D'ordinaire, dans les pays occidentaux, on se réjouit de voir la population d'un pays ou d'une région progresser alors que l'ensemble de l'Europe est menacé par un vieillissement accéléré de la population. Mais le bourgmestre (maire) socialiste de Bruxelles, Freddy Thielemans, n'est pas de cet avis. Dans un débat jeudi dernier en Flandres, il a réclamé que le «thème de la limitation des naissances devait pouvoir être abordé dans le cadre de la lutte contre la surpopulation». Et l'édile de pester contre ce «fait»: «nous avons à Bruxelles, beaucoup de familles nombreuses comptant sept ou huit enfants. Elles demandent un appartement social, mais ces appartements n'existent habituellement pas.»
Population en hausse
«La lutte contre la surpopulation» de la capitale belge a donc fait une entrée fracassante dans la campagne municipale en vue de l'élection du 10 octobre prochain où ledit sieur Thielemans cherche le renouvellement de son mandat. Bruxelles, il est vrai, attire de plus en plus, après avoir été fort peu à la mode dans les années 1980-1990. Entre 2000 et 2010, la population bruxelloise a crû de près de 13%. Aujourd'hui à 1,08 million d'habitants, la population de la capitale européenne devrait atteindre 1,23 million en 2020, soit encore une hausse de 13% en 10 ans.
Situation plus difficile
Evidemment, la situation est moins simple que ne le croit ou feint de le croire Freddy Thielemans. Certes, le taux de natalité bruxellois est supérieur à celui de la Belgique, mais en 2009 comme en 2010, l'accroissement de la population de la capitale s'expliquait par le solde migratoire. Car Bruxelles attire les Belges et les étrangers par son potentiel économique (la région de Bruxelles-Capitale est le troisième PIB régional de l'UE).
Disparités
En réalité, plus que «la limitation des naissances» et «le contrôle de la surpopulation», c'est bien plutôt le manque de logements, le chômage et les disparités qui menacent Bruxelles. La densité de population n'est que de 1.876 habitants au km² dans le chic quartier de Watermael-Boisfort où le chômage est proche de 10%. Elle est de 23.060 habitants au km² dans le très populaire quartier de Saint-Josse où le taux de chômage dépasse les 30%. Mais sans doute Freddy Thielemans n'entend-il pas s'attaquer à ce type de problème.
Pointer du doigt une communauté
Ou bien veut-il pointer du doigt la population musulmane, dont le taux de natalité est souvent considéré comme plus élevé que le reste de la population, ce qui est toujours tentant en période électorale? Il s'en est défendu, assez maladroitement il est vrai. «Ce problème, vous le retrouverez aussi bien dans les familles musulmanes que dans les familles juives», a déclaré son porte-parole concédant: «et même parmi les chrétiens». L'approche religieuse de la natalité semble donc bien présente.
Débat récurrent
Cette question de la surpopulation fait de plus en plus son apparition dans le débat public. En 2009, le député vert Yves Cochet avait proposé en France de supprimer les allocations familiales aux familles nombreuses au nom de l'écologie.
