Taxer les riches : Obama donne des idées aux Européens

En voulant imposer une taxe sur les ménages les plus riches aux Etats-Unis, le président américain a relancé un débat qui touche aussi les pays européens confrontés à la nécessité de rétablir les comptes publics sans s'aliéner leurs électorats.
infographie La Tribune

"Faire payer les riches". Le slogan est en train de s'imposer partout dans le débat politique en Europe après la décision de Barack Obama de taxer fortement les ménages les plus aisés (voir ci-dessous), à l'instar de l'Espagne qui s'apprête à voter ce jeudi un impôt sur la fortune. Un tel mot d'ordre a l'avantage de l'évidence, réveillant le Robin des bois qui sommeille dans bien des consciences. Qui plus est lorsque des deux côtés de l'Atlantique, les gouvernements doivent trouver de nouvelles recettes pour réduire des déficits publics dans une conjoncture plutôt morose : le Fonds monétaire international (FMI) a révisé mardi à la baisse de 0,5 point, à 4%, sa prévision de croissance mondiale pour 2012. L'institution prévoit désormais une progression de 1,5% du PIB des États-Unis et de 1,6% de celui de la zone euro.

Anticipant le débat, des dizaines de milliardaires s'étaient déjà dits prêts il y a quelques mois aux Etats-Unis, Warren Buffett en tête, à participer au nom de la solidarité à l'effort collectif. En France, au coeur de l'été, une pétition a rassemblé la signature de plusieurs fortunes hexagonales parmi lesquelles Liliane Bettencourt (L'Oréal), Maurice Lévy (Publicis) ou encore Christophe de Margerie (Total). Toutes se disent favorables en ces temps de crise à "l'instauration d'une contribution exceptionnelle".

Au-delà du caractère idéologique d'une partie du débat, la contribution des plus aisés soulève nombre de questions économiques. Il s'agit d'abord de définir à partir de quel niveau l'on est classé dans la catégorie "riches". Ne serait-ce que pour déterminer les tranches d'imposition qui doivent contribuer à l'effort. Cette vision peut varier d'un pays à l'autre. Comme le soulignent les fortunes françaises dans leur texte, leur "contribution" doit ensuite être calculée "dans des proportions raisonnables, dans le souci d'éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l'accroissement de l'évasion fiscale." En effet, avec la libre circulation des capitaux favorisée par les transactions électroniques et l'optimisation fiscale, les fortunes peuvent quitter rapidement un lieu et priver les pays de ressources d'investissement et de recettes. Ce nouveau credo constitue un véritable retournement idéologique par rapport à l'air du temps qui régnait avant la crise. Ainsi, les taux d'imposition des hauts revenus avaient tendance à baisser depuis plusieurs années (voir graphique). Enfin, cette "campagne" doit être replacée dans un contexte préélectoral - on renouvellera les exécutifs en 2012 aux Etats-Unis et en France, en 2013 en Allemagne -, et les candidats sont à la chasse aux voix. Ils préfèrent montrer du doigt les riches que la majorité d'un électorat qui pourrait sanctionner des coupes dans les dépenses publiques, un thème peu porteur en période de crise.

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