Vivendi et Canal + plongent après l'annonce des modalités de la fusion avec Seagram

Vivendi, Seagram et Canal Plus ont officialisé mardi leur fusion par échange d'actions, donnant naissance au deuxième groupe mondial de communication présent des deux cotés de l'Atlantique dans le cinéma, la musique, la télévision, l'édition, le téléphone et internet. Le nouveau groupe, aboutissement de neuf mois de négociations, sera coté à Paris, Toronto et New York et devrait voir le jour fin octobre ou fin novembre après l'approbation des actionnaires convoqués fin août. Ses dirigeants ont dit n'anticiper aucun obstacle réglementaire en Amérique du Nord comme en Europe. En présentant à la presse "la naissance d'un nouveau leader mondial dans les métiers de la communication", capable de "rivaliser partout avec les plus gros groupes américains", le président de Vivendi Jean-Marie Messier a reconnu que "l'opération pouvait être jugée audacieuse et risquée". Au plan financier, elle se traduit pour le groupe français par une dilution de 8% du bénéfice net par action après goodwill la première année et de 3% la deuxième année, selon les chiffres communiqués à la presse. Vivendi Universal prévoit des économies d'échelle de plus de 400 millions d'euros par an avant impôt et table sur un EBITDA additionnel d'environ 600 millions d'euros d'ici 2002, précise un document présenté en conférence de presse. Les activités stratégiques de la communication ne porteront aucune dette et seront génératrices d'un cash flow net de 0,7 milliard d'euros en 2001 et 2,6 milliards l'année suivante - après cotation de Vivendi Environnement, l'acquisition de 7,5% supplémentaires dans Cegetel et des cessions d'actifs programmées.Cette méga-fusion et son aspect dilutif ne sont pas pour le moment du goût du marché puisque Vivendi perdait 8,66% à 88,1 euros à la clôture, après avoir cédé plus de 16% en une semaine. L'action Canal+ reculait de son coté de 12,02% à 178,6 euros. Jean-Marie Messier a minimisé la réaction des marchés en estimant que l'on assistait "à un phénomène d'arbitrage classique" due à la prime versée pour le rachat de Seagram.L'accord valorise le groupe canadien de spiritueux et de divertissement à 34 milliards de dollars, soit 77,35 dollars par action. Il prévoit l'échange d'environ 0,7 action Vivendi pour une action Seagram dans les limites d'un collar de 12,5% autour d'un cours de 110,5 dollars, selon un communiqué de Vivendi.Quelques minutes après l'ouverture des échanges à la Bourse de New York, l'action Seagram abandonnait 8,59 % à 58 1/2 dollars. Le titre s'était envolé la semaine dernière à mesure que se précisaient les rumeurs de rachat du groupe canadien par Vivendi.Le prix offert pour Seagram représente une prime de 46% sur le cours de l'action, 53 dollars, lors de l'annonce officielle des négociations mardi dernier, mais une prime de seulement 15% sur les cours moyens des actions Seagram et Vivendi en 1999. Parallèlement à l'échange d'actions avec Seagram, Vivendi reprend tous les actifs de Canal+ en proposant deux de ses actions pour chaque titre Canal+ et un intérêt dans l'activité réglementée, la partie édition de la chaîne premium française, qui restera détenue à 51% par le public. Ce montage a été élaboré pour respecter la loi sur l'audiovisuel qui empêche un même actionnaire de détenir plus de 49% d'une chaîne hertzienne. Le nouveau géant multimédia aura une capitalisation de l'ordre de 100 milliards de dollars, proche de celle d'AOL-Time Warner, et un chiffre d'affaires annuel d'environ 55 milliards de dollars. La famille Bronfman, qui détient 25% de Seagram, et le groupe Philips, qui avait obtenu des titres Seagram lors du rachat de Polygram, se sont engagés à ne pas vendre leurs titres et à voter l'opération, ce qui garantit à Vivendi d'obtenir déjà 36% du capital. Seagram dépose dans la corbeille du mariage les studios de cinéma Universal, le premier éditeur mondial de musique Universal Music Group, 43% du câblo-opérateur USA Networks , trois parcs d'attraction et une activité de vins et de spiritueux qui a vocation à être cédée. Vivendi apporte de son coté ses actifs dans les télécommunications mobiles et fixes, dans l'édition avec Havas, dans les jeux vidéos avec Havas Interactive et dans internet au travers de VivendiNet et de Vizzavi, le portail multiaccès à internet créé avec Vodafone . Le pôle environnement du groupe doit être introduit en Bourse début juillet. Enfin, Canal+ dépose ses activités internationales dans la télévision à péage, dans la production cinématographique et audiovisuelle via ses 82% de StudioCanal et ses diversifications dans les technologies et internet. Vivendi Universal aura son siège à Paris et sera présidé par Jean-Marie Messier. Edgar Bronfman, héritier de la famille fondatrice de Seagram, sera vice-président en charge de la musique et d'internet. Pierre Lescure, actuel président de Canal+, et Eric Licoys, président d'Havas, seront directeurs exécutifs.
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