Une conception du capitalisme battue en brèche

En annonçant l'offre publique d'achat d'Eurafrance sur Azeo, deux holdings du groupe, Lazard s'offre une petite cure de jouvence mais n'a pas totalement rompu avec le capitalisme à la française de grand-papa. Le groupe a bâti sa puissance financière sur des principes très en vogue jusque dans les années quatre-vingt : verrouiller le contrôle de sociétés d'investissements sans détenir nécessairement la majorité du capital grâce à des cascades de holdings, rester maître des flux financiers et des dividendes distribués, cultiver davantage l'opacité que la transparence. Mais, confronté à la pression insistante d'UBS Warburg qui s'est invité au capital de l'Immobilière Marseillaise, d'Eurafrance et d'Azeo, Michel David-Weil, le président de la galaxie Lazard, n'a pu faire la sourde oreille. Au cours de l'été dernier, très agacée par la décote en Bourse de ses titres Azeo, la banque d'investissement helvético-britannique a menacé, par l'intermédiaire de son avocat, de lancer une offre publique sur la société. Beaucoup plus calme, Vincent Bolloré, l'autre " grand " actionnaire minoritaire du groupe avec 30% de Rue Impériale, joue pour l'heure au gentil garçon. Mais les dirigeants de Lazard ne se risqueraient pas à prendre des décisions qui n'auraient pas l'heur de lui plaire.Reste que le projet de fusion entre Eurafrance et Azeo en laisse plus d'un sur sa faim. Car il ne règle pas les problèmes de fond, à savoir une délimitation claire entre les activités de la banque d'affaires et celles des sociétés d'investissements, une répartition des bénéfices transparente entre les associés de la banque et les actionnaires minoritaires des holdings. Sur tous ces fronts, d'autres batailles seront menées. D'autres questions demeurent aussi sans réponse sur le statut et la place de Lazard dans le monde des banques d'affaires. Pour Michel David-Weil, pas question d'une cotation en Bourse de la banque et encore moins d'un rapprochement. Lazard doit rester maître de son destin, se plaît-il à répéter. Encore faut-il en avoir les moyens. Sinon, ces velléités d'indépendance risquent d'être reléguées au rang des vœux pieux.
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