Affaire Ecclestone : 100 millions de dollars pour un abandon des poursuites

Le magnat de la formule 1 Bernie Ecclestone va payer 100 millions de dollars pour l'arrêt des poursuites dans l'affaire de corruption qui l'oppose à la banque Bayern LB. Une "bonne affaire" pour le milliardaire britannique.
Bernie Ecclestone, 83 ans, à la tête de la formule 1 depuis 30 ans et accusé de corruption, se félicite de la décision des tribunaux munichois. (Photo: Reuters)

Marché conclu! Le chef de la formule 1 Bernie Ecclestone voit enfin la lumière au bout du tunnel. Il s'est déplacé lui-même à Munich vendredi pour conclure son "deal" - comme on dit en langage juridique outre-Rhin - avec la justice bavaroise: 100 millions de dollars (environ 75 millions d'euros) contre un abandon des poursuites dans une affaire où il s'était vu reproché d'avoir versé des pots-de-vin à la banque Bayern LB. Le tribunal de grande instance de Munich a prononcé l'arrêt du procès mardi après avoir obtenu l'accord du tribunal correctionnel.

Un scandale de pots-de-vin majeur

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à 2005, date à laquelle la banque du Land de Bavière, Bayern LB, décide de revendre ses parts dans la formule 1 à un fond d'investissement privé, le groupe britannique CVC Capital Partners. Sept ans plus tard, en 2012, le directeur en charge des risques de Bayern LB, Gerhard Gribkowsky, est condamné à 8 ans et demi de prison pour avoir reçu 44 millions de dollars (33 millions d'euros) de pots-de-vin. Il aurait été soudoyé pour privilégier l'offre de CVC Capital Partners par rapport aux autres dans cette opération.

En mai 2013, la Süddeutsche Zeitung annonce que le parquet de Munich entame des poursuites contre Bernie Ecclestone, PDG de Formula one Group, pour corruption. Il est accusé d'avoir versé la somme en question à Gerhard Gribkowsky pour favoriser CVC et s'assurer ainsi de garder le contrôle du marché de la formule 1. En janvier 2014, le tribunal de grande instance de Munich annonce le début du procès.

Une fortune basée sur le sport de course

Bernard Charles "Bernie" Ecclestone est devenu milliardaire grâce à la formule 1, d'abord comme propriétaire de l'écurie Brabham dans les années 70, puis en dirigeant Formula One Group, l'entité responsable de la promotion du championnat du monde de formule 1 et de l'exploitation des droits commerciaux de ce sport. C'est en grande partie sous sa férule que la formule 1 est devenue le business florissant qu'elle est aujourd'hui.

Cité par la Süddeutsche Zeitung, Niki Lauda, ancien champion du monde autrichien de formule 1 et aujourd'hui président du conseil d'administration de l'écurie Mercedes, résume:

"C'est lui qui a construit la formule 1 depuis trente ans. C'est le seul qui connaît tout, le business, les inquiétudes des écuries... il a tout dans la tête. Il fait le lien entre les écuries et les investisseurs, il est le garant pour les investisseurs".

Un magnat devenu incontournable

Impossible donc de se passer d'Ecclestone à la tête du sport de course. Lauda se félicite de la décision "à l'amiable" du tribunal munichois dans l'affaire Bayern LB:

"Je ne peux que me réjouir (de cette solution) pour moi, pour la formule 1, pour Mercedes et pour toutes les autres écuries, car Bernie va enfin pouvoir se concentrer à nouveau pleinement sur la formule 1 et travailler à résoudre les problèmes que rencontrent les différentes écuries. Si Bernie avait dû arrêter, cela aurait été une catastrophe pour la formule 1".

L'affaire du siècle

Que représentent 100 millions de dollars pour Ecclestone? Le magazine Forbes estime la fortune du chef de la formule 1 à 4,2 milliards de dollars (3,1 milliards d'euros). Il va donc avoir l'occasion de "s'acheter" un abandon des poursuites pour... 2% de sa richesse. Une somme qui représente en outre la pension alimentaire que son ex-femme lui verse annuellement.

Dans les années 90, Bernie Ecclestone avait cédé ses parts dans la formule 1 à sa femme, l'ancienne top-modèle croate Slavica Radić, avant une opération du cœur. La fondation Bambino avait été créée à cette occasion au Royaume-Uni pour recevoir les actifs, d'une valeur estimée à 2 milliards de livres (2,5 milliards d'euros). Expliquant au fisc britannique que ses activités n'avaient rien à voir avec celles de la fondation, l'homme d'affaires avait obtenu que le transfert se fasse sans prélèvement d'impôt.

Lors de son divorce avec Slavica Radić, la justice a pris en compte son généreux "cadeau" et a décidé de lui accorder une pension alimentaire de 100 millions de dollars par an. Par l'intermédiaire de son ex-femme, il retouche donc l'argent de la fondation Bambino indirectement... sans payer d'impôt.

Commentaires 7
à écrit le 05/08/2014 à 21:46
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Un mois de revenu officiel en moins, ça doit en effet faire mal. Il a intérêt à se faire défiscaliser sur ce coup-là... La Tribune. Si vous pouviez supprimer les machins gogole, fasebouk et autres cochonneries à gauche de la zone de commentaire, ce ...

à écrit le 05/08/2014 à 19:58
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Réveillez vous !!!

à écrit le 05/08/2014 à 15:16
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quand on a du blés, on a tout, même la justice

à écrit le 05/08/2014 à 14:25
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lamentable que ce type de négociation soit possible .que tu sois riche ou misérable.....

le 06/08/2014 à 12:33
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100% d'accord

à écrit le 05/08/2014 à 13:49
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Grands Prix soporifiques, changements techniques continuels, affaires de corruption, audience en forte baisse, la F1 est morte depuis longtemps...

à écrit le 05/08/2014 à 12:48
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A mourir de honte tous ces arrangements!! Et Lauda qui applaudit. La F1 me dégoûte...

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