La Hongrie prise en tenaille entre la Grèce, le franc suisse, et son gouvernement

Les banques hongroises, dont beaucoup sont des filiales de banques étrangères, notamment allemandes et autrichiennes, sont menacées à la fois par les répercussions de la crise grecque, l'affaiblissement de la devise nationale, ainsi que par la politique économique du gouvernement hongrois qui est dans le collimateur des agences de notation.
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"Au moins une des grandes agences de notation risque d'abaisser la note souveraine hongroise", a lui-même reconnu le ministre de l'Economie, György Matolcsy. Une dégradation de la note souveraine de la Hongrie rendrait automatiquement plus cher le refinancement de la dette hongroise, à l'heure où la Banque centrale (MNB) comme les instituts de prévision écononomique tablent plutôt sur une stagnation, voire une récession, plutôt que sur une croissance soutenue.

La semaine dernière, déjà, une émission de dette avait - par manque d'intérêt - dû être annulée purement et simplement. Une dégradation de la note souveraine provoquerait aussi une dévaluation encore plus accentuée du forint ce qui pourrait amener au bord de la rupture le système bancaire hongrois, très vulnérable à cause de son portefeuille alourdi de crédits en francs suisses.

En effet, le forint (HUF) est désormais proche des 310 HUF/EUR et approche les 250 HUF/CHF, alors qu'il valait aux alentours de 270 HUF/EUR et 230 HUF/EUR il y a encore trois semaines.

La politique gouvernementale en cause

L'ancien président de la banque centrale et ministre des Finances sous le premier gouvernement conservateur de Viktor Orban (1998-2002), Zsigmond Jarai, a estimé que la "marge de manoeuvre" de Budapest était devenue extrêmement "étroite".

Selon lui, le gouvernement Orban, qui dispose d'une majorité des deux-tiers au Parlement, a maintenu un relatif équilibre budgétaire avec "des outils peu orthodoxes, comme les impôts spécifiques sur les banques (623 millions d'euros), les taxes extraordinaires frappant les sociétés énergétiques, de commerce et de télécoms, ainsi que le remboursement des dettes libellées en francs suisses à taux préférentiel ou encore l'étatisation des 11 milliards d'euros des caisses de retraites privées". Cette politique a engendré "une incertitude et une imprévisibilité chez les acteurs économiques. Et cela limite le message positif d'indicateurs macroéconomiques stables".

Le taux préférentiel est de 180 HUF/CHF ou de 250 HUF/EUR, ce qui signifie un gain de 20% par rapport aux taux réels pour les endettés, mais une perte de plus de 690 millions d'euros pour le secteur bancaire, selon la MNB.

D'après Zsigmond Jarai, autre élément négatif, la Hongrie est sous le coup d'une procédure pour déficit excessif depuis son entrée dans l'Union européenne en 2004, ce qui est unique parmi les 27 Etats-membres.

La Banque centrale n'est guère moins pessimiste: dans un rapport publié la semaine dernière, elle estime qu'en raison de "la crise de l'euro et de la hausse des défauts de paiement les banques hongroises pourraient connaître des problèmes de liquidités". "Le niveau des créances litigieuses est de 16% dans le secteur des entreprises et de 13% dans celui des ménages", souligne la MNB.
Cela entraînerait une baisse des prêts et plusieurs banques devraient faire appel à des injections de capitaux de leurs maisons-mères, pour la plupart étrangères et qui ont déjà beaucoup donné, telle la Erste Bank autrichienne qui a dû complètement amortir sa filiale locale, d'une valeur de 312 millions d'euros, et la recapitaliser à hauteur de 600 millions.

Seul signe positif: le ministre de l'Economie, Györgi Matolcsy, a finalement renoncé à imposer unilatéralement aux banques une taxe supplémentaire et a annoncé que le gouvernement allait désormais "coopérer" avec les institutions financières et les consulter préalablement à toute décision.

Commentaires 2
à écrit le 07/11/2011 à 17:03
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Empruntez en CHF !!!! Tel était le message du gouvernement !!! Et pourquoi pas en Yen ! maintenant, les hongrois vont en subir les conséquences... Mais non, suis-je bête, c'est encore nous qui allons devoir payer pour sauver leur système bancaire !!!...

à écrit le 07/11/2011 à 14:44
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Je pense que nous avons ici les premières candidates de la future décimation bancaire. N'oublions pas que le "dégraissement" a déjà commencé avec de vastes plan de licenciements dans le monde de la finance. Sinon tout va bien...

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