Comment Wolfgang Schäuble va équilibrer le budget allemand l'an prochain

Le ministre fédéral des Finances Wolfgang Schäuble veut être le premier à équilibrer le budget fédéral depuis 1969. Voici comment.
Le ministre fédéral allemand des Finances Wolfgang Schäuble sera peut-etre le premier depuis 1969 à équilibrer le bduget fédéral

Wolfgang Schäuble est proche de réaliser le rêve de tout ministre fédéral des Finances depuis plus de 40 ans. Dans le programme budgétaire qu'il a présenté ce mercredi lors du conseil des ministres, l'élu du pays de Bade a annoncé que le budget fédéral sera équilibré l'an prochain pour la première fois depuis 1969. Cette année, le déficit passera de 22 à 6,5 milliards d'euros.

Rappelons que le budget fédéral ne représente que la moitié de l'ensemble du budget des administrations publiques allemandes. Les comptes des assurances sociales, des Länder et des communes doivent être ajoutés pour obtenir le solde « au sens de Maastricht. » Ce dernier est équilibré depuis 2012 et avait déjà connu en 2007-2008 une première période de retour à l'équilibre. Ce n'était pas le cas du budget propre au gouvernement fédéral qui n'avait jamais cessé d'être en déficit malgré les volontés affichées des différents ministres des Finances.

Une croissance solide

Wolfgang Schäuble pourrait donc réussir à le faire. Il est vrai qu'il est aidé en cela par trois puissants éléments que n'ont pas eu ses prédécesseurs. D'abord, une croissance soutenue qui alimente les recettes fiscales. Pour 2014, la croissance allemande devrait atteindre des niveaux jamais vu depuis 2011. Ce mercredi, les instituts RWI d'Essen et DIW de Berlin ont ont relevé leurs prévisions de croissance à 1,9 % pour cette année et 2,1 % pour 2015. Or les recettes fiscales augmentent toujours plus vite que la croissance. Selon les plans du gouvernement qui tablent des croissances un peu inférieures (1,7 % en 2014 et 2 % en 2015), les recettes fiscales devraient ainsi progresser de 3,5 % en 2014 et de 3,6 % en 2015.

Certes, Peer Steinbrück, ministre des Finances de 2005 à 2009, avait certes bénéficié d'une forte croissance entre 2006 et 2008, mais le déficit dont il avait hérité était plus élevé et, en 2009, la contraction de l'économie allemande avait atteint près de 6 % ! Difficile dans ces conditions de réussir le pari de rééquilibrer le budget fédéral.

Des caisses sociales qui vont mieux

Le deuxième facteur qui soutient l'ambition de Wolfgang Schäuble, c'est la bonne santé des assurances sociales. Les caisses d'assurance-maladie sont parvenues à réduire leurs besoins de financement, notamment grâce à une pression exercée depuis 2010 sur les laboratoires pharmaceutiques. Certes, en tout, l'Etat fédéral doit encore largement subventionner l'assurance-maladie, mais dans une mesure moindre : 11,5 milliards d'euros en 2015 contre 14 milliards d'euros l'an passé. Mais surtout, la décrue du chômage qui, si l'on en croit les instituts déjà cités, devrait se poursuivre en 2014 et 2015 et permettre de maîtriser les dépenses.

Des taux faibles qui réduisent les coûts.

Enfin, troisième facteur, la faiblesse des taux versés par l'Allemagne au marché depuis 2010 pour se refinancer qui va permettre à l'Etat fédéral d'économiser 20 milliards d'euros par an entre 2014 et 2016. Rappelons que ces faibles taux sont les conséquences directes de la crise de la dette en zone euro. Cette baisse permet de réaliser une grande partie de la baisse des dépenses cette année et l'an prochain.

Oublier ses promesses

Reste que le retour à l'équilibre ne pouvait se faire qu'en oubliant une grande partie des promesses de la « grande coalition.» Certes, la possibilité pour certains salariés de partir à la retraite à 63 ans contre 65 ans et 2 mois aujourd'hui a été acceptée, mais parce qu'elle est en grande partie financée par les cotisations. Surtout, beaucoup d'autres promesses ont été repoussée à plus tard, autrement dit après 2015. C'est le cas du relèvement promis des allocations familiales, mais aussi des investissements dans les transports, malgré les besoins évidents du pays. Ce mercredi, le Handelsblatt, organe du patronat allemand, se plaignait amèrement que « les économies budgétaires aient priorité sur la rénovation des infrastructures de transport. »

Rassurer la SPD

Wolfgang Schäuble a été assez fin dans la préparation de ce budget. Pour faire accepter la baisse des dépenses en 2014 et leur stagnation en 2015 aux Sociaux-démocrates, il a augmenté le budget de leurs ministères au détriment des ministres CDU. La SPD peut donc se dire gagnante de ce budget qui semble pourtant n'avoir comme principe que l'obsession du retour à l'équilibre. Wolfgang Schäuble, qui espère maintenir l'équilibre du budget fédéral de 2015 à 2018, entend ainsi faire reculer rapidement l'endettement du pays, actuellement à 78,5 % du PIB pour le faire repasser sous les 60 % du PIB prévu par le traité de Maastricht. Plus que jamais, l'Allemagne reste ferme sur sa doctrine : « la dette, c'est le mal. »

Un budget sur mesure pour faire de Wolfgang Schäuble un héros

De façon générale, il y a dans ce projet de budget une stratégie consistant à repousser les problèmes à plus tard, après 2016, une fois Wolfgang Schäuble entré dans l'histoire comme « l'homme qui a réussi à équilibrer le budget fédéral ». On voit ainsi les dépenses s'envoler entre 2016 et 2018 de près de 3 % par an, alors qu'elles doivent reculer de 3 % cette année et progresser de seulement 0,4 % en 2015. Le soutien à l'assurance-maladie doit ainsi après 2015 repasser à 14 milliards d'euros, soit son niveau de 2013. C'est à ce moment aussi que les promesses seront enfin réalisées. Mais d'ici à 2016, on aura le temps de réviser ces chiffres et ces promesses…

 

 

Commentaires 11
à écrit le 04/04/2014 à 10:13
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en France le meilleur gestionnaire de la France fut LIONNEL JOSPIN cohabitation avec Chirac de 97 a 2002 la SECU fut bénéficiaire pour la première fois toutes les caisses sociales avait retrouver leurs équilibres le déficit budgétaire n'était que...

à écrit le 13/03/2014 à 22:07
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Il existerait en Allemagne 40 points de dette non déclarée, mais la dette française ne tient pas compte des retraites... Et si les français souhaitent baisser les dépenses, on a des effets d'annonce et de manche. Pour la Grèce: -25% de PIB en 6 ans.....

à écrit le 13/03/2014 à 16:04
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A lire ces commentaires satisfaits et complaisants , je comprends pourquoi la France perdit la guerre contre les allemands avant que ceux-ci n'attaquâssent. Et pourquoi les mêmes dirent aux français qui reculaient en courant , certains ayant même ab...

le 13/03/2014 à 16:05
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Aujourd'hui , ce sont les fils des "mêmes."...

à écrit le 13/03/2014 à 13:23
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...et oui , le Fameux...l'Inatteignable Equilibre...!!! Laissez tomber , Monsieur Schäuble...c'est cuit. Oui , les karotten sont cuites , vous dis-je...

à écrit le 13/03/2014 à 9:10
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Ah si la France était un landier on avancerait vers une réduction des déficits rapidement

le 13/03/2014 à 12:01
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Avec l'endettement des Länder, la vraie dette allemande est le double de l'officielle et vu le vieillissement accéléré de notre voisin, le scénario de la déflation chronique à la japonaise est probable ...

à écrit le 13/03/2014 à 1:59
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Si Schaeuble y parvient il sera un hero et beneficiera d' un gain politique enorme. En France, un candidat ou un politique qui se fixerait un tel objectif (faire mieux que les criteres de Maastricht !!!) ne sera jamais elu ! Pas assez glamour et tro...

le 13/03/2014 à 5:38
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Je ne suis pas sur de votre analyse concernant la France. je crois que nous pourrions accepter des modifications de nos structures dépensières mais pour cela il faut tout d'abord un objectif clair et simple pour la compréhension de chacun des propos...

le 13/03/2014 à 5:40
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Pourquoi l'Allemagne peut le faire, principalement en raison de son régime parlementaire qui n'oblige pas à avoir un président soit disant de tous les français mais qui pour se faire élire et réélire ne doit pas prendre de décisions structurelles, ma...

le 13/03/2014 à 6:44
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Oui il est bon le Wolfie, il a même fait en sorte que les caisses d'épargne allemandes et les grosses banques teutonnes soient exclus des stress tests bancaires ... Histoire qu'on ne s'aperçoive pas trop vite qu'elles sont en faillite ...

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