La Belgique, un paradis fiscal pour les uns, un enfer pour les autres

Assiette fiscale réduite au minimum pour les entreprises et revenus du capital très peu taxés cachent une imposition du travail confiscatoire.
La célèbre statue du Mannekin-Pis, au centre de Bruxelles, un des célèbres symboles de la Belgique.. Copyright Reuters

Quand on parle de dumping fiscal, on pense plutôt à l'Irlande qu'au Royaume de Belgique. Sur le papier, en effet, la ponction du fisc belge est conséquente : 34% d'imposition des bénéfices des entreprises. C'est autant qu'en France et presque trois fois le taux irlandais. Mais les apparences sont trompeuses.

L'assiette, le secret de la "compétitivité"

En réalité, la Belgique fait partie des pays d'Europe où le traitement des bénéfices est le plus attractif d'Europe, au grand dam de ses voisins. Le secret de cette « compétitivité » n'est pas dans le taux... mais dans l'assiette. Et cette assiette fiscale est inversement proportionnel aux généreuses portions servies dans les restaurants populaires de Bruxelles.

L'astuce consiste pour l'essentiel à soustraire des bénéfices imposables le coût du capital. Quand cette mesure a été introduite, l'argument du patronat était le suivant : puisque les intérêts de la dette sont déductibles, pourquoi ne pas appliquer le même traitement aux fonds propres? Au nom de l' « égalité de traitement fiscal » entre les différentes formes de financement des entreprises, le fisc belge a donc renoncé à plusieurs milliards de revenus par an.

En 2010, une enquête du Parti des travailleurs (extrême gauche), jugée partiale par le ministre des Finances de l'époque, Didier Reynders, évaluait à 3,76% le taux d'imposition moyen réel des 500 plus grandes entreprises belges. Cela fait un sacré rabais par rapport aux 34% théoriques.

Le dumping n'est peut-être pas où l'on croit

Dans son enquête annuelle Paying taxes, le consultant PwC, a priori moins partisan, est arrivé à un résultat pas si éloigné : 4,8%. La France où l'assiette a également tendance à fondre s'avère moins généreuse avec un taux effectif de 8,2%. Et les abominables Irlandais qui ont, eux, choisi de baisser le taux et d'élargir l'assiette taxent les profits à...11,9%. Le dumping n'est peut-être pas où l'on croit.

Un second malentendu mérite d'être levé quand on parle de fiscalité belge : certes, les revenus personnels sont peu taxés... mais à condition de provenir du capital. Revenus de placement immobiliers ou mobiliers, plus-values de cessions d'entreprises ou de valeurs mobilières échappent largement à la voracité du fisc.

Une ponction sur les salaires qui monte jusqu'à 50%

Mais les revenus du travail, en clair les salaires, subissent, eux, une des ponctions les plus fortes en Europe. Celle-ci culmine, toujours selon l'étude de PwC, à 50% en Belgique. Autant qu'en France, où ce sont les charges sociales qui plombent le coût du travail, et plus du double de l'Allemagne. L'OCDE a fait depuis longtemps le même constat et place régulièrement parmi les pays dont la fiscalité des revenus du travail est confiscatoire. En conséquence, le manutentionnaire qui gagne 1.500 euros a des chances d'en laisser au moins 500 au fisc mais le propriétaire de l'appartement qu'il loue 500 euros en est quitte pour une simple déclaration.

Tel est le « compromis » fiscal belge qu'aucun gouvernement ne remet en cause et qui explique aussi pourquoi le travail indépendant ou les petites entreprises y sont relativement plus développés que dans d'autres pays, notamment en France.
 

Commentaires 21
à écrit le 12/09/2012 à 11:59
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Ayant travaillé en Belgique, je ne recommande pas d'y aller travailler. Le travail est trop taxé et le coût de la vie est relativement élevé notamment à Bruxelles. Et je ne parle pas de la pression au travail.

le 12/09/2012 à 14:05
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Mieux vaut aller travailler dans un pays du sud et éviter les pays du nord; au moins on a le soleil le soir et le week end. Ayant travaillé en Algérie de 75 à 80 (avant la vague islamiste), j'y ai passé les meilleurs moments de ma vie. Il ya a le Mar...

à écrit le 12/09/2012 à 10:15
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C'est pas les Wallons qui demandaient à être rattachés à la France il y a quelque temps?!!!???. Ce qui les rapprochent les Belges de leur voisin Français, ce sont les mêmes inepties politiques.

à écrit le 12/09/2012 à 9:54
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Approximatif, votre passage sur le manutentionnaire . Voir http://ccff02.minfin.fgov.be/taxcalc/app/anonymous/public/calcbox/home.do 1.500 ? mois x 12 ( c'est 13,85 en fait ) = 18.000 - 2.540 cotisation salariales (13% x 1,08 statut ouvrier ) = 2...

à écrit le 12/09/2012 à 9:52
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Pays formidable la Belgique : on taxe le besogneux et on exonère celui qui attend ses intérêts dans une chaise longue. Pays plein de contraste : une wallonie dans le même état que la France, une Flandre qui ne veut plus aider la Wallonie. Une société...

le 12/09/2012 à 10:00
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Tout en nuances, votre commentaire .

le 12/09/2012 à 10:10
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@patrice: Peut être un peu brutal en effet, mais faire croire que la Belgique est un paradis est tout aussi excessif.

à écrit le 12/09/2012 à 9:44
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Exact : Je paie 780? un meublé 17m2, 6eme étage sans ascenseur porte de Clichy. Non déductible de mes revenus, je paie 100? d'impôts. Par contre, l'investisseur ne paie rien

à écrit le 12/09/2012 à 9:31
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En France on taxe le travail et le revenu du travail, on ne taxe pas le patrimoine; c'est dommage car c'est de la consommation en moins, donc moins de recette, moins de travail à offrir, ect...

le 12/09/2012 à 10:31
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On ne taxé pas le patrimoine ? C'est nouveau !

à écrit le 11/09/2012 à 20:36
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imaginez comment cet etat socialiste se gave quand on touche l'argent d'une succession.il prend deja entre 30 et 40 pour cent,ensuite si on investit dans le neuf,on paye une tva à 19,6 pour cent,ensuite on paye un impot foncier important et en plus o...

le 11/12/2012 à 9:46
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1) si c'est effectivement dans du neuf la TVA n'est pas de 19,6 % 2) l'impot foncier n'est pas de la competence de l'état mais de la commune qui peut être de droite voir d'extreme droite et pratiquer un impot foncier important 3) au niveau des succ...

à écrit le 11/09/2012 à 19:49
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En claire, seule la France spolie à la fois les revenus du travail et les revenus du capital. Le capital étant pour beaucoup les fruit de l'épargne et donc du salaire et donc du travail. La France, ce grand pays communiste d'Europe et qui le sera dav...

le 11/09/2012 à 20:39
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Non non c'est pour préparer l'inversion .. bientôt le travail sera moins taxé que le capital ... Normal si on veut contrer le chômage ...

le 12/09/2012 à 9:30
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En France on taxe le travail et le revenu du travail, on ne taxe pas le patrimoine; c'est dommage car c'est de la consommation en moins, donc moins de recette, moins de travail à offrir, ect...

le 12/09/2012 à 10:33
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Ou avez vous inventé que le patrimoine n'était pas taxé?

à écrit le 11/09/2012 à 19:36
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Il faudrait uniformiser la fiscalité européenne pour éviter ces exils fiscaux qui favorisent les riches au détriment des pauvres qui, eux, n'ont pas les moyens de s'exiler. Et il faudrait prendre des mesures de rétorsion contre ces exilés. Pourquoi, ...

le 11/09/2012 à 19:53
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c'est bien de boire au lait socialo-communiste français, mais pourquoi est-ce aux autres de s'adapter à l?exception française ? Si le système stalinien français était si géniale, beaucoup l'aurait adopté, et l'URSS existerait encore...

le 11/09/2012 à 20:27
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@AS: 1) le système stalinien était basé sur le culte de la personnalité (de Staline). Staline ayant disparu, le système ne pouvait pas perdurer. 2) on a pas d'amis, mais uniquement des intérêts personnels, un système basé sur des "bases communes" ne ...

le 12/09/2012 à 1:04
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Je doute que les ecoles francaises de l'etranger soient gratuites, elle sont chere. Ils n'ont pas non plus de sous pour la rentree non plus. Les assurances maladies sont chere et pas toujours tres larges... Croyez moi vivre à l'étranger est cher mais...

le 12/09/2012 à 7:58
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Au sujet de faire payer fortement la scolarité au lycée français de Bruxelles: non, pas possible car les élèves qui le fréquentents ne sont pas tous fils d'exilés, il ne faut pas tout mélanger, il faut résoudre les questions fiscales par des mesures ...

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