
Ce jeudi, Mario Draghi a de nouveau repoussé d'un revers de main la question de la politique de change de la BCE.
« Le taux de change est un élément important pour la stabilité des prix, c'est donc une information que nous regardons avec attention, mais ce n'est pas un objectif », a répété le président de l'institution de Francfort.
C'est la doxa habituelle de la BCE.
Inefficacité des actions de la BCE sur le cours de l'euro
La réalité est cependant un peu plus cruelle pour Mario Draghi. Depuis le mois de mai dernier, il a lancé un nouveau cycle d'assouplissement de sa politique monétaire. Sortant de son « artillerie » de nombreuses armes qui, jadis, auraient été considérées comme « de dernier recours » : deux baisses des taux jusqu'à 0,25 %, un ancrage de sa politique monétaire à moyen terme, une évocation plus ou moins ouverte d'un taux de dépôt négatif.
L'euro continue de grimper
L'ambition est de stopper la désinflation. Or, pour faire accélérer à nouveau les prix, le plus sûr moyen demeure de peser sur le taux de change. Nul doute que la BCE comptait sur ce phénomène lorsqu'elle a pris ces décisions. Or, l'euro s'est encore renforcé depuis le mois de mai dernier où il s'échangeait contre 1,30 dollar environ. Aujourd'hui, il s'échange contre 1,36 dollar environ, soit une hausse de 4,7 %. Pourquoi donc la BCE, qui mène la politique la plus accommodante de son histoire, ne parvient-elle pas à peser sur le cours de l'euro ?
L'euro sauvé devient attractif
Une des explications avancées, par exemple par l'hebdomadaire britannique The Economist, est la confiance retrouvée dans l'euro. Après le fameux « whatever it takes » de Mario Draghi en juillet 2012 où ce dernier assurait qu'il ferait tout pour sauver l'euro, les investisseurs auraient rapatrié leurs avoirs mis à l'abri en dollars dans la monnaie unique.
L'explication est juste, puisque l'on voit un vrai redressement de l'euro entre juillet et septembre de plus de 10 cents, soit près de 10 %. Cette explication peut certes être encore juste, mais elle n'est sans doute que marginale, car l'essentiel des retours a sans doute déjà eu lieu.
Une politique monétaire pas assez accommodante
Il existe une autre explication : celui de la politique monétaire de la BCE qui demeure plus restrictive que celle de la Fed. La « production » de dollars est beaucoup plus intense outre-Atlantique qu'en zone euro. Chaque mois, la Fed rachète 85 milliards de dollars d'actifs. Rien de tel encore en Europe où, au contraire, le bilan de la BCE se réduit chaque semaine. Autrement dit, l'euro est plus « rare » que le dollar, son prix est donc plus élevé.
De plus, les taux réels de la zone euro demeurent plus attractifs que ceux des Etats-Unis. La Fed offre des taux nuls avec une inflation de 1 % en novembre. Soit un taux réel de -1 %. En zone euro, le taux de refinancement est de 0,25 % pour une inflation de 0,9 %, soit des taux réels de -0,65 %. Les investisseurs adeptes du « carry trade » peuvent ainsi emprunter en dollar pour revendre en euros et faire un léger bénéfice. Mais cet « avantage » de l'euro ne cesse de se réduire. Pourquoi alors l'euro continue-t-il à monter ?
L'austérité favorise l'euro fort
La réponse est simple : c'est l'austérité. La stratégie de dévaluation interne menée par la zone euro vise précisément à maintenir le cours de la monnaie tout en améliorant la compétitivité externe de la zone. Autrement, dit, il met en place un modèle économique fondé sur le développement des exportations et sur la réduction des importations. Donc sur l'amélioration du solde extérieur. Depuis l'an dernier, la balance commerciale de la zone euro est passée en excédent. Logiquement, cela alimente la demande d'euro et réduit la demande de dollars.
Une inflation toujours faible
Sans compter que les dévaluations internes conduisent à une pression sur les coûts et à un ralentissement de la croissance de la masse monétaire (en raison notamment du « credit crunch » causé par la récession) qui entraîne une désinflation. Or, le ralentissement de l'inflation favorise la valeur intrinsèque d'une monnaie.
C'est la fameuse remarque de Mario Draghi : « with low inflation, you can buy more stuff » (« avec une inflation basse, vous pouvez acheter plus de choses »). Autrement dit, le pouvoir d'achat d'un euro augmente avec la baisse de l'inflation. Les investisseurs étrangers ont donc toutes les raisons d'investir en euros. Et comme, depuis le mois de juin, l'inflation est plus faible en zone euro qu'aux Etats-Unis et que dans certains pays de la zone euro, les plus touchés par l'austérité, la déflation commence à frapper, l'attractivité de la monnaie unique est de plus en plus forte par rapport au dollar.
Tant que la stratégie de dévaluation interne sera en œuvre en zone euro, la tâche de la BCE sera très complexe. Pour faire baisser la valeur de la monnaie unique, elle devra utiliser des armes massives, comme celles de la Banque d'Angleterre ou de la Fed. De simples baisses des taux ne suffiront pas.
Je me permettrais néanmoins de souligner que le credit crunch, qui est le thème central du présent article, fut, dans le cas qui nous occupe, le résultat du krach boursier de 2008,
lui-même étant le résultat d'une surspéculation dans les subprimes américains, à laquelle il faut ajouter la faillite de la Banque Lehman Brothers, puisque c'est elle qui provoqua le krach boursier et le credit crunch qui s'ensuivit.
A partir là, la question est de savoir comment les différents pays ont réagi pour sortir de la crise.
Et là est la différence entre, d'une part, des Etats Unis qui ont fait du déficit spending avec, comme conséquence, une baisse de la valeur du dollar US sur le marché des changes, et une Union Européenne qui, en pratiquant une politique très stricte, sous ce rapport, obligea les entreprises européennes à réduire leurs coûts, notamment salariaux.
Et si l'Union Européenne, apprend-on, finit par dégager des excédents dans son commerce avec les autres grandes nations, elle le dut, non point tant à une baisse de l'euro qui, en ce cas, n'existe pas, qu'à une réduction des salaires, à temps de travail égal, de la part des travailleurs européens.
Quant à dire, à partir de là (avec M. Draghi) qu'un euro achète plus de biens, sans l'inflation des prix, plutôt qu'avec, c'est là le point de vue d'un spéculateur qui a placé son argent en euros, mais nullement celui d'un travailleur salarié, et tout spécialement quand celui-ci sert une entreprise européenne travaillant pour l'exportation, puisque, en ce cas, la hausse de l'euro, face aux autres grandes monnaies (dollar, yuan, yen, etc.), la pénalisa d'autant.
Tout cela pour dire que la surévaluation de l'euro, sur le marché des changes, se traduisit par une croissance insuffisante des PIB des pays participants à l'euro, et, en corollaire, par un chômage très important, ou, si ce n'est pas le cas, par une baisse des salaires réels, pour le même temps de travail, versés aux travailleurs encore en activité.
1/ il n'y a pas d'austérité, celle ci consisterait à arreter de s'endetter et à diminuer les dépenses, or il n'en est rien!
2/ l'euro fort diminue le prix de nos importations, et le prix des matieres premieres que nous réexportons transformées
3/ Si nous allons mal, il se trouve qu'ailleurs , c'est pire ou alors c'est mieux transitoire.
4/ La confiance dans les états unis s'érode et l'europe est un endroit sur pour les depots
car en Europe et plus particulièrement en France , on sait qu'on peut tondre le travailleur avec des prélèvements exorbitants et lui oter 75% du produit de son travail sans qu'il rechigne et la justice et le fisc sont sans pitié.
1)l'UE n'est qu'une zone de libre échange, pas une Nation
2)l'Euro est un Euro-Deutschemark, reflet de la seule puissance responsable de l'excédent commercial de l'UE.
Une zone de libre échange avec monnaie unique est un non sens économique.
1) Les USA, par injection de monnaie créée chaque jour, effectue une dévaluation du dollar "de fait"; ce n'est pas le cas de l'euro, malheureusement. Concurrence déloyale, contre laquelle il est inutile d'imaginer un renversement de politique monétaire en Europe car c'est tout l'opposé qui la mène.
2) Le huan se porte bien, merci, et échappe, pour l'essentiel, à la débacle. La Chine est en train d'absorber bonne partie du contrôle de la planète. Le chnois est la langue à apprendre à nos enfants après l'anglais, comme on apprenait l'allemand aux nôtres entre les deux guerres... pour la prochaine.
3) Tout se passe, avec Mario Draghi comme porte-parole, comme si l'action des partisans de l'euro fort était destinée à soutenir l'euro pour l'euro, pour lui-même, "for its own sake" diraent les anglais. Pour le fait d'avoir une monnaie "résistante" et batailler contre le dollar "fluctuant", mais toujours aussi fort. Un caprice d'enfants de 70 ans...
Ils en ont rêvé, ils ont axé toute leur carrière politico-économique sur ce Veau d'Or qu'est la monnaie unique européenne, et les banques se "goinfrent" aujourd'hui de ces apports BCE avec la bénédiction des états membres faibles (la France ) qui n'ont aucun moyen d'agir et le regard condescendant et passif des états forts (Allemagne) parce que sans les banques, leurs économies respectives seraient encore plus dans le fond du trou.
Voilà une bien triste histoire due à un orgueil démesuré des politiques et de leurs "souteneurs" : financiers, économistes, grands groupes, etc. Vive l'euro !
Parce-que, soyons francs, c'est bien l'Allemagne qui domine!
Pourquoi pas réinstaller le troc?
quelqu'un qui fait des fautes est peut-être étranger et parle plusieurs langues. Ca n’empêche que le contenu peut rester intéressant. Dans un article d'accord dans des commentaires ont à beaucoup à gagner à échanger.
Les exportations sont trop chères et nous exportons moins !
Votre article dit le contraire ! comprenne qui pourra ??