie aguerrie, considéré comme le membre du Gouvernement le plus habile et reconnu pour son intelligence, le Ministre de l?Intérieur depuis 2006 n?a rien d?un personnage insipide.

Depuis samedi, ce docteur en Chimie (Cantabrie, 1951) est le candidat officiel du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) aux prochaines élections législatives, prévues en mars 2012. Il a annoncé sa démission du Gouvernement la veille, pour pouvoir se consacrer intégralement à la course électorale. Le défi est de taille, compte tenu de l?usure du PSOE dans l?opinion, après bientôt huit ans de gouvernement Zapatero, dont un de politique de rigueur particulièrement impopulaire.

Les élections régionales du 22 mai se sont ainsi soldées par une débâcle socialiste face au Parti Populaire (PP, conservateur). Le sondage El País du 3 juillet dernier fait état d?un retard de 14 points du PSOE par rapport au PP en termes d?intentions de vote. Si les sondés pensent à 44% que Rubalcaba ferait un meilleur premier ministre que Mariano Rajoy (36%), le leader conservateur, ils considèrent que ce dernier est mieux armé face à la crise.

Les partisans de Rubalcaba le croient malgré tout capable de gagner ce sprint final mal engagé: belle métaphore, cet ancien athlète a couru les cent mètres en 11,2 secondes en 1975. Le discours prononcé samedi devant les membres du PSOE montre sa volonté de tourner la page de la rigueur du Gouvernement Zapatero, qu?il n?a toutefois pas reniée. Résolument à gauche, mais sans renoncer à l?équilibre budgétaire, l?ébauche de programme électoral révélée samedi insiste sur ce qui est " urgent " : la création d?emploi (le taux de chômage est de 21,3%). Rubalcaba a aussi fait un clin d??il au mouvement social des Indignés, en promettant une réforme électorale.

Ce discours de renouveau ne fera pas oublier que Rubalcaba est aussi un coureur de fond. Il cumule près de trente ans de carrière politique, après être entré au Gouvernement de Felipe Gonzalez comme directeur de cabinet en 1982. Ministre de l?Education en 1992, puis de la Présidence en 1993 sous Gonzalez, José Luis Rodriguez Zapatero l?a nommé à l?Intérieur en 2006, un poste à haut risque, dans un pays miné par le terrorisme basque. Sous son mandat, l?ETA a périclité, et est aujourd?hui considérée comme moribonde. Le scandale de l?affaire de mouchardage dite " Faisán " est toutefois une ombre à la gestion de Rubalcaba du terrorisme jamais éclaircie.

En octobre 2010, Le chef de l?Exécutif a fait de lui l?homme fort du gouvernement en le nommant, outre ministre de l?Intérieur, premier vice-premier ministre et porte-parole du Gouvernement, poste qu?il avait aussi occupé sous Felipe Gonzalez. Zapatero transmettait ainsi le flambeau à un briscard de la politique censé incarner la voix du renouveau.

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