Le foot business de la Premier League reprend malgré les émeutes

La Premier League du foot anglais reprend ce samedi comme si de rien n'était. Seuls les clubs de Tottenham et Everton voient leur rencontre annulée. Business oblige...Décryptage
Match Tottenham-Arsenal en 2010

La Premier League anglaise reprend ce samedi sans Tottenham et Everton.

Le chef de l'élite footballistique britannique Richard Scudamore a annoncé l'annulation de leur rencontre car même si "la police a fait un boulot fantastique, Tottenham a été une scène de crime toute la semaine et la municipalité n'a pas eu assez de temps pour faire tout ce que l'on voulait. L'annulation du match est une vraie honte mais nous soutenons la police dans ce qu'ils font".

Lors d'une déclaration jeudi au Parlement, le Premier Ministre David Cameron s'est mêlé à cette problématique sportive afin de redorer son image après son implication dans le scandale de l'affaire Murdoch. Il a précisé que "les autres matchs à Londres devraient avoir lieu mais qu'ils débuteront peut-être plus tôt dans la journée". La police voudrait en effet que les alentours des stades soient totalement évacués à 18 heures, heure de prédilection de la part des émeutiers pour entamer leurs méfaits.

Cette décision sonne aujourd'hui désagréablement faux. Pourquoi annuler des matchs alors que les émeutes semblent éteintes ? Et quant à en annuler, pourquoi circonscrire cette mesure à une seule rencontre, qui plus à Tottenham, où plus aucun trouble n'a été relevé depuis le week-end dernier, même si les saccages y ont débuté après la mort de Mark Duggan le 4 août, et maintenir celle entre Manchester City et Swansea lundi soir alors que les débordements se sont poursuivis jusqu'à peu dans la mégapole du nord ?

Les raisons mêlent économie et politique. La ligue nationale et la fédération ont déjà annulé trois rencontres de coupe nationale prévues dans la banlieue londonienne mardi et la rencontre amicale entre l'équipe nationale anglaise et son homologue néerlandaise mercredi dernier, pour un coût estimé entre 1 et 2 millions de livres sterling (1,12 et 2,24 millions d'euros). Elles ont donc succombé sans difficulté aux arguments de Bernie Ecclestone, qui, en plus d'être le grand patron de la Formule 1, est également l'actionnaire majoritaire du promu Queens Park Rangers : "La Premier League est regardée partout où je voyage. L'annulation des matchs serait donc un très mauvais message pour l'Angleterre, surtout que nous aurons bientôt les Jeux Olympiques. Vous imaginez si cela avait lieu au moment où les Jeux commencent, ce serait terrible"!

Les gens de la rue sont d'ailleurs partagés sur la décision de jouer ou pas les rencontres de ce week-end. Si Simon, un fan d'Arsenal qui passe chaque jour dans Tottenham pour se rendre à son travail, "trouve plus qu'évident l'annulation car les abords du stade ressemblait en début de semaine à une zone de combat", Mark "la regrette car ce match aurait au contraire fait plaisir aux gens du quartier et aurait montré la volonté de surmonter cet épisode pour croquer de nouveau dans la vie".

De leur côté, les membres de l'équipe nationale anglaise ont publié dès mercredi un communiqué lu par leur manager Adrian Bevington dans lequel ils appelaient "au calme et à la fin du désordre actuel". Comme l'a expliqué le responsable, "de nombreux joueurs de l'équipe viennent de quartiers similaires. Ils viennent du monde réel et ils ont été choqués par ce qu'ils ont vu".

Les joueurs du championnat sont restés relativement discrets sur la question, en dehors de deux joueurs de Manchester United, l'attaquant Wayne Rooney et le défenseur central Rio Ferdinand. Ce dernier, dont les messages sont suivis par 1,36 million d'utilisateurs du réseau social, s'est longuement exprimé sur la question, et ce dès lundi. Après s'être demandé "qu'est-ce que cela résoudra ?", le footballeur issu d'une banlieue pauvre de Londres s'est énervé : "il semble que ces enfants/gens n'ont ni peur ni respect pour la police.... Peut-être l'armée apportera ce respect ? Je ne veux pas amener la violence, mais la présence de l'armée pourrait faire réfléchir ces enfants/gens à deux fois avant de continuer cela ?"

Le lendemain, la tête sans doute reposée, il s'est lancé dans des appels plus personnels : "la solution n'est pas de seulement nettoyer le verre mais d'empêcher qu'il casse (...), le match Angleterre-Hollande est annulé, bon point. Qui veut voir un match de football lorsque le pays est troublé". "J'ai grandi dans une résidence HLM et je sais ce que c'est de vouloir des choses que l'on n'a pas... j'ai ensuite travaillé pour réussir et devenir riche", avant de publier le message d'un de ses interlocuteurs : "Rio, je sais que la violence n'est pas une manière, mais c'est le seul moyen pour qu'ils nous écoutent, nous les pauvres..."

Les millions amassés dans son compte en banque n'empêchent visiblement pas Rio Ferdinand d'être tiraillé.
 

Commentaire 1
à écrit le 14/08/2011 à 6:13
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Du pain et des jeux ... L'Espagne ou le Brésil sont atones et leur population est au 36ème dessous, ce qui n'empêche pas que les stades soient pleins. La plèbe est la même outre-manche qu'en Méditerranée. Ce n'est pas ainsi qu'ils vont s'en sortir.

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