Avec quelques mois d'avance sur le calendrier, Cap Gemini s'offre la branche conseil du cabinet américain Ernst & Young pour 11,875 milliards d'euros. L'opération, qui hisse la SSII française à la cinquième place mondiale du secteur, donnera naissance à un groupe de 7,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires, sur la base de données pro forma de 1999, pour une présence outre-Atlantique de 36 % de l'activité, contre 13 % auparavant. Mieux, l'acquisition serait d'ores et déjà relutive pour les actionnaires de Cap Gemini. Le groupe est aujourd'hui valorisé autour de 60 fois ses résultats attendus cette année, contre seulement 40 fois pour Ernst & Young, à résultat d'exploitation pourtant comparable. Un constat d'autant plus encourageant que le chiffre d'affaires moyen par employé caracole à 220.000 dollars pour la branche conseil du groupe américain, à comparer à un niveau moyen de facturation de 107.500 pour la SSII. Enfin, le rapprochement placera la nouvelle entité en position privilégiée pour profiter de l'essor du conseil sur l'internet et pour couper l'herbe sous le pied des nouveaux entrants, telles que les web agencies.D'où l'accueil enthousiaste des marchés, dès l'annonce de l'opération. La valeur s'est adjugée un bond de 13 % à 289,5 euros en milieu d'après-midi, tandis que presque 2 % du capital ont été échangés à la Bourse de Paris. " De nombreux investisseurs, notamment américains, devraient trouver désormais le moyen de jouer un des leaders mondiaux du conseil et des services informatiques, opportunité qui ne leur était pas offerte pour le moment sur le marché américain, du fait de la non-cotation des Big Five ", estime Bruno Allan-Hemeray, analyste chez Aurel-Leven.Même optimisme de rigueur chez les agences de notations. S&P a notamment placé la dette à long terme de Cap Gemini sous surveillance avec implication positive, sans pour autant connaître précisément la structure financière du cabinet américain. " Cette acquisition, réalisée de façon prudente par émission de 43,5 millions d'actions nouvelles et un paiement de 375 millions d'euros en liquide, n'aura qu'un impact limité sur la structure financière déjà solide de Cap Gemini ", souligne l'agence.Reste que l'opération n'est définitivement avalisée. La transaction doit encore être approuvée par les deux-tiers des associés d'Ernst and Young et les trois quarts des seuls associés de l'activité conseil, afin de s'assurer de " leur enthousiasme " pour le projet. A ce titre, si l'appui des dirigeants est acquis dans les principaux marchés du groupe américain, tel n'est pas encore le cas dans tous les pays où il est présent. Une formalité, au regard de l'enthousiasme des investisseurs.

latribune.fr

20 Oct 2008, 9:17

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