L'Europe du populisme (3/3) : l'euro n'est pas seul en cause, loin de là

Les élections européennes de 2014 seront sans doute marquées par un rejet des partis traditionnels. Troisième volet de notre tour d'un Vieux continent gagné par les formations extrêmistes: la situation dans les pays du hors de la zone euro où la monnaie unique ne peut pas être prise comme bouc-émissaire.
Nigel Farage, le leader de l'UKIP, le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, a le vent en poupe

L'Europe fait-elle face à la montée des « populismes » ? Délicat de répondre à une telle question, tant le terme de « populisme » lui-même est sujet à débats. Si l'on prend comme critère de ce mouvement la remise en cause des élites et des partis traditionnellement dominants, sans préjuger par ailleurs des solutions proposées, on doit reconnaître qu'il existe un véritable mouvement de fond sur le vieux continent. Un mouvement qui, souvent, s'appuie sur le rejet de l'euro, conçu comme un instrument imposé par l'establishment. Mais on doit aussi constater que la nature et les causes de ces « populismes » sont aussi diverses que l'Europe elle-même.

Royaume-Uni : Nigel Farage mène le bal

Dans le Royaume-Uni, le système politique traditionnel vacille également. L'obligation pour David Cameron de constituer le premier gouvernement de coalition depuis 30 ans avec les Libéraux-démocrates en 2010 l'avait déjà prouvé. Depuis deux ans, la vie politique britannique est cependant marquée par la montée en puissance du parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) mené par le très charismatique Nigel Farage.

S'appuyant sur le rejet de l'Union européenne, il mène un discours contre l'immigration, Bruxelles et « l'establishment » qui trouvent de plus en plus d'écho dans l'opinion. Les derniers sondages le créditent de 10 % des voix, soit plus que les Libéraux-démocrates, alors qu'en 2010, il avait mobilisé seulement 3 % des électeurs.

Paradoxalement, le système électoral britannique est tel que cette montée de l'UKIP pourrait profiter in fine aux partis traditionnels, Conservateurs et Labour. En revanche, lors des Européennes de l'an prochain, l'UKIP pourrait plus mobiliser. Certes, le fait n'est pas nouveau : en 2009, il a glané 16,5 % des voix lors de ce même scrutin. Mais cette fois, il pourrait obtenir plus de 20 %.

Scandinavie :le cœur du système est touché

Les partis populistes de droite ont depuis plus de dix ans pignon sur rue en Norvège et au Danemark. Ils s'appuient généralement sur un rejet de l'immigration dans des pays plutôt historiquement d'émigration, mais aussi sur l'euroscepticisme (dans le cas danois) et le nationalisme. Il n'y a guère chez eux de défense du welfare state traditionnel, domaine réservé aux partis à la gauche des sociaux-démocrates qui progressent également, quoique moins nettement.

Cette année, les populistes de droite norvégiens du parti du progrès ont conclu un accord de coalition avec les conservateurs après les élections de début septembre. Au Danemark, les Sociaux-démocrates ont dû s'allier avec un parti de gauche et le précédent gouvernement s'appuyait sur une tolérance du parti du peuple danois, populiste de droite. En Suède, longtemps épargnée, les « Démocrates suédois » (SD), un parti très anti-européen et anti-immigration, effectue une percée. Après avoir obtenu 5 % en 2010, ils frôlent désormais les 10 % dans les sondages en vue des élections au Riksdag de 2014.

Europe de l'est : des poches de populismes

En Europe de l'est, les mouvements populistes ont été très présents dans les années 1990. Ils reviennent parfois en force avec la crise économique. La république tchèque, qui vote ce dimanche, pourrait connaitre une alternance du centre-droit vers le parti social-démocrate, mais aussi une forte percée du très orthodoxe Parti communiste de Bohème-Moravie, donné par les sondages entre 12 et 16 % des intentions de vote. En Hongrie, la Fidesz du premier ministre Viktor Orban ne ménage pas son discours anti-européen, nationaliste et anti-élites pour contenir la percée du parti d'extrême-droite xénophobe Jobbik.

Commentaires 26
à écrit le 23/10/2013 à 15:08
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L'article décrit des faits, donnant quelque interprétations raisonnables. Il ne pousse pas tres loin le raisonnement, les journalistes ont besoin d'un travail comme nous tous. la montée des populismes est présente pour les memes raisons qu'elle a tou...

à écrit le 23/10/2013 à 14:57
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le terreau du populisme, c'est la nomenclatura qui se crée sans cesse de nouveaux postes d'élus, de nouvelles planques, de nouvelles couches administratives, qui accorde sans cesse de nouveaux avantages a but clientéliste, qui n'a pas le courage de r...

à écrit le 23/10/2013 à 13:21
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Pour recalibrer les perspectives de l'Europe, l'excellent UPR.fr, qui revisite les raisons du pourquoi de cet échec européen et offre à tous les moyens d'en sortir, un parti utile, facile de taxer de populisme quand les gens crèvent de faim, regarden...

à écrit le 23/10/2013 à 9:34
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Il est clair que la montée du Tea Party aux US s'explique de la même façon : vu la légère crise actuelle, l'argent ne coule plus à flotS comme avant Lehman... Soit, logiquement, les extrémismes gagnent du terrain. Avec les futures conséquences que no...

le 23/10/2013 à 14:05
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Le Tea Party n'est pas populiste comme les partis d'extrême droite que nous avons en France et en Europe. Son ciment est la baisse des impôts, c'est un courant libéral d'un point de vue éco, pour le reste c'est très hétéroclite. Il n'y a pas vraimen...

à écrit le 23/10/2013 à 9:25
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Comment peut on être aussi "dogmatique" alors que les réponses ne correspondent pas ce que l'on recherche. Il est indispensable de constater simplement et sans aprioris que cela n'était qu'un tentative qui a échouer et revenir a des bases plus saines...

à écrit le 23/10/2013 à 9:22
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si les populations sont massivement fatiguées du parasitisme des immigrés et en ont marre de payer à fond perdus pour une idéologie naive de l'accueil qui ne marche plus... peut-être serait-il temps que les partis traditionnels en tienne compte ?

le 23/10/2013 à 11:45
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Les partis traditionnels autrement dit l'oligarchie font et disent ce qu'on leur demande : fournir une masse de consommateurs interchangeables et décérébrés. Que ces consommateurs soient des producteurs de "bonne qualité", ils s'en fichent, la classe...

à écrit le 23/10/2013 à 9:18
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Le populisme a toujours existé. Autrefois on accusait le pays voisin et faisait la guerre. Après la guerre, le peuple était occupé avec reconstruction etc. Aujourd'hui dès qu'il y a problèmes, le coupable c'est "BRUXELLES". C'est facile pour les gouv...

à écrit le 23/10/2013 à 9:16
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Le populisme n'est que la conséquence des politiques antérieures basées sur la mise en avant de l?intérêt particulier cosmopolite sur l?intérêt général local et, cette Europe n'est que le déplacement du curseur de cet intérêt général afin d'en diluer...

à écrit le 23/10/2013 à 9:01
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Le logiciel de l'euro fonctionne sur le modèle de Louvois,ça ne marche pas mais on continue en se disant ça finira bien par marcher un jour. Et tout cela en connaissance de causes.

à écrit le 23/10/2013 à 8:35
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Loin de remettre en cause la validité de l'Euro comment vouloir nous faire croire que cela peut marcher avec dans le meme sac la Gréce et la Finlande, l'Allemagne et la Roumanie ou meme la France?L'estocade est à prévoir.L'exercice est de savoir de q...

le 23/10/2013 à 9:32
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le franc etait bien la monnaie de la corse et de l alsace ... et pourtant ces 2 regions n avaient rien en commun La grece est l homme malade de l eurozone mais sont ils pire que les corses ??

le 23/10/2013 à 9:40
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Le dollard américain marche bien avec "dans le même sac" la Californie, l'Alabama, le New Jersey ou le Nouveau Mexique.

le 23/10/2013 à 9:58
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Pierre, tu oses comparer deux choses qui NE sont PAS comparables. 1- Les Etats-Unis sont une nation. 2- La zone euro est un groupe de 18 nations, avec des langues différentes, avec des mentalités différentes, avec des cultures différentes, avec des a...

le 23/10/2013 à 11:10
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et vous croyez que les Corses, les Alsaciens, les Guadeloupéens, des Réunionnais, les Tahitiens c'est partout la même mentalité? Ils avaient tous leur langues, si ça plaît ou pas, à l'époque on n'a pas demandé l'avis aux peuples ce qu'ils souhaitent ...

le 23/10/2013 à 12:42
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Ton exemple est bon, mais il faut bien en mesurer les conséquences. Chaque année, l'Alsace ouvre son carnet de chèque pour la Corse sans aucune perspective de revoir son argent un jour. Est-ce que les Finlandais sont désireux de faire pareil pour la ...

le 23/10/2013 à 12:53
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@@BA Je vous rassure les ultramarins ont bien conservé leur langue jusque dans les administrations. Le français n'est pas la langue la plus parlée en outre-mer. Vous seriez surpris d'observer l'importance du créole dans le quotidien des ultramarins....

le 23/10/2013 à 13:52
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Non mais vous rigolez ? Vous osez comparer la solidarité qui existe aujourd'hui entre tous les Français, et la soi-disant "magnifique solidarité européenne" entre l'Allemagne et la Grèce ? C'est une plaisanterie ? Non, franchement, c'est une plaisant...

le 23/10/2013 à 14:12
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Les USA sont devenus récemment une nation. Le fait que les Inuits, les Californiens, les Hawaiiens, les Cajuns et les New Yorkais aient la même monnaie était tout aussi improbable que les Grecs et les Finlandais.

le 23/10/2013 à 15:05
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Il y a une différence entre la mise en place des zones francs et $ d'une part et la zone euro d'autre part: dans le premier cas les zones périphériques atypiques (pays cajuns, Corse, Inuits, Hawaïens, ...) pesaient peu face à l'importance des régions...

le 23/10/2013 à 15:17
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Donc l'Union Européenne va devenir une nation ? Comme les Etats-Unis ? Mais vous pensez que 28 nations européennes différentes vont se transformer en une nation unique ? Vous le pensez vraiment ? Ou alors vous faites semblant de croire à ce rêve merv...

le 23/10/2013 à 21:51
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La solidarité entre tous les Français? c'est souvent un sens-unique! cad tjrs les mêmes qui payent et tjrs les mêmes qui reçoivent! Quant à la solidarité avec les Grecs, la France, faisant partie de la "Troïka" n'est pas tellement solidaire avec la ...

le 23/10/2013 à 22:00
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Je sais concernant les langues, mais, tous les autres peuples à l'époque lorsque la France a "annexé" leurs pays, je ne pense pas qu'on a demander l'avis des peuples concernés. Ceux qui se sont révoltés - Viet Nam, Algérie (pour certains pays africai...

le 23/10/2013 à 22:51
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Mais oui, bien sûr, c'est évident, 27 nations européennes vont se transformer en une nation unique. Mais oui, bien sûr, c'est évident, de la même façon qu'il y a une nation qui s'appellent les Etats-Unis d'Amérique, nous allons voir apparaître une no...

le 24/10/2013 à 12:28
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Pffffff!

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