Le moment fut forcément historique. Quinze ans seulement après avoir lancé AOL, Steve Case, qui avait commencé sa carrière en cherchant de nouvelles garnitures pour les pizzas, devenait à 41 ans l'un des maîtres du monde des affaires. Devant la presse mondiale, Ted Turner, fondateur de CNN et premier actionnaire de Time Warner avec 9% du capital, expliqua comment il avait décidé d'apporter ses 100 millions de titres à ce projet irrésistible avec un enthousiasme tel qu'il lui rappela " la première fois où j'ai fait l'amour avec une femme, il y a quarante-deux ans. "Ecrasée par la menace de ce monstre de 320 milliards de dollars de capitalisation boursière, l'industrie mondiale de la communication trembla instantanément sur ses bases. Etre mondial, marier contenu et capacités de distribution en accordant dans ces dernières une large part à Internet : telle était désormais la nouvelle règle du jeu. Elle n'échappa à personne, à commencer par le patron de Vivendi, Jean-Marie Messier.Mais voilà que l'an 2000 s'achève et que le Nasdaq peine à se maintenir au-dessus des 2.500 points. Entre le 10 janvier et le 14 décembre, le jour où AOL et Time Warner ont obtenu après bien des soucis le feu vert des autorités américaines de la concurrence, la capitalisation boursière cumulée des deux groupes a fondu d'une centaine de milliards de dollars. La Federal Communications Commission ne devrait pas tarder à donner son propre accord. Alors l'affaire sera enfin dans le sac.Maintenant, le plus dur reste à faire : prouver que toutes ces synergies, si séduisantes sur le papier, peuvent se matérialiser rapidement. Les analystes y croient. Et les nouveaux patrons ne reculeront devant aucun effort pour satisfaire Wall Street : désormais, leurs primes seront intégralement versées en stock-options...

latribune.fr

20 Oct 2008, 9:57

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