Bernanke risque de décevoir les marchés

Ceux qui attendent encore de Ben Bernanke qu'il pose les jalons d'un « QE3 » vendredi risquent d'être déçus. Le retour de l'inflation prive la Fed du recours à la planche à billets.
La Tribune Infographie/MPOTTIER

L'oracle des montagnes ne sera sans doute pas aussi disert que l'espèrent encore les marchés. Lorsqu'il prendra la parole vendredi à Jackson Hole, des hauteurs du Wyoming, le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, ne devrait pas poser les jalons d'un « QE3 », un troisième programme d'assouplissement monétaire quantitatif, contrairement à ce qu'il avait fait un an auparavant du même haut lieu qui réunit chaque année en symposium très médiatisé, le gratin de la finance mondiale, sous la houlette de la banque de réserve de Kansas City. Alors préoccupé par les risques de déflation, le banquier central avait préannoncé le QE2, qui allait prendre forme dès début novembre, sous forme d'un deuxième programme de rachat de titres de la dette publique des Etats-Unis portant sur 600 milliards de dollars sur huit mois. Programme s'ajoutant au réinvestissement en emprunts d'État du produit des achats d'actifs, essentiellement hypothécaires, acquis lors de la première phase du plan anticrise.

Car même si l'économie américaine donne à nouveau des signes troublants de coup de froid, comme l'an dernier à pareille époque, laissant même redouter aux Cassandre une rechute dans la récession, les mesures de politique monétaire non conventionnelles mises en place depuis l'automne dernier ont montré leurs limites. La remise en marche de la planche à billets l'an dernier, en gonflant le bilan de la Fed, a certes permis de contenir les taux à long terme à des planchers, mais cette stimulation n'a pas suffi à redonner une dynamique au marché de l'emploi ou de l'oxygène à l'activité. La deuxième estimation du PIB du deuxième trimestre, qui sera connue une heure avant l'intervention Bernanke, devrait afficher un rythme de croissance anémique de 1,1 % en rythme annualisé, contre 1,6 % initialement annoncé. En outre et surtout un nouveau QE risquerait d'être l'assouplissement monétaire de trop qui enverrait le dollar à la cave, alors que l'hydre inflationniste refait surface.

Communication alambiquée

Il y a un an, l'indice des prix évoluait en dessous de l'objectif implicite de 2 % de la Fed, à 1,2 % en glissement annuel, alors que le dernier chiffre connu l'a fait ressortir à 3,6 %, soit bien davantage que les 2,7 % qui avaient conduit la BCE à entamer un cycle de hausse des taux dès avril.

Enfin, le dernier conseil des gouverneurs de la Fed du 9 août a donné lieu à une très exceptionnelle communication, que son patron devrait se contenter d'expliciter. On pouvait ainsi lire dans le communiqué final que la Fed s'engageait à maintenir son taux directeur à un niveau proche de zéro - il est piloté dans une fourchette de 0 % à 0,25 % depuis décembre 2008 - pendant encore au moins deux ans et envisageait de nouvelles mesures d'accompagnement, si nécessaire. Une première dans l'histoire de la « com » alambiquée de la banque centrale de Washington, comme l'a d'ailleurs été le vote dissident du record absolu de trois de ses dix votants, hostiles à toute mesure de nature à aggraver la spirale inflationniste.

Commentaire 1
à écrit le 26/08/2011 à 12:07
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Le retour de l'inflation était prévu et utile. Rien n'empêche un QE3

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