"En baissant ses taux jeudi, la BCE ternirait sa crédibilité"

Latribune.fr - Qu'attendez-vous de la réunion de la Banque centrale européenne dès jeudi ?Marie-Pierre Ripert - Nous parions sur une poursuite du statu quo même si nous évaluons la probabilité de voir la BCE baisser les taux d'intérêt à 30%. Réduire les taux dès jeudi, ce serait agir trop rapidement alors que les premiers discours favorables à une baisse des taux ne remontent qu'à la semaine dernière. En agissant aussi vite, la BCE ternirait sa crédibilité et ce mouvement pourrait même être interprété par certains comme un signe de panique. Dans ce contexte, où le ralentissement économique américain accroît les incertitudes quant à la croissance de la zone euro, quelle est votre anticipation sur l'attitude de la BCE?Que l'on agisse jeudi ou lors de la prochaine réunion de la BCE, le 11 avril, ne changera pas grand chose pour la croissance de la zone euro. Certes, les meilleures nouvelles en provenance des Etats-Unis et la stabilisation des marchés boursiers permettent à la BCE d'attendre. Néanmoins, les conséquences du ralentissement économique américain de ces derniers mois vont avoir un impact en Europe avec une contribution négative des exportations. La BCE devra donc assouplir sa politique. Notre scénario est bâti autour d'une baisse de 50 points de base dans les trois mois qui viennent. De toutes façons, l'impact sur l'économie réelle d'une baisse des taux sera assez limité. La croissance dans la zone euro dépendra surtout de l'évolution des taux longs. Il ne faudrait pas qu'ils remontent trop rapidement. Aujourd'hui, nous estimons que la croissance du PIB de la zone euro en 2001 devrait osciller autour de 2,7%. Comment analysez-vous le revirement de la BCE, qui, il y a encore quinze jours, ne voyait pas d'urgence à baisser ses taux ?Jusqu'à il y a quelques jours, la Banque centrale européenne jugeait le risque inflationniste prédominant dans la zone euro. Les statistiques du mois de mars ont montré une certaine décélération des prix. Même si le retour de l'inflation sous les 2%, objectif que s'est fixé la BCE, ne sera pas effectif avant quelques mois, la Banque estime aujourd'hui que le risque sur la croissance a pris le dessus. De plus, la situation en Allemagne suscite des inquiétudes que la BCE doit prendre en compte. La première économie de la zone euro souffre de ne pas pouvoir compter sur un socle de demande intérieure très solide. Il faut ajouter cependant que si aujourd'hui le risque sur les prix semble moins préoccupant, à moyen terme il pourrait ressurgir, notamment à l'horizon 2002 avec une inflation par les salaires. Propos recueillis par Anne EVENO
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