Dimanche à 18 heures, les premières projections concernant le résultat des élections fédérales allemandes. Les rapports de force entre les partis seront alors connus (avec plus ou moins de précisions compte tenu de la nouvelle loi électorale et de l'aspect parfois incertain des projections). Quelles seront les conséquences de ces résultats ? Pour le savoir, il faudra surtout observer les rapports de force entre coalitions. Petit vade-mecum des scénarios possibles
Les Libéraux de la FDP passent les 5 % nécessaires pour entrer au Bundestag
Dans ce cas, il y a deux options. Si la CDU/CSU et la FDP font un score supérieur à celui des trois partis de gauche (Die Linke, SPD, Verts), alors la coalition en place actuellement sera en mesure de former un gouvernement. Sinon, la balle sera dans le camp des Sociaux-démocrates. Ils pourront alors tenter une alliance avec les Verts et Die Linke, alliance qu'ils excluent officiellement et qui est très peu probable compte tenu de la distance entre les programmes des partis réformistes et de la formation néo-communiste. Autre solution, la plus probable, SPD et CDU/CSU décident de reformer une « grande coalition » comme en 2005.
Les Libéraux n'entrent pas au Bundestag
Si les Libéraux échouent à entrer au Bundestag, la gauche sera sans doute majoritaire au parlement. Mais, là encore, le problème Die Linke se présentera aux Sociaux-démocrates. Si l'addition des sièges entre la SPD et les Verts est supérieure à ceux de la CDU/CSU, cette alliance « verte et rouge » pourraient tenter de former un gouvernement minoritaire en comptant sur l'abstention de Die Linke, comme ce fut le cas entre Rhénanie du nord Westphalie de 2010 à 2011 ou en Hesse en 2008. L'échec de ces expériences au bout de quelques mois n'incite guère les Sociaux-démocrates à les renouveler.
Certes, sur les sujets importants, comme l'Europe, cette coalition pourrait prétendre au soutien de la CDU/CSU comme l'a fait Angela Merkel avec la SPD. Mais le gouvernement serait en permanence soumis au couperet d'une alliance des contraires entre Die Linke et la CDU/CSU, ce qui réduirait sa marge de manoeuvre. Du reste, un gouvernement minoritaire est chose rare dans l'histoire allemande. On en trouve trois exemples en pendant quelques semaines en 1966, 1972 et 1982 et toujours de façon provisoire avant une élection ou un changement de majorité. En réalité, là aussi, le cas le plus probable sera une « grande coalition. » Cette option sera quasiment la seule possible si Verts et SPD ne se hissent pas au niveau de la CDU/CSU.
Les surprises possibles : l'entrée du parti anti-euro au parlement
La principale surprise à l'issue du vote serait une entrée du parti anti-euro Alternative für Deutschland (AfD) au parlement. Deux sondages cette semaine leur ont donné les 5 % nécessaires et il est possible que les sondages sous estiment la force de ce nouveau parti. Dans ce cas, en théorie, une coalition impliquant AfD est peu probable. Tant la FDP que la CDU/CSU s'y sont refusées, même si le chef de file des Libéraux, Philipp Rösler a ouvert une brèche dans la semaine avant de se rétracter. Reste que si une coalition CDU/CSU/FDP/AfD dispose de la majorité des sièges, Angela Merkel devra choisir entre cette option et la « grande coalition. » En réalité, compte tenu de l'accord de fond entre CDU et SPD sur l'Europe et de la bonne entente qui a régné entre 2005 et 2009, il y a fort à parier qu'elle choisisse une grande coalition. Du coup, l'entrée d'AfD entre au Bundestag peut rendre encore plus nécessaire, faute de majorité, la « grande coalition. »
Les surprises possibles : une alliance noire-verte
Les Verts ne vont pas bien. En deux semaines, ils ont perdu entre 3 et 4 points d'intentions de vote. En cause : un programme très à gauche, très agressif sur le plan fiscal. Après les élections, les Ecologistes pourraient être tentés par un recentrage qui, en 2011, leur avait permis d'emporter le poste de ministre-président du deuxième Land du pays, le Bade-Wurtemberg. Si les « Realos », l'aile droite du parti prenne le pouvoir, alors une alliance avec Angela Merkel pourrait être envisageable. Dans ce cas, la chancelière pourrait éviter la « grande coalition. » Jadis très évoquée, cette option l'est cependant beaucoup moins ces derniers temps. La chute de la coalition CDU/Verts à Hambourg en 2011 et le scandale du soutien du parti à certains pédophiles dans les années 1970 la rend en effet moins attirante pour la chancelière. Mais elle reste une possibilité.
Ce que disent les sondages
Les Allemands plébiscitent une grande coalition et souhaitent majoritairement la reconduction d'Angela Merkel à la chancellerie. Mais ils ne votent pas nécessairement en cohérence avec ces vœux. Les tout derniers sondages indiquent que la CDU/CSU devrait nettement progresser par rapport aux 33,8 % de 2009 et obtenir entre 38 et 40 % des voix, soit son meilleur score depuis 2002 (38,5 %), voire depuis 1994 (41,4 %). Les Sociaux-démocrates devraient également progresser par rapport aux 23 % de 2009, qui constituaient leur pire score de l'après-guerre. Mais ils pourraient rester en deçà des 30 % à 26-28 % des voix.
Derrière, la course pour la troisième place est serrée entre Die Linke, donnée à 9 % des voix (en baisse par rapport aux 11,9 % de 2009), et les Verts, dont le score est incertain et pourrait se situer entre 8 et 11 % (proche donc des 10,7 % de 2009, son niveau record pour l'instant). Un peu plus loin, les Libéraux de la FDP vont se battre pour leur existence et leur maintien au Bundestag. Après leur succès de 2009 et les 14,9 % obtenus, les sondages ne leur attribuent que 5 à 6 % des voix. Ils s'en contenteraient, néanmoins. Quant à AfD, les sondages lui donnent entre 3,5 % et 5 % des voix. Son entrée au Bundestag est donc possible. Ce ne sera pas le cas des Pirates, un temps très en vogue et qui sont entrée en 2011 et 2012 dans plusieurs parlements régionaux, mais qui cette fois ne feront guère mieux qu'en 2009 (2 %) : les sondages leur prédisent de 2 à 2,5 % des voix.