Alcatel : Les investisseurs sanctionnent le rachat de Newbridge

L'euphorie des investisseurs a fait long feu. Un moment franchement optimistes - l'action Alcatel gagnant 3,8% quelques minutes après l'ouverture de la Bourse de Paris -, les marchés ont très vite renoué avec leurs doutes sur cette opération, le titre de l'équipementier français repassant dans le rouge après 11 heures, pour terminer la séance en baisse de 8,63% à 217 euros. Une semaine auparavant, avant que la rumeur de l'intérêt d'Alcatel pour Newbridge ne se précise, le titre se négociait autour des 270 euros.Certes certains analystes sont franchement optimistes, Aurel-Leven soulignant ainsi qu'en " termes de stratégie et de développement, cette opération est très positive pour Alcatel qui, en complétant son portefeuille de produits et en renforçant sa présence en Amérique du Nord, va pouvoir rivaliser avec Lucent, Cisco et Nortel ", mais d'autres sont plus circonspects. Pas tant à cause de l'opération en elle-même que ses conséquences financières. Car des " interrogations demeurent ", selon le responsable d'un bureau d'analyse parisien. Première d'entre elles, la crainte d'une dilution du bénéfice par action d'Alcatel entraînée par l'acquisition de Newbridge, qui explique d'ailleurs la baisse du titre aujourd'hui et la chute d'environ 10% au cours de la semaine passée. Toutefois, ces peurs n'ont pas lieu d'être : la capitalisation boursière d'Alcatel sera augmentée de 17,6% car des titres seront créés afin de financer l'opération. 0,81 ADS Alcatel (titre cotés à New-York) sont échangeables contre une action Newbridge, cotée au NYSE, ce qui valorise le Canadien à 7,1 milliards de dollars, soit 39 dollars par action, mais l'opération aura un impact positif "légèrement positif" en 2000, assure Alcatel. En 2001, le bénéfice par action sera augmenté de 4%, précise le groupe. La direction d'Alcatel estime les synergies entre son activité et celle de sa cible à 230 millions de dollars d'ici 2002, issues d'économies d'échelle, dans les dépenses de recherche et développement et le marketing. Le bénéfice opérationnel d'Alcatel devrait donc augmenter de 160 millions de dollars en 2000 - dont 50 millions de dollars de synergies - et de 430 millions de dollars en 2001 - comprenant 150 millions de dollars d'économie. Autre interrogation, celle-ci concerne l'activité de Newbridge, spécialisé dans l'ATM, technologie qui permet d'accroître les capacités des réseaux. Si le Canadien détient une part de marché de 23%, celle-ci s'effrite au profit des concurrents Nortel, Lucent et Cisco. Ce qui amené Newbridge à posséder " un historique de profit warning ", selon le responsable d'un bureau d'analyse. L'entreprise, qu'Alcatel paie 40 fois son bénéfice d'exploitation - un ratio raisonnable au regard des autres opérations comparables effectuées dans le secteur - a connu une année 1999 difficile. Au troisième trimestre de son exercice 1999/2000 (novembre-janvier), le groupe a réalisé des ventes records, mais aussi de lourdes pertes. Le chiffre d'affaires a atteint 521 millions de dollars canadiens (353 millions d'euros), mais Newbridge a enregistré simultanément une lourde perte, de 315 millions de dollars canadiens (214 millions d'euros), alors qu'il était bénéficiaire de 120 millions de dollars canadiens (81,5 millions d'euros) un an plus tôt. Sur neuf mois, le groupe a perdu 3,2 millions d'euros. Une déception pour les analystes, qui a poussé Newbridge à un plan de restructuration qui prévoit suppression d'emplois et focaliser l'entreprise sur les efforts de recherche et développement. C'est donc une société en pleine mutation que rachète Alcatel. Le plus dur reste probablement à faire pour le Français.
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