Vedette du dernier salon du livre, promis pour l'automne, le Cybook, premier livre électronique conçu par une entreprise française, ne sera finalement pas dans la hotte du Père Noël. L'objet, qui promet à ses utilisateurs l'accès à "une bibliothèque infinie" sera en vente le 22 janvier, au prix de 5.700 francs. Pour cette somme coquette, l'acheteur pourra prendre en main un bel objet métallique de 21 centimètres sur 16, pesant un peu moins de 900 grammes, muni d'un écran couleur tactile et d'un stylet. Equipé de quatre boutons de navigation, le Cybook est doté du système d'exploitation Windows CE et du navigateur Internet Explorer de Microsoft, ainsi que d'un accès pré-installé à Internet, assuré par France Télécom. Le "cylecteur" n'aura donc pas besoin d'ordinateur personnel pour acheter et télécharger des livres. Il pourra brancher directement son Cybook sur sa prise téléphonique, la commande et le paiement, sécurisés, s'effectuant directement sur l'écran. Le téléchargement d'un livre prend 3 à 5 minutes et le Cybook peut stocker 15 à 20.000 pages de texte, soit une trentaine de livres. D'ici quelques mois, il devrait être équipé d'une carte PCMCIA permettant une connexion sans fil. Et Cytale travaille avec l'Inserm à l'intégration de la synthèse vocale. Le circuit de distribution devrait inclure les grandes surfaces du livre et de l'électronique, mais aussi des libraires-conseils, "qui font partie du circuit de distribution du livre électronique", souligne Olivier Pujol, PDG de Cytale. Quant au catalogue, il devrait comporter plus de 1.000 références dès le lancement : romans, essais, livres pour enfants, documents, ouvrages de références, titres de presse, apportés par la vingtaine d'éditeurs partenaires, parmi lesquels Actes Sud, Albin-Michel, Bayard Editions, Le Cherche-Midi, Fayard, Hachette, Lattès et Stock. Un catalogue ensuite rapidement enrichi, promettent les éditeurs. Le prix des livres sera fixé par les éditeurs, qui restent propriétaires des droits, le livre électronique n'étant pas considéré comme un produit dérivé, précise Cytale. Mais tous n'ont pas encore défini avec précision leur politique en la matière : chez Albin-Michel, par exemple, les versions électroniques seront, dans un premier temps, au même prix que les versions papier. A terme, le propriétaire du Cybook pourrait bénéficier d'un "rabais" de 20 à 30 % sur le prix papier. Reste, souligne l'écrivain Erik Orsenna, qui est aussi directeur général de l'entreprise, à régler le problème de la TVA : si le Cybook lui-même est taxé à 19,6%, le taux applicable au téléchargement reste à fixer : 19,6% ou 5,5%, le taux réduit appliqué aux livres papiers ? "Nous plaidons pour qu'il n'y ait pas de différence en fonction du support, explique Erik Orsenna, mais la décision appartient au fisc, à qui il reviendra ainsi de définir ce qu'est précisément un livre..."Les ouvrages électronique adaptés par les équipes de Cytale au format international Open eBook, offriront bien sûr aux lecteurs des possibilités supplémentaires : plusieurs tailles de caractères, liens hypertextes, dictionnaire intégré, recherche, annotations, indexation...Produit par Hitachi dans son usine d'Orléans, le Cybook vise un rythme de production de 8.000 machines par mois, mais Cytale et le groupe japonais étudient déjà le passage à 18.000 exemplaires par mois. L'entreprise espère en vendre 40.000 exemplaires la première année. "Auprès d'un public de passionnés du livre, des gens qui voient dans ce livre électronique un produit ayant plus de valeur que les moyens d'accès à d'autres médias", souligne Olivier Pujol. La concurrence est déjà présente sur le marché français : l'américain Gemstar, fabricant du Rocket eBook, a récemment pris une participation dans le site 00h00.com, pionnier de la distribution électronique de livres en France. "Pouvoir recevoir et lire n'importe quel livre, n'importe où dans le monde, à n'importe quelle heure, c'est un vieux rêve", rappelle Erik Orsenna. Objet de rêve, le Cybook pourrait malheureusement rester quelque temps un objet de luxe. Ses créateurs ne s'y trompent pas : des housses spécialement dessinées par Louis Vuitton sont d'ores et déjà disponibles.

latribune.fr

20 Oct 2008, 9:56

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