Candidat lui-même, pour "transformer le système", Arnaud Montebourg presse la direction du Parti socialiste d'accélérer le rythme de préparation des primaires pour la désignation du champion de la gauche à la présidentielle de 2012. Pas question pour le député de Saône-et-Loire de remettre en cause le calendrier de la consultation, qui doit avoir lieu dans un an. Mais il s'agit de lancer véritablement les préparatifs techniques. 

Des primaires "ouvertes" pourraient concerner jusqu'à quatre millions d'électeurs de gauche, ce qui nécessite la mise en place de moyens logistiques lourds : 10.000 bureaux de vote, organisation de débats entre les candidats, financement de la campagne des présidentiables, la liste est longue. Et pour l'instant, déplore Arnaud Montebourg, rien ou presque n'a été mis en chantier. Ségolène Royal, possible candidate, avait fait part de ses inquiétudes la semaine dernière.

Avec retard, Martine Aubry réunira mardi au sein du comité national d'organisation des primaires les représentants des différents courants du parti et des probables candidats pour une première séance de "calage" des opérations. Arnaud Montebourg propose que la présidence de cette instance de régulation soit confiée à un "sage", en l'occurrence l'ancien président du Conseil constitutionnel Pierre Joxe.

Ce débat sur les modalités de la compétition continue d'être parasité par la querelle sur le calendrier. Pour François Hollande et Manuel Valls, déjà en campagne, des primaires à l'automne 2011 sont trop tardives. Mais Martine Aubry campe sur ses positions, refusant de briser le pacte qui la lie à Dominique Strauss-Kahn, le favori des sondages, contraint de reporter au maximum son entrée en campagne en raison de ses fonctions au FMI. 

Dans le rapport remis lundi à Martine Aubry, Arnaud Montebourg préconise de lancer la campagne officielle lors des universités d'été de La Rochelle fin août 2011, après "une campagne officieuse" durant l'été, le dépôt des candidatures étant prévu en juin. Les candidats feraient ensemble un débat télévisé national et trois meetings régionaux. Pour éviter la répétition de la guerre interne qui a suivi la désignation de Ségolène Royal en 2006, à l'issue de la primaire remportée face à Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, le député prévoit la tenue d'une "convention d'investiture" pour garantir le rassemblement, sur le modèle de ce qui se fait aux Etats-Unis.

Benoît Hamon, porte-parole du PS, a d'ailleurs assuré dimanche sur France 2 que les socialistes se rallieraient "tous" derrière le candidat désigné lors des primaires, y compris "évidemment" s'il s'agit de Dominique Strauss-Kahn. Le directeur général du FMI est très critiqué par l'aile gauche du PS, à laquelle appartient Benoît Hamon, et par "la gauche de la gauche", Jean-Luc Mélenchon en tête.