L'Espagne continue à réduire son déficit commercial

Le déficit commercial espagnol se réduit depuis plusieurs mois grâce aux exportations rendues compétitives par la dévaluation interne. Mais, les fondamentaux restent faibles et le chômage élevé. Le respect des critères de Masstricht n'est pas prévu avant deux ans.
Avec une reprise des exportations et une sortie de récession, l'Espagne va mieux. Mais avec un déficit public important et un chômage qui ne baisse pas vraiment elle est encore loin d'être sortie d'affaire. (Photo : Reuters)

Le déficit commercial de l'Espagne s'est encore réduit en septembre, grâce aux exportations dont la croissance s'est nettement accélérée s'affichant quatre fois supérieure à celle de la zone euro, a annoncé mercredi le ministère de l'Économie.

Forte réduction du déficit commercial

Sur le mois, la quatrième économie de la zone euro a en effet réduit son déficit de 16,1% à 2,6 milliards, exportant pour 19,3 milliards d'euros (+8,3% su un an), et en important pour 21,9 milliards (+4,7%), poursuivant la tendance enregistrée ces derniers mois, après avoir affiché en mars son premier excédent commercial depuis 1971.

En cumulé entre janvier et septembre, le déficit commercial de l'Espagne a fondu, se réduisant de 58,6%, à 11 milliards d'euros.

Les exportations progressent plus vite qu'en zone euro

"Le rythme des exportations s'intensifie en septembre", a souligné le ministère dans un communiqué, alors que la hausse, le mois précédent, n'était que de 3,8%. "Le dynamisme exportateur de l'Espagne est sensiblement plus élevé que celui de nos principaux partenaires commerciaux", s'est-t-il félicité, citant une hausse des exportations de 2,1% en zone euro, avec notamment +3,6% en Allemagne ou +2% en Italie, tandis que celles de la France ont baissé de 1,5%.

Les exportations espagnoles ont particulièrement été tirées par les matières premières (26,3%) mais aussi par le secteur automobile qui a enregistré une progression de ses ventes à l'étranger de 26,2%. Un bon point pour le deuxième producteur européen de véhicules qu'est l'Espagne.

Légère embellie du côté des importations

Jusque là, l'amélioration de la balance commerciale était surtout le fait d'une baisse de la consommation liée à la hausse du chômage, à la baisse des salaires et à la réduction de la dépense publique. Ce qui était le signe d'une Espagne en très mauvaise santé économique.

Cette fois-ci, elles ont progressé. Ce qui "peut signifier le début de la reprise", espère le ministère. De fait, la consommation s'est quelque peu améliorée. La progression des importations traduit une augmentation de la production, qui requiert de se fournir notamment en matières premières. Si bien qu'elles ne signifient pas forcément de véritable amélioration de la demande espagnole. En outre, la chute des importations depuis le début de la crise ayant été vertigineuse, le pays est encore très loin d'avoir regagne ses niveaux d'avant crise.

Pas de dévaluation de l'euro... mais une dévaluation interne

Mercredi matin, le ministre de l'Économie espagnol Luis de Guindos, qui a admis que l'Espagne a "perdu beaucoup de sang", s'est félicité du regain de compétitivité de son pays. Selon lui, "l'Espagne montre qu'il est possible de gagner en compétitivité sans dévaluation".

En réalité, il n'y a effectivement pas eu de dévaluation monétaire, mais il y a bien eu une dévaluation interne reposant sur une baisse des salaires et la "flexibilisation" du marché de l'emploi qui a permis aux entreprises de réduire leurs coûts de production. Ce sont les fameuses réformes structurelles du marché du travail réclamées par Bruxelles.

Retour à un excédent courant

A l'évidence la situation de l'Espagne est moins catastrophique qu'elle ne l'était un an auparavant. Le pays pourrait même bénéficier d'un effet de rattrapage sur sa croissance dans les années à venir, comme l'espère Luis de Guindos qui estime que "dans dix ans, la croissance de l'Espagne sera supérieure à la moyenne européenne". Pour l'heure, il peut surtout s'enorgueillir du retour de son pays à un excédent courant prévu à 1,4% du PIB en 2013.

L'Espagne devrait toutefois finir l'année en récession (-1,3%), selon la Commission européenne, et sa croissance ne dépassera pas les 0,5% du PIB l'an prochain. Quant au chômage, il touchera encore plus d'une personne active sur quatre au cours des deux prochaines années, sans que l'activité économique ne parvienne à le résorber réellement.

La dette publique poursuit son ascension

Sans oublier que le déficit public du pays s'établit toujours à -6,8% du PIB et ne descendra pas en dessous de -6,6% en 2015, selon Bruxelles. Sa dette publique devrait par ailleurs dépasser 100% du PIB en 2015 alors qu'elle n'atteignait pas les 60% maximum requis par Maastricht avant le début de la crise.

S'il y a un mieux du côté des exportations, il y a donc encore fort à faire avant de déclarer que les politiques menées en Espagne ont porté leurs fruits.

Commentaires 4
à écrit le 21/11/2013 à 8:51
Signaler
Quand rembourseront ils leur dette ,

à écrit le 20/11/2013 à 19:17
Signaler
Copier l’Allemagne donne le même résultat avec une absence de consommation intérieure, si tout le monde utilise la même méthode, les résultats risquent de surprendre défavorablement!

le 21/11/2013 à 11:36
Signaler
Même les Chinois sont en train d'en découvrir peu à peu les limites.

à écrit le 20/11/2013 à 16:33
Signaler
25 % de la population mise au chômage pour progresser les exportations de 3 %. Ou comment on fait de l'argent avec du sang...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.