Ne pas envenimer la situation tient parfois à peu de choses. Face à une montée de la grogne sociale qui la met en position inconfortable à quelques mois de l'élection, la présidente du Brésil Dilma Rousseff marche sur des oeufs.
Mesure de dernière minute
A tel point que les autorités brésiliennes ont décidé de ne pas augmenter le prix de la bière et des boissons gazeuses avant le coup de sifflet final de la Coupe du monde de Football, qui doit se dérouler du 12 juin au 13 juillet au pays des Auriverdes. L'annonce vient du ministre des Finances, Guido Mantega, alors que la bière devait augmenter dés le début du mois de juin.
Une canette de bière de 350 ml peut coûter au Brésil entre 2 et 3 reales dans un supermarché (entre 0,65 et un euro), et une boisson gazeuse de même taille coûte entre 1,80 et 2,70 reales (entre 0,60 et 0,90). Le salaire minimum au Brésil est de 545 reales par mois (environ 180 euros) et le salaire moyen de 1.113 reales par mois (environ 365 euros). En tout, 3 millions de touristes brésiliens devraient faire tourner l'économie des grandes villes durant la compétition.
Les visiteurs venus du reste du monde sont aussi une cible, même s'ils sont sans doute moins sensibles à une légère augmentation du prix des boissons gazeuses. Le Brésil attend quelque 600.000 étrangers pendant la durée du Mondial.
Quelques précieux points de popularité
Après le mouvement de fuite des capitaux qui a touché les émergents en 2013, le Brésil fait face à une situation économique compliquée, qui fait suite à des années fastes. Le pays doit désormais retrouver une crédibilité afin d'attirer les investisseurs, sans quoi l'économie aura de plus en plus de mal à se financer.
La semaine dernière, la présidente, tout de même favorite pour la prochaine élection, mais critiquée de toutes parts, a décidé d'augmenter les prestations sociales et de baisser les impôts. Objectif, donner un coup de fouet à la croissance. Or au Brésil comme ailleurs, les investisseurs attendent une politique de l'offre, plutôt qu'une politique de la demande accusée de faire progresser une inflation déjà élevée.
Une voie qui serait un suicide sur le plan politique. Bref, tout est bon pour grappiller quelques points de popularité et quelques deniers supplémentaires, jusqu'à ne pas augmenter le prix de la bière en période de Coupe du monde de football.