Le CAC 40 pourrait se donner des airs de " Nouvelle économie "

L'indice phare de la Bourse de Paris se teinte de plus en plus de " high-tech ". Depuis le début de l'année, les plus fortes hausses du CAC 40 sont toutes ou presque le fait de valeurs dont l'activité est liée à l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Les médias en tête avec Canal Plus (+90%) et Lagardère (+78%), suivis ensuite par STMicroelectronics et les valeurs liées à la téléphonie mobile, Vivendi, Bouygues, Alcatel, France Telecom et Equant. Résultat de cet engouement pour les NTIC, actuellement, près de 40% de la capitalisation du CAC 40 est à connotation technologique. Et ce mouvement risque fort de s'accentuer. Le Conseil scientifique des indices de la Bourse de Paris a annoncé vendredi dernier que six entreprises seraient désormais éligible au CAC 40, parmi lesquelles TF1, Sagem, Altran et Dassault Système. Certains gérants ont déjà anticipé ces entrées dans la cour des grands, et ce mercredi, les valeurs précédemment citées faisaient toutes parties des plus fortes hausses du règlement mensuel. Car la gestion indicielle ne fait qu'amplifier le mouvement : les gérants de Sicav devant " coller " aux indices, ils se positionnent dès maintenant sur les possibles entrées. A titre d'exemple, l'action Canal Plus grimpe de nouveau de près de 10% mercredi après l'annonce de son entrée dans l'Eurostoxx 50, à la place de l'Allemand Mannesmann. Mais le risque de surpondérer à ce point les valeurs technologiques dans les indices - gestion indicielle aidant -, est que certaines valeurs soient complètement délaissées par les investisseurs. Le fabricant de stylos, Bic, en a fait l'an dernier la cruelle expérience, en laissant sa place en juillet à Equant. Entre le mois de juin 1999, date à laquelle les rumeurs de sorties du titre du CAC 40 se sont faites jour, et début décembre, le cours de l'action s'est effondré de plus de 30%.L'an passé, les opérateurs ont " oublié " Danone et Suez-Lyonnaise. En 2000, les nouveaux " oubliés " sont Michelin, Valeo, Legrand ou Lafarge, malgré des fondamentaux qu'aucun analyste ne se risquerait à dénigrer. Ces valeurs font d'ailleurs partie des plus faibles capitalisations boursières du CAC 40. Il s'agit d'un cercle vicieux : ces dernières, qui n'intéressent plus les gérants en raison d'une croissance de leur activité inférieure à celles des entreprises présentes dans les NTIC, plongent et risquent aujourd'hui de sortir de l'indice, ce qui accélérerait leur chute. Et le CAC 40 ne refléterait alors plus l'ensemble de la cote, ni l'économie française. Pourtant, " regardez ce qui s'est passé aux Etats-Unis ", déclare un gérant. Le fabricant de pneumatiques Goodyear, le pétrolier Chevron et le chimiste Union Carbide ont été remplacés dans l'indice Dow Jones par Microsoft, Intel et SBC Communication pour justement, mieux prendre en compte l'influence des nouvelles technologies sur l'économie. En France, la banque JP Morgan estimait en décembre dernier que le gain de croissance du PIB lié aux NTIC pourrait atteindre 0,5 à 0,8% du PIB. " Les nouvelles technologies créent de plus en plus d'emplois, remarque ce même gérant. Qui peut prédire leur poids dans l'économie d'ici cinq ans ? " L'importance de la téléphonie mobile - la France comte plus de 20 millions d'abonnés -, les dépenses en matériel informatique des ménages, et les investissements des entreprises dans les réseaux - 20% de leurs dépenses en investissement en 1999 selon Morgan Stanley -, se doivent alors d'être pris en compte dans un indice. Au risque d'évincer les industries traditionnelles.
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